5G, le navire qui tarde à arriver…
Annoncée chaque année, la 5G est devenue un véritable secret de polichinelle. Challenge est allé auprès de l’écosystème Tech pour comprendre les contours de ce grand dossier.
Le Maroc, depuis quelques années, a décidé de faire de la digitalisation un des piliers central de son développement et un atout majeur dans l’amélioration de sa gouvernance. Selon une étude du CESE. Et le projet d’une nation digitale réussi peut faire économiser au Maroc environ 718 millions d’heures de travail par an, soit 1% du PIB ! Et aujourd’hui dans cette dynamique de transition numérique, la technologie du Haut débit se positionne comme l’ultime sésame pouvant ouvrir au Maroc la voie vers une société où l’équité numérique est une réalité.
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A ce jour, l’écosystème d’abonnés avoisine juste 330.000 connexions, soit un taux de pénétration du haut débit de 3,9%, selon l’ANRT, ce qui demeure très minime comparativement à des pays similaires (Tunisie 7%, Algérie 7,7% et Egypte 5,4%). Pour le spécialiste de la transformation numérique qui a requis l’anonymat, «la 5G aujourd’hui se positionne comme un véritable outil de démocratisation numérique qui peut réduire la fracture numérique». Et selon une étude de l’équipementier Ericsson parue en 2022, le Maroc figure parmi les 15 marchés émergents ayant des avantages économiques, sociaux et environnementaux de la connectivité 5G. Le Royaume fait également partie des pays africains qui sont appelés à émerger dans ce domaine avec un effet de levier de 15 milliards de DH sur l’industrie et l’agriculture. Plus loin, Ericsson affirme que les abonnements 5G dans la région MENA devraient atteindre 270 millions d’ici la fin de 2028.
En attendant, le lancement de la 5G au Maroc n’est pas encore une réalité. Qu’est-ce qui bloque? D’après une source anonyme, l’un des enjeux est aujourd’hui la question de la mutualisation des efforts à la lumière des véritables coûts d’investissements. «Dans certains pays, on a une mutualisation d’équipements et une entité tiers qui joue le rôle de régulateur», précise l’expert.
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De son côté, l’expert en Télécom Khalid Ziani est quant à lui revenu sur les enjeux télécom qu’implique une probable organisation du prochain mondial par le Maroc (faisant du trio). «Au cas où la candidature du Maroc pour l’organisation du Mondial 2030 est retenue, l’économie du pays devra en tirer tous les bénéfices directs et indirects. Mais s’il y a un secteur qui devrait servir de carburant et de vecteur de connectivité mondiale à cette grosse machine, c’est bel et bien celui des télécoms. En effet, les télécoms en particulier et l’IT en général, devraient bénéficier de retombées directes et indirectes illimitées. Sauf que les pré-requis techniques de l’organisation d’un tel événement, d’envergure internationale, supposent l’accélération dès cette année d’une série de chantiers structurants», nous confie Ziani. Et d’ajouter : «Parmi ces chantiers, l’attribution aux opérateurs des licences 5G dès 2024». Notons d’ailleurs que le Mondial du Qatar qui a connu un franc succès, avait consacré pas moins de 20 milliards de dollars pour mettre en place les infrastructures télécoms. «Les télécoms sont un maillon fort. Pour relever le défi du mondial, le Maroc n’a pas d’autre choix que d’accélérer le chantier de la 5G et des infrastructures télécoms», alerte Ziani.
Dans le même sens, le président de l’Ausim, Hicham Chiguer, nous confie que la 5G fera ses apparitions au Maroc courant 2024. Et de préciser que «les acteurs souhaitent rentabiliser sur la 4G avant de se lancer dans la 5G. C’est ce qui a joué dans la balance concernant le lancement en 2023».
5G, des investissements vertigineux
Selon une étude de la GSMA, association qui représente les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile. Les opérateurs mobiles devraient investir 1100 milliards de dollars dans le monde entre 2020 et 2025, dont environ 80% seront consacrés aux réseaux 5G. Cette technologie apportera 2.200 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2034, avec l’émergence de cas d’utilisation majeurs pour les véhicules autonomes, notamment.
Quel véritable enjeu ?
Pour le président de l’Ausim, la 5G aura un véritable effet levier sur l’émergence de l’industrie 4.0. Pour Chakib Achour, directeur de la stratégie commerciale marketing de Huawei «le Maroc pourrait être le premier à lancer cette technologie sur le continent». Et d’ajouter : «La 5G est la base de l’industrie 4.0». Selon une étude du groupe français Orange, la 5G va offrir un débit jusqu’à 10 fois plus rapide que la 4G, en faisant passer le temps de téléchargement d’un film en haute définition de 1h40 à 20 minutes. Pour l’internaute, cela signifie un accès plus rapide à des contenus audiovisuels en haute définition, ainsi qu’aux jeux en «streaming», un marché en pleine explosion. Mais plus que la vitesse, c’est la possibilité de faire circuler en masse des milliards de données, sans engorgement, qui fait la différence majeure avec les réseaux mobiles précédents. La 5G est fréquemment présentée comme la technologie de «l’internet des objets», un monde dans lequel des équipements connectés à internet pourront «dialoguer» entre eux sans intervention humaine.
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Côté économique, les enjeux ne semblent pas trop bling bling. C’est du moins ce que nous a confié un acteur de l’écosystème télécom qui a voulu rester sous couvert de l’anonymat. «Nous avons à faire dans ce chantier à des investissements colossaux pour une rentabilité hypothétique du fait de la faible valeur ajoutée», explique notre source. Et d’ajouter :« Il n’y a pas pour le moment d’application qui justifie l’utilisation de la 5 G pour la grande masse des usagers ».