Marché de la nutrition animale. De belles opportunités à saisir…
Fortement dépendant des importations de produits agricoles dans la production d’aliments composés pour les animaux et la volaille, le Maroc gagnerait à investir davantage dans la production de ces composants pour réduire sa facture céréalière et être plus résilient à l’inflation et aux crises conjoncturelles.
C’est un secret de polichinelle. Le Maroc est un grand importateur de céréales essentielles dans la fabrication d’aliments composés destinés à la volaille et au bétail. Des produits principalement importés des Etats-Unis, d’Argentine, deux pays qui détiennent 95% de parts de marché pour le soja, et respectivement 32% et environ 55% pour le maïs. Des céréales qui représentent pas moins de 80% des aliments composés. En 2021, les ingrédients d’aliments pour animaux ont représenté plus de 60% des importations totales du Maroc en provenance de Washington. Bien évidemment, en cas d’inflation ou de chocs exogènes, cela se répercute négativement sur les fabricants marocains, comme ce fut le cas entre 2020 et 2021, épicentre du Covid-19. D’où la nécessité d’investir sur la production locale.
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Pour permettre au Maroc d’être moins dépendant aux importations, des entreprises marocaines prévoient d’intensifier les investissements dans le secteur de la nutrition animale. C’est le cas du groupe OCP. Il a annoncé, en septembre 2022, un accord avec le producteur espagnol d’engrais Fertinagro Biotech, pour l’acquisition initiale de 50% de sa filiale GlobalFeed.
Important investissement du groupe OCP
D’après le leader mondial des produits phosphatés, « il est nécessaire de se pencher sur les choix alimentaires de la population, qui s’orientent de plus en plus vers la viande et les produits à plus forte teneur en protéines, en particulier dans les pays émergents». Pour Marouane Ameziane, Managing Director Specialty Products and Solutions du leader mondial des produits phosphatés, «cette acquisition confirme l’objectif d’OCP de se diversifier dans les phosphates et de devenir un acteur leader dans le secteur de l’alimentation animale, en répondant à la demande croissante et en élargissant ses offres avec des produits durables de spécialité et customisés ». Ce choix n’est pas fortuit. GlobalFeed, un des spécialistes de la nutrition animale, dispose d’unités de production situées à Huelva, en Espagne, d’une capacité de 200.000 tonnes pour les produits à base de phosphates et 30.000 tonnes pour les produits à base de sulfate de fer. Sans oublier son large réseau de commerce à l’international.
Cette importante prise de participation de la multinationale marocaine devrait inspirer d’autres entreprises marocaines à investir dans ce secteur. Certaines d’entre elles, comme Sofalim, filiale du groupe Abdelmoula, semblent emprunter la même direction. Elle a lancé l’année dernière la construction de sa deuxième usine de fabrication d’aliments composés à Berrechid. Des produits destinés principalement aux ruminants et aux chevaux.
Hausse de la consommation de viandes au Maroc
En juin 2022, un des leaders du marché marocain Zalar Holding, avait annoncé un investissement de 41 millions de dollars du conglomérat japonais Mitsui, qui permettait à ce dernier de renforcer ses parts dans le tour de table de l’entreprise marocaine qui revendique une production annuelle de 960.000 tonnes. Une enveloppe qui lui permettra d’accélérer son développement national et international, particulièrement en Afrique de l’Ouest, au Sénégal et en Mauritanie.
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Il faut savoir que les perspectives de l’alimentation animale sont prometteuses au Maroc, notamment grâce à la hausse de la consommation de viande observée ces dernières années dans le Royaume. D’après le célèbre portail spécialisé dans les statistiques mondiales dans différents domaines Statista, les dépenses annuelles de consommation en viandes par habitant au Maroc sont passées de 92,9 dollars en 2014 à plus de 110 dollars en 2023. D’après la FAO, la consommation moyenne des viandes rouges avait connu une évolution importante en atteignant près de 17,2 kg/habitant/an en 2019, devant l’Algérie (14,4 kg), et la Tunisie (environ 6kg par habitant). En clair, une niche à exploiter.
Croissance du marché mondial de la nutrition animale
Difficile d’avoir les chiffres du marché mondial de la nutrition animale. Mais d’après le centre de recherche Mordor Intelligence basé en Inde, le marché mondial des aliments pour bétail devrait enregistrer un taux de croissance annuel de 3,2% entre 2022 et 2027. « L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit une augmentation de 1,7% de la demande de produits bovins d’ici 2050, la demande de produits laitiers devant augmenter de 55% et celle de bœufs de 70%. La demande croissante de lait et de produits laitiers dans les pays en développement stimulera le marché mondial durant cette période », souligne-t-il.