Abdelaziz Alaoui, président du Conseil d’administration de la Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine (CMIM), revient dans cette interview sur les enjeux de la santé au travail, les problèmes que rencontrent les salariés et les recommandations pour faire face à cette situation. Détails.

Challenge : Vous venez d’organiser la 10ème édition de la journée santé au travail, quelles sont les nouveautés traitées à l’occasion de cette nouvelle édition ?

Abdelaziz Alaoui : Comme vous le savez, notre 9ème édition a été organisée en décembre 2019. Et après la pandémie de la Covid, nous avons attendu trois ans avant d’organiser la 10ème édition. Cette absence de trois années pouvait être réduite, si ce n’est notre volonté de donner à notre 10ème édition une ampleur encore plus grande que celle de ses précédentes. Ampleur qui nous a été dictée par les leçons de la Covid-19 et surtout par les grands chantiers engagés par le Maroc, sous les hautes instructions de notre Auguste Roi, que Dieu le glorifie, en matière de système de santé globale et de la protection sociale. La 10ème édition emboîte le pas à cette mouvance et dynamique que vit le Maroc, mais pas que, car elle s’inscrit dans une vision plus élargie que les précédentes éditions. En effet, les éditions passées étaient plus centrées sur les entreprises marocaines, avec une forte présence de nos entreprises adhérentes. Cette année nous avons élargi notre cible et notre audience, au-delà de la CMIM, et même au-delà du Maroc, pour englober l’Afrique, dans un esprit de coopération Sud-Sud.

Challenge : Vous avez fait référence à la réduction des risques en entreprise, quelles sont vos recommandations justement pour ce faire ?

A.A : Bien que le risque soit inhérent à la vie, en général, et en entreprise, en particulier, nous gagnons tous à anticiper sur ces risques, en les définissant , les réduisant. Il convient d’établir une communication ouverte où toutes les parties prenantes, employés et employeurs, sont au même degré d’informations sur les risques encourus. C’est la base même de la gestion de risques en entreprise.

D’autre part, durant cette 10ème édition, nous avons tous collaboré, intervenants et participants à éditer une liste, non exhaustive de recommandations, que nous pouvons évoquer comme suit : en premier lieu, la mise en place d’un arsenal juridique plus adapté à la réalité du travail, ensuite la création d’un centre de médecine de travail et d’un observatoire des risques en milieu de travail : mutualisation des services de santé au travail. Aussi, la sensibilisation, formation et suivi des risques psychosociaux en entreprise : un gain qui dépasse largement l’investissement engagé. Sur un autre volet, fédérer les synergies médicales, juridiques et économiques pour apporter des réponses rapides et efficaces à la Santé au travail et anticiper, par la mise en place d’une gestion des risques en amont, avec un suivi et une amélioration continue. 

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Nous recommandons aussi de mettre en place un dispositif de Santé au Travail dans l’Administration publique, d’appréhender la Santé au travail de manière holistique, en lien avec son environnement, avec les conditions de travail et avec la médecine de ville, de promouvoir une culture de sport pour maintenir un bon niveau de santé au travail et de dynamique sociale et enfin, de rétablir la Médecine de Santé au travail dans sa mission et sa légitimité de base.

Challenge : Comment est-ce que la réduction des risques peut être un levier de performance et de santé au travail ?

A.A : Son rôle est crucial, et pour plusieurs raisons. En identifiant et en réduisant les risques sur le lieu de travail, on peut prévenir les blessures, les maladies professionnelles et les problèmes de santé liés au travail. Des conditions de travail sûres et saines favorisent le bien-être des employés, réduisent les absences. Ainsi, les employés sont en mesure de travailler de manière plus efficace et efficiente tout en assurant la continuité de l’activité, sans interruption. D’autre part, réduire les risques c’est aussi œuvrer pour la réduction des coûts liés à la maladie et/ou à l’absence. Ce qui est un gain supplémentaire pour l’entreprise. Enfin, n’oublions pas qu’un employé s’engage plus quand il se sent en sécurité, et son rendement ne saurait remettre en question sa loyauté, et donc moins de turnover à gérer pour l’entreprise.

En résumé, la réduction des risques au travail contribue à la santé, à la sécurité et au bien-être des employés, ce qui se traduit par une meilleure performance organisationnelle. Cela permet également de créer un environnement de travail positif, d’améliorer l’engagement des employés et de respecter les exigences légales.

Challenge : La CMIM a toujours mis un point d’honneur à défendre les intérêts des employés. Quelles sont justement les autres actions mises en place pour défendre au mieux les intérêts des employés en pratique ?

A.A : En mutuelle paritaire et privée, unique en son genre au Maroc, nous ne pouvons ignorer la prise en compte des besoins de nos salariés. De même, il nous est impossible de rester inactifs face aux mouvances et aux exigences du monde du travail, et de nos employés.

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A cet effet, en dehors de la journée de santé au travail, nos équipes du top et middle management ont toutes été formées au Risk Management, qu’elles pratiquent au quotidien au niveau de leurs unités respectives et surtout qu’elles mettent en commun, pour constituer un référentiel d’événements et de risques, mis à jour régulièrement, pour être au plus près de notre réalité.

De plus, nous préservons une culture d’entreprise, qui, non seulement se base sur nos valeurs de solidarité, de démocratie et de transparence, mais surtout favorise une communication interne très fluide et transversale. Nos salariés jouissent de cette culture que nous tenons à préserver et que nous améliorons quotidiennement.

Enfin, nous militons pour une Gestion du Capital humain optimale, par la formation, la sensibilisation et l’ouverture d’espaces d’échanges et de partage, intra-CMIM ou avec des entreprises adhérentes. A titre d’exemple, nous avons mis en place un comité de vigilance Covid-19 pour accompagner la pandémie et nous avons pris des mesures d’accompagnement individuel pour soutenir nos employés. Notre médecine du travail a été le pilier de ces actions qu’elle a menées en coordination avec les différents services de la CMIM.

Challenge : Plusieurs partenaires de renommée vous accompagnent chaque année. Quel est votre secret ?

A.A : Honnêtement, nous ne détenons ni secret ni recette magique. Le mérite de la présence forte de nos partenaires leur revient entièrement. Nous proposons des thématiques, des voix et des objectifs, qu’ils étudient, affinent et nous font un retour. Nous travaillons toujours dans la transparence la plus totale avec nos partenaires, et c’est leur engagement et leur dévouement qui font la réussite de la journée de la Santé au Travail. La CMIM a le privilège et l’honneur de collaborer avec des partenaires aussi prestigieux, et qu’ils trouvent tous ici un signe de reconnaissance et de considération, de ma part personnelle, et de la part de toute la CMIM.

Challenge : Les projets de la CMIM pour les années à venir ?

A.A : Nous comptons continuer à offrir toujours le meilleur à nos assurés, qui restent au cœur de notre projet d’entreprise. Et c’est ainsi que nous avons lancé trois projets où l’échange, la fiabilité et l’efficacité sont de rigueur sans rien lâcher de la confiance que nous accordent nos adhérents, mais aussi le marché qui nous cite en précurseur en bien des points.

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Ainsi, nous lançons bientôt notre nouveau site Web et notre application mobile, dans le seul but de rapprocher encore plus la CMIM de ses adhérents et leur accorder toute la transparence nécessaire pour les rassurer sur le sort de leurs demandes, de leurs démarches et aussi de leurs prestations. Au-delà de la transparence et de la confiance, il est une question très pratique qui réduira les temps de réponse tout en limitant les coûts pour la CMIM et pour les assurés. En leur offrant la possibilité d’interagir directement et plus amplement avec nous, nos adhérents évitent des déplacements longs et souvent très coûteux. De plus, pour nous, ces échanges constituent un excellent levier d’amélioration de nos services et d’accès à des niveaux d’excellence.

Le troisième projet est celui du CRM (progiciel permettant la gestion de notre relation avec l’entreprise adhérente, ses salariés assurés et les prestataires de soins) qui, de par son ergonomie et ses avantages, améliore la transversalité de nos échanges. Il permet aussi de mieux appréhender les attentes et les besoins de nos adhérents, ce qui donne encore plus de sens à notre mission : être là pour nos assurés dans les moments les plus fébriles. 

Son parcours 
Diplômé de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Rabat en 1975 et de l’école des Hautes études de Management de Casablanca en 1993. Abdelaziz Alaoui, a exercé en tant que journaliste à l’agence marocaine de presse (MAP) avant de rejoindre une grande banque marocaine.
Président du Conseil d’Administration de la Caisse Mutualiste Interprofessionnelle Marocaine (CMIM). Il est aussi, membre du Conseil d’Administration de l’Agence Nationale de l’Assurance Maladie (ANAM) et membre de la commission de régulation de l’ACAPS. 
Sur le plan international, il est membre actif du conseil d’administration de l’Association Internationale de la Mutualité (AIM) dont il était le vice-président chargé des pays non européens (2009), puis, Vice-Président chargé de la région Afrique et moyen Orient (depuis 2014). Il est aussi membre du conseil d’orientation du CRAPS, et Président de la commission de la Protection Sociale au sein de la Chambre africaine de Commerce et de Service (CACS).

Son actu 
La CMIM a organisé la 10^ème édition de la Journée Santé au travail, sous le thème «Réduction des Risques en entreprise : Levier de performance et de Santé au travail». Lors de cette journée, l’accent a été mis sur l’importance de la réduction des risques en entreprise à travers la mise en place de mesures préventives en amont.