BAM prône plus d’adaptabilité et de crédibilité des politiques publiques
Au lendemain de la fête du trône, S.M. le Roi a reçu au palais royal de Tétouan le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui a présenté au Souverain le rapport annuel de la banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2022.
Dans son allocution devant le souverain, le Wali a donné un aperçu sur la situation économique du pays durant l’exercice 2022, avant de décliner, dans une seconde partie, son point de vue sur les grandes orientations économiques nationales. Il a indiqué que l’économie nationale a été affectée par un contexte mondial difficile et incertain qui fut aggravé par l’une des sécheresses les plus sévères des quatre dernières décennies. Ainsi, après le rebond exceptionnel de 8% en 2021, la croissance s’est limitée à 1,3%.
La valeur ajoutée agricole s’est contractée de 12,9% et la progression de celle des secteurs non agricoles a décéléré à 3%. L’activité a reculé notamment dans la construction et dans les industries extractives, et a fortement ralenti dans les industries de transformation. En revanche, la levée des restrictions sanitaires a été particulièrement bénéfique à certains services, en particulier le tourisme qui a enregistré une amélioration notable.
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Concernant l’inflation, le Wali a précisé que le Maroc, à l’instar des autres pays, n’a pas été épargné par la forte montée des pressions inflationnistes. En effet, le taux d’inflation est passé de 1,5% en moyenne au cours des 20 dernières années, à 6,6% en 2022, son plus haut niveau depuis 1992. Face à une telle situation, la banque centrale a procédé au resserrement de sa politique monétaire pour favoriser le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Elle a ainsi relevé son taux directeur pour s’établir à 2,5% à la fin de l’année. En parallèle, elle a veillé à assurer un financement adéquat de l’économie et a continué de satisfaire l’intégralité des demandes de liquidités exprimées par les banques.
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Après avoir passé en revue l’évolution des autres composantes de l’économie marocaine en 2022, le Wali de Bank Al Maghrib a évoqué l’environnement externe défavorable et incertain dans lequel l’économie nationale va devoir évoluer. En effet, la fragmentation géopolitique, la montée du souverainisme économique, la récurrence des phénomènes climatiques extrêmes et l’accentuation du stress hydrique, tous ces bouleversements présagent des défis importants auxquels le Maroc doit faire face durant les années à venir.
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Ce contexte impose une vigilance extrême, car le Maroc mène, depuis de nombreuses années, un agenda de réformes des plus ambitieux et un portefeuille de projets d’infrastructures économiques et sociales des plus consistants. L’effort de réforme devrait, certes, se poursuivre et s’accélérer, mais le contexte exige un suivi plus étroit, une évaluation régulière et une communication claire pour renforcer l’adhésion de la population et des opérateurs économiques. L’objectif essentiel est de rehausser l’adaptabilité, l’agilité et la crédibilité des politiques publiques, et in fine, la résilience de l’économie dans un environnement international fortement incertain.