Enseignement

Education. Une locomotive toujours en difficulté

C’est bientôt la rentrée scolaire. Un moment qui impacte toute la société dans son rythme, dans les priorités des ménages, dans ses équilibres (…). L’éducation-formation et la recherche scientifique constituent incontestablement la 1ère locomotive du développement au Maroc. Et pourtant cette locomotive peine à trouver son chemin pour mieux contribuer à une dynamique de transformation sociétale.

Faire de la croissance économique une croissance inclusive. Entrer par la grande porte dans le développement humain et durable, c’est-à-dire un développement respectueux des valeurs humaines universelles et des équilibres éco-systémiques de la nature. Tel devrait être la finalité des politiques publiques dans un «État mature» où la démocratie, première source de force et de puissance, ne fait pas peur. Passer du quantitatif au qualitatif. C’est possible. La clé principale est dans la volonté politique portée par des luttes sociales. Chakib Benmoussa a présidé la Commission nationale sur le nouveau modèle de développement. Il est aujourd’hui face à une réalité complexe et à de multiples résistances. Politiquement, le dossier de réforme du système d’éducation a, depuis longtemps, été considéré comme la «patate chaude» que se lance un gouvernement à un autre. Pourtant, c’est un dossier stratégique bien au-dessus des calculs politiciens étroits et conjoncturels.

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À travers toutes les expériences récentes réussies en matière de développement, et notamment dans les pays asiatiques, il est évident que le moteur principal du développement a été la priorité accordée à l’éducation et à la recherche scientifique. Au Maroc, le système d’éducation, mis en place après l’indépendance, a été construit principalement sur une école publique de qualité, socialement mixte, et où l’enseignant avait un statut «quasi-sacré». L’école publique  a ainsi pu assurer une relative égalité des chances, former des générations de cadres compétents, dans tous les domaines, et fonctionner comme un «ascenseur social». Or, aujourd’hui, cet ascenseur est en panne. Pire, il a tendance à fonctionner inversement. Depuis les années 1980, avec l’application des plans d’ajustement structurel (PAS), l’école publique a connu un «processus de clochardisation», ouvrant ainsi la voie à un système d’enseignement à plusieurs vitesses.

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Dans les grandes villes, la plupart des écoles primaires publiques, et de plus en plus les collèges et lycées publics, ont été appauvris, voire fermés, pour céder la place à des établissements scolaires privés, assoiffés de gains et encouragés par une dévalorisation systématique du secteur public. Que dire  des petites villes lointaines et des campagnes, où les conditions sont souvent favorables à l’abandon scolaire, surtout pour les filles ? Comment sortir de cette situation de crise structurelle ? Comment réhabiliter l’école publique et en faire un fer-de-lance en matière de lutte contre les inégalités structurelles et de développement humain ?

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Le dialogue actuellement engagé entre, d’une part le ministère de l’Éducation, du préscolaire et des Sports, et d’autre part les syndicats représentatifs et la Coordination des «enseignants-cadres», illustre bien cette situation. S’il y a un secteur stratégique qui mérite une priorité budgétaire pour assurer une meilleure stabilité morale et matérielle, indispensable au corps enseignant, pour contribuer à l’émergence d’un environnement positif et favorable à l’éducation et à la formation, ce secteur n’est autre que celui de l’éducation au sens le plus noble et le plus large du terme. C’est là un principe qui devrait faire l’unanimité nationale à l’instar de l’intégrité territoriale du Royaume. Réhabiliter l’école publique, c’est aussi réhabiliter l’enseignant, acteur central et décisif dans le devenir du système d’éducation, et dans la restauration de la confiance et de l’espoir, sans lesquels l’Etat social serait une coquille vide.  

 
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