Bank Al-Maghrib va-t-elle procéder à une nouvelle hausse du taux directeur ?
A la veille du dernier conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib de l’année prévu mardi 19 décembre, les pronostics vont bon train sur l’orientation de la décision de la banque centrale. Si pour les précédents conseils tenus cette année, les avis étaient partagés sur la nécessité d’une hausse du taux directeur, pour la prochaine réunion, le scénario d’une nouvelle « pause » dans le cycle de resserrement de la politique monétaire semble être le plus probable, s’accordent à dire les analystes.
Le mardi 19 décembre, la Banque centrale doit déterminer si elle procède à une nouvelle hausse des taux d’intérêt. La conjoncture morose et l’inflation persistante pourraient-elle faire pencher la balance en faveur d’un nouveau relèvement ?
En tout cas, en Europe et aux Etats-Unis, dans le contexte actuel où l’inflation commence à s’estomper, les « banques des banques » que sont la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve Fédérale américaine (FED) persistent dans leur décision de maintenir les taux directeurs actuels, une posture de prudence qui, bien que louable dans son essence, soulève des inquiétudes quant à son impact sur les finances publiques et les économies nationales, se prêtant ainsi à un jeu d’équilibre délicat entre la maîtrise de l’inflation et la relance de l’économie.
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Au Maroc, cette même posture des grandes banques semble être la direction prochaine dans la politique monétaire de Bank Al Maghrib (BAM), d’après les récentes analyses d’Attijari Global Research (AGR), qui a mis en évidence un consensus « quasi-unanime » des investisseurs financiers pour une stabilité du taux directeur. Ainsi, l’enquête menée auprès de 35 investisseurs, considérés parmi les plus influents du marché financier marocain, révèle que 96% d’entre eux prévoient un maintien du taux directeur de BAM, tandis que seulement 3% envisagent une diminution de 25 points de base, soulignant ainsi une tendance dominante vers la stabilité dans les anticipations des acteurs du marché.
De leur côté, les analystes de BMCE Capital Global Research, dans une note d’analyse (« Flash Strategy ») publiée cette semaine, estiment également que BAM pourrait bien emboiter le pas à ses homologues des banques centrales, notamment la BCE.
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En effet, la filiale du Groupe BMCE Capital dédiée à la Recherche et à l’Analyse financière, note une amélioration des finances publiques marquées par un allégement du déficit budgétaire ; une quasi-stabilité des conditions de financements de l’économie (crédit bancaire) ; ainsi qu’une hausse des taux primaires engendrant un renchérissement des conditions de financement du Trésor.
Dans ce contexte, et compte tenu de la poursuite du trend inflationniste depuis son dernier Conseil, «la Banque Centrale devrait poursuivre le resserrement de sa politique monétaire même si au demeurant l’impact de la révision du taux directeur de fin septembre sur les niveaux de prix n’est pour le moment ni visible ni évaluable pour le moment», indique le département recherche de la banque d’affaires casablancaise. De même, ajoute ce dernier, et afin d’éviter la dépréciation du dirham face aux principales devises du panier, «BAM pourrait être amené à suivre le ton faucon des banques homologues notamment la BCE».
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Cela étant, poursuit la même source, et au vu de l’origine majoritairement importée de l’inflation nationale et du délai d’action nécessaire à une politique monétaire pour agir sur l’économie réelle, «les premiers signes d’atténuation des prix ne devraient pas faire leur apparition avant plusieurs mois, ce qui pourrait amener la Banque centrale à maintenir un statu quo». Et de conclure : BAM devrait ainsi trancher entre «une optique de prudence avec statu quo du taux directeur» et la «poursuite d’une politique monétaire restrictive via une hausse de +25 pbs et ce, afin de parvenir à infléchir l’orientation haussière des prix et à cibler une inflation à +2% en 2023».
Pour rappel, à l’issue de sa précédente réunion trimestrielle, le mardi 26 septembre dernier, le conseil de Bank Al-Maghrib avait décidé de maintenir le taux directeur à 3%.