Paiement mobile

Paiement Mobile. Le Cash prédomine toujours

Le cash se trouve toujours en pole position des moyens de paiement les plus utilisés. Malgré toutes les mesures prises pour développer le paiement mobile, le cash résiste et est même toujours le moyen le plus privilégié auprès des commerçants et des clients. Explications.

Malgré tous les efforts consentis pour le développement du paiement mobile, c’est le cash qui demeure le moyen de paiement le plus utilisé auprès des commerçants. D’ailleurs, un récent rapport de Bank Al Maghrib a fait ressortir que « l’usage du paiement mobile n’est pas à la hauteur des attentes ». Un constat largement partagé par Karim Zaitouni, PDG de du groupe Sispay qui explique pour sa part, que « le cash reste le moyen de paiement le plus utilisé dans le monde. Pourtant, les moyens de paiement électronique connaissent un développement sans précédent ».

En effet, en 2023, « il représente dans le monde encore 80 % des transactions en volume et 60 % en valeur », souligne l’expert. Même les pays les plus développés subissent l’impact du Cash.
Karim Zaitouni explique cette prédominance par le fait que le cash est un moyen de paiement simple et facile à utiliser et qu’il passe intuitivement d’une main à une autre, sans préalable et sans conditions. Le cash est également accessible à tous, les bancarisés et les non bancarisés qui ne disposent pas d’un compte bancaire ou d’une carte de crédit. Aussi, le cash est un moyen de paiement anonyme. Les transactions en cash ne laissent pas de trace, ce qui peut être un avantage pour certaines personnes et enfin, le cash est un moyen de paiement sûr. Il est difficile de falsifier des billets de banque ou des pièces de monnaie.

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Toujours selon le PDG de Sispay, les facteurs suivants contribuent à la prédominance du cash. En effet, la nécessité d’un KYC (Know Your Customer) fort pour utiliser l’argent électronique représente un élément de blocage physique, surtout dans certains pays qui se basent pour le faire sur les identifiants en papier et la signature manuelle. Aussi, la traçabilité liée à l’argent électronique qui représente un facteur de blocage psychologique. Mais pas seulement. L’Expert met aussi en avant l’absence d’infrastructures de paiement électroniques. Dans de nombreux pays, les infrastructures de paiement électroniques sont encore insuffisantes et la lourdeur administrative et financière imposées aux entreprises Fintech jeunes et innovantes pour être des acteurs légitimes dans l’écosystème. Aussi, les coûts associés aux paiements électroniques. En effet, les paiements électroniques peuvent être coûteux surtout pour les commerçants contre presque un coût Zéro pour le CASH, notamment en raison des frais de transactions. Et enfin, les habitudes des consommateurs. Les consommateurs sont souvent attachés au cash et préfèrent l’utiliser pour des raisons de sécurité, de commodité ou d’anonymat.

En conclusion, il y a des paramètres qui bloquent et ralentissent le changement et le passage du Cash à l’argent électronique. D’un côté, c’est l’Etat qui prend en charge la production du Cash et sa gestion. Les banques gagnent au passage (Dépôt, retrait, etc…) à gérer cet argent pour les bancarisés, mais les non bancarisés passent sous les radars et ne paient aucun frais de gestion. De l’autre côté, l’argent électronique est géré par les banques et leur génèrent plus de bénéfices. Non seulement pour la gestion des comptes, mais pour chaque paiement effectué. Des paiements pour lesquels elles font très peu d’investissement sur les infrastructures de paiement (car pris en charge aussi par d’autres acteurs de l’écosystème). Le retour sur investissement (ROI) est très important et non justifié.

Karim Zaitouni explique à cet effet, que « l’Etat gagne en traçabilité, ce qui lui génère plus de recettes avec les taxes chez les mêmes commerçants qui paient aux banques des taxes sur chaque paiement. En fin de compte durant la transition du Cash vers un système de paiement électronique, l’Etat est gagnant, les banques super gagnantes, le client paie dans tous les cas, et le commerçant est super perdant ».
Les moteurs de ce changement sont les clients et les commerçants, qui n’ont dans ce système aucun intérêt, encouragement ou motivation financière pour basculer vers le nouveau système. « Le système de paiement électronique est considéré comme une solution Fintech. De ce fait, les acteurs du système doivent payer pour en bénéficier. Alors que la vérité est autre » précise l’Expert. Les moyens de paiement sont comme leur nom l’indique, des moyens pour échanger et acheter des biens et services et ne doivent être en aucun cas payants ou lourds économiquement par rapport à leur utilisation.

Les commerçants et les clients ne paient pas aujourd’hui des frais pour acheter avec le CASH des biens et des services, ils ne sont même pas obligés de donner leur nom ni l’heure à laquelle ils utilisent leur argent. « C’est ce qui rend et rendra le CASH si attractif, tant qu’un moyen de paiement électronique réel n’est pas proposé », souligne Zaitouni. Tant que la traçabilité et l’identification sont étroitement liées au paiement électronique, on n’aura jamais un système utilisant 100% le paiement électronique.
Sur un autre volet, l’Expert tient à souligner que ce n’est pas parce qu’une solution digitale est présente qu’elle sera forcément utilisée par tous. Et même si elle l’est aujourd’hui, rien ne garantit qu’elle le restera fidèlement par la suite.

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Les risques liés aux moyens de paiement électroniques sont importants. Les moyens de paiement électroniques peuvent être vulnérables aux cyberattaques. En 2023, il y a eu plus de 1,5 milliard de cyberattaques visant des moyens de paiement électroniques. En cas de fraude sur l’utilisateur non avisé qui paie les pertes ? « Souvent, le consommateur se retrouve perdant dans des situations de fraude qu’il soit en faute ou pas », affirme l’Expert. S’il est en faute, il paie le plein tarif et dans les autres cas il paie des frais ou une attente interminable et des lourdeurs administratives financières interminables. « L’utilisation du paiement électronique s’améliorera au Maroc et sera accélérée fortement si les acteurs les plus importants de cet écosystème mettent en place ensemble des réponses concrètes, efficaces et fiables à ces questions », conclut le PDG de Sispay.

La montée en puissance des moyens de paiement électroniques
Malgré la prédominance du cash, les moyens de paiement électroniques sont en croissance. A titre d’information, en 2023, le commerce électronique représentait 25 % des ventes au détail dans le monde. De plus, les infrastructures de paiement électroniques se développent dans de nombreux pays. En 2023, il y avait 1,7 milliard de points de vente équipés de terminaux de paiement électroniques dans le monde.
Sur un autre volet, certains gouvernements encouragent l’utilisation des moyens de paiement électroniques, notamment en raison de la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent. Par exemple, la Chine a mis en place un système de paiement mobile obligatoire pour les transactions de plus de 200 yuans (environ 25 euros).
En France par exemple, la part des paiements par carte bancaire est passée de 40 % en 2000 à 60 % en 2023. Aux États-Unis, les paiements par portefeuilles électroniques, tels qu’Apple Pay ou Google Pay, sont en forte croissance. En 2023, ils représentaient plus de 20 % des transactions. « Il est certain que le digital va nous rattraper et rattrapera tout le monde. Mais à quelle couverture et à quelle vitesse? », souligne Karim Zaitouni.

 
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