Chasse au trésor de l’Aïd Al Adha : trouvez un mouton abordable et remportez le jackpot
La diminution de l’offre en ovins et caprins pour l’Aïd Al Adha 2024, conjuguée à l’augmentation des coûts de production, va vraisemblablement entraîner une flambée des prix, posant ainsi un défi économique pour de nombreux foyers marocain.
Alors que se profile l’Aïd Al Adha 2024, les annonces officielles sur l’offre prévisionnelle en ovins et caprins destinés à l’abattage soulèvent déjà de vives inquiétudes quant à l’envolée potentielle des prix. Avec seulement 3 millions de têtes annoncées pour 2024, contre 5,1 millions en 2023 et près de 8 millions en 2022, le déficit d’approvisionnement risque de peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages.
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Selon Saâd Raissi, ancien importateur de céréales et membre de la Commission nationale sur l’agriculture, « le recours aux aliments composés industriels » à base de céréales fourragères comme le maïs « a causé cette envolée des prix ». En effet, la guerre en Ukraine a entraîné une flambée des cours mondiaux de ces matières premières, répercutée sur les coûts de production des éleveurs.
« Le kilo d’aliment de bétail qui fluctuait entre 3 DH et 3,50 DH est passé à une fourchette de 4,20 DH à 4,50 DH », explique Raissi. Une augmentation qui s’est également traduite par une hausse vertigineuse des prix des pailles et fourrages. Conséquence directe, les éleveurs n’ont d’autre choix que de répercuter ces surcoûts sur les prix de vente des bêtes destinées à l’Aïd.
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L’Association nationale ovine et caprine (ANOC), abonde dans ce sens : « Cette progression (des prix) ne pourrait en aucun cas compenser les charges supportées, qui ont nettement augmenté dans une fourchette comprise entre 60 et 100% selon les produits. »
Face à cette situation préoccupante, le gouvernement a tenté d’agir en subventionnant l’importation de 600 000 têtes. Mais comme le souligne Raissi, « le consommateur marocain boude ces moutons qu’il pense ne pas être éligibles au sacrifice et dont il n’apprécie pas le goût ». Une mesure qui risque donc de se révéler insuffisante pour contenir la hausse.
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Selon un analyste, « dans ces conditions, il faut s’attendre à une moyenne des prix dépassant 4 000 DH/tête », contre des niveaux historiquement compris entre 1 200 et 2 500 DH. Une véritable douche froide pour de nombreux ménages marocains.
Pour Saâd Raissi, des solutions alternatives existent pourtant : « Si 200 000 têtes étaient introduites dans les marchés aux bestiaux en période d’acquisition pour l’Aïd par lots de 40 000 têtes par semaine à un prix convenu contre une subvention à définir, le marché se stabiliserait à ce niveau ». Une proposition plus efficace selon lui que l’importation, et qui préserverait les préférences des consommateurs.
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L’expert préconise également une réorientation des subventions étatiques vers le maïs fourrager, afin de « maintenir le prix des viandes rouges et blanches à leurs niveaux habituels ». Il appelle enfin à développer les importations de pailles et fourrages depuis les pays africains de la bande équatoriale, « avec une bonne ingénierie opérationnelle et financière ».
Au final, si des mesures énergiques ne sont pas prises rapidement, les répercussions de cette raréfaction de l’offre risquent d’être douloureuses pour de nombreux foyers marocains. Un constat amer à l’aune de la portée symbolique de cette fête religieuse censée célébrer la solidarité et le partage.