Business: les millions de la fitness mania
Sur les grandes artères de Casablanca, les affiches des salles de sport attirent l’attention. Zoom sur ce modèle économique en plein essor.
Casablanca, la grande métropole du Maroc, adopte jour après jour une apparence de plus en plus sportive, notamment en période de vacances. Entre les grandes affiches de coachs et les nombreuses salles de sport huppées qui fleurissent, l’économie du sport prend une place significative dans la ville.
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Yassine Bouzakhti, célèbre coach de « personal training » sur Instagram, fait partie de ces jeunes entrepreneurs qui ont réussi à se faire une place dans le business des salles de sport. Partageant son temps entre la salle de sport et le coaching personnalisé, Bouzakhti suit entre 10 et 20 personnes par mois, sans oublier ses séances de groupe. Ses clients, souvent des directeurs et chefs d’entreprises, préfèrent des entraînements personnalisés adaptés à leur emploi du temps chargé. Le coût d’une séance varie entre 150 et 300 DH.
Un secteur en croissance
Selon le site officiel des salles de sport (Club au Maroc.ma), on compte plus de 545 clubs et salles de fitness au Maroc, avec une concentration notable à Casablanca. City Club, leader du marché, continue d’étendre son réseau avec près d’une centaine de salles. Récemment, l’inauguration de l’UFC Gym Maroc a marqué un tournant en introduisant un centre dédié aux sports de combat et au fitness sous une franchise internationale.
Le secteur des salles de sport au Maroc offre des opportunités économiques considérables. Selon une étude de la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport (FMPS) en partenariat avec l’agence fédérale GIZ et le cabinet de conseil IN&Sport, en 2021, le secteur privé du sport représentait 1,16% du PIB. Qu’il s’agisse de boutiques physiques ou de commerce en ligne, la vente d’articles de sport génère 2,33 milliards de dirhams (210 millions d’euros).
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Plus de la moitié des Marocains affirment pratiquer une activité sportive régulièrement, selon un questionnaire du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ce dernier souligne l’importance croissante du sport dans la société marocaine. Le nombre d’emplois dans le secteur privé du sport est resté stable, voire en légère progression par rapport à 2019, dépassant la barre des 7300 emplois, avec un taux moyen de 24% de femmes employées dans le secteur.
Un CA de 600 millions !
Selon la FMPS, le segment des clubs et salles de sport se distingue particulièrement, avec un chiffre d’affaires de 604,4 millions de DH, marquant une croissance impressionnante de 25% par rapport à 2021. Toujours selon la fédération, les salles de sport, grâce à leur présence étendue sur le territoire, se classent deuxièmes en matière d’emplois générés, avec 25%. Aujourd’hui, le constat est que la plupart des personnes qui ouvrent une salle de sport ont déjà une expérience dans le domaine du sport. Ce sont en général des anciens sportifs, des coachs ou des entraîneurs qui décident d’ouvrir des salles de sport au profit des personnes qui en ont besoin.
En termes de coûts d’investissement, une petite salle de sport peut nécessiter jusqu’à 500 000 DH. Il faut noter qu’il y a plus de 545 clubs et salles de fitness au Maroc, selon le site officiel des salles de sport (Club au Maroc.ma). En termes de prix de prestation sur le marché, les tarifs oscillent entre 200 DH et 400 DH par mois. Contrairement au tarif mensuel que l’on observe le plus sur le marché, des acteurs comme City Club misent sur une offre d’abonnement annuel de 1225 DH (offre promotionnelle sur le long terme), soit 103 DH par mois. Entre payer 100 DH par mois et payer 300 DH, le choix est vite fait pour les amoureux du sport. Aujourd’hui, comme dans bon nombre de pays occidentaux, les Marocains des grandes villes telles que Casablanca ou Rabat ont fait des salles de sport ce troisième lieu pour sortir de la dimension sociale travail-maison.
L’ovni City club
Dans une société de pression de toutes sortes, les offres de troisième lieu émergent de toutes parts. Depuis quelques années, la marque qui a mis en avant cette théorie est Starbucks : créer un espace où les hommes et les femmes, en gros les travailleurs, pourront oublier leur réalité et évacuer leur stress. Au Maroc, la marque de salle de sport City Club l’a très bien compris. Avec ses couleurs joviales et son style atypique qui met en avant le concept sport et plaisir, le groupe a séduit bon nombre de citadins ces dernières années. Des clients à la recherche d’un troisième lieu ont vu dans ces salles de sport une lucarne pour échapper à la monotonie.
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En huit ans d’existence, le groupe a lancé plusieurs investissements pour soutenir son expansion. Cela a été possible grâce à son bras armé financier, Spartan Investments. Dans les détails, le fonds d’investissement américain Spartan Investments détient 35% du capital de City Club pour un montant variant entre 200 et 300 millions de DH. Rappelons que l’ambition du groupe est de permettre l’accès à la pratique du sport à plus de 1,5 million de jeunes Marocains. Dans les années à venir, il envisage de doubler ses actifs avec l’ouverture de 150 clubs supplémentaires.
Un soutien gouvernemental
En 2022, le budget du ministère marocain des Sports s’élevait à 2 milliards de dirhams. Cette allocation budgétaire vise à soutenir le développement des infrastructures sportives et à renforcer la diplomatie sportive du Maroc. Pour étendre son influence, le pays mise sur la qualité de ses infrastructures – stades, hôtels, transports, communications – afin de s’imposer comme un acteur incontournable sur le continent africain.
Le marché des salles de sport à Casablanca est en plein essor, soutenu par une demande locale croissante et des initiatives publiques et privées convergentes. Ce secteur dynamique, porté par des entrepreneurs innovants et des infrastructures en expansion, joue un rôle clé dans l’économie locale et nationale.