Sahara marocain

Le Sahara marocain n’est pas une charogne

Difficile de parler en toute objectivité et en toute lucidité d’un « évènement » récent, d’un « moment chaud », où priment joie, émotion et sentiments, car ce « moment/évènement » est tellement entaché d’artifices, pouvant cacher beaucoup plus un calcul réaliste et opportuniste qu’une adhésion de principe à une simple vérité la plus élémentaire.

C’est avec recul, au moment où se dissipent les artifices, qu’il est possible de mieux observer froidement cette réalité tant déformée. La France vient de faire un « grand pas » dans cette affaire dite du Sahara Occidental. Elle reconnait officiellement que la proposition du Maroc d’autonomie régionale du Sahara, dans le cadre de la souveraineté du Royaume, est l’unique solution politique à ce conflit artificiellement prolongé. Mieux vaut tard que jamais. Autrefois, l’Eglise chrétienne n’avait pas voulu reconnaitre que la planète Terre était ronde et qu’elle tournait autour d’elle-même, avant d’opérer le tour solaire. Ce n’était pas une simple question de vérité ou de mensonge. Cette vérité là, qui dérangeait mais qui s’imposa par la force du temps, n’était tout simplement pas conforme à une vision et à des intérêts du moment.

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L’Espagne qui a été, dans le passé, l’une des premières puissances coloniales dans le monde, avec notamment le Portugal, son voisin, bousculés tous deux, plus tard, par le Royaume Uni de Grande Bretagne, a bien compris cette force de la vérité qui progresse dans le temps, bien que de manière discontinue, voire parfois réversible. Pourtant, la réalité historique du processus des formations sociales en Afrique n’est pas si difficile à décrypter pour mieux comprendre l’injustice (et le coût exorbitant de cette injustice) dont a été victime le Maroc, depuis 1975,  pendant presque un demi siècle. La « Conférence de Berlin » de 1885, appelée aussi « Conférence de l’Afrique de l’Ouest », qui s’ouvrit en fait un 15 novembre 1884, réunissant plusieurs puissances coloniales à cette époque, est la principale base explicative des séquelles coloniales liées au traçage des frontières, après les déclarations d’indépendance. C’est une Conférence qui consacra officiellement le partage colonial du monde et en particulier de l’Afrique entre une poignée d’ « Etats civilisateurs ». Cette Conférence exprime aussi les rapports de force dominants à cette époque. La grosse partie du « gâteau colonial » en Afrique du Nord devait revenir à l’« Empire français ». L’Espagne aussi avait eu sa part. Un peu plus à l’est, l’Italie recevait les territoires Libyens. Le cas du « Royaume chérifien » ou « Empire chérifien » avait été traité de manière assez originale. La France déjà présente en Algérie depuis 1830, devait s‘étendre à l’est, en Tunisie, et à l’ouest, au Maroc. Mais, pour calmer le vieux colonialisme espagnol, il fallait lui consentir quelques « morceaux » du Maroc, une partie au nord où l’Espagne était déjà présente à travers les « présides », et au sud, au Sahara, pas loin des « Iles Canaries ». A la différence des autres régions en Afrique du Nord, la résistance armée ne s’est jamais éteinte dans l’ensemble du territoire marocain, même après la défaite d’Abdekrim El Khattabi, qui fut encerclé par les armées les plus puissantes au monde et où furent expérimentées les premières armes chimiques de destruction massive. Au nord et au sud, et dans les montagnes de l’Atlas, la géographie favorisait la constitution des poches de résistance armée, souvent sous forme de guérilla. Les armées de libération nationale (ALN) vont commencer à se structurer et à coordonner leurs actions surtout pendant les années 1950. Ce fut aussi un début de radicalisation des processus de lutte anticoloniale. Une partie importante de ces ALN opta pour la continuité, même après la déclaration d’indépendance du Maroc, en 1956.

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L’Opération Ecouvillon, en 1958, où l’ALN au sud fut encerclée et massacrée par les armées franco-espagnoles, illustre bien cette réalité historique qui mérite d’être creusée, mieux historicisée et connue par les nouvelles générations, surtout en Afrique du Nord. France et Espagne détiennent des montagnes d’archives parlant de cette réalité. Les frontières de l’Etat-Nation marocain ne sont point le fruit du hasard ou d’un découpage postcolonial artificiel, à l’issue d’une décolonisation arrachée ou négociée. Les contours frontaliers ont été et demeurent l’expression d’une volonté collective de vivre en paix et de construire ensemble un avenir parmi d’autres nations. C’est dans ce processus que le peuple marocain s’est regroupé pour forger un destin commun qui tire sa force d’une unité dans la diversité, sans jamais tomber dans le piège du chauvinisme, faisant ainsi toujours le premier pas pour exprimer la volonté de construction d’une nouvelle réalité unissant l’ensemble des peuples de l’Afrique du Nord/Maghreb. Le dernier rapport du Secrétaire Général de l’ONU s’inscrit d’ailleurs pleinement dans cette optique en prônant une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, pour dépasser définitivement la situation d’« impasse ».  Et tenter d’aller plus loin en réalisant l’un des rêves les plus chers des mouvements de libération nationale en Afrique du Nord/Maghreb, tout en coupant l’herbe aux multiples charognards qui rôdent tout autour.  

 
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