Agriculture

Pourquoi les dernières précipitations sont une bénédiction pour les zones oasiennes

Les précipitations importantes que connaissent les régions du sud du Maroc, bien qu’elles provoquent des inondations dramatiques causant des pertes humaines et des dégâts matériels, apportent heureusement avec elles un espoir considérable pour les agriculteurs et éleveurs des oasis.

Ces pluies, tant attendues, permettent de relâcher la pression sur ces territoires désertiques. Malgré leur violence, elles sont perçues comme une bénédiction dans des régions où l’eau est une ressource vitale, cruciale pour les activités agricoles qui façonnent la vie locale.

Ces précipitations jouent également un rôle stratégique dans l’économie locale. L’agriculture étant au cœur de l’activité des oasis, la gestion de l’eau conditionne la viabilité de ces terres et le bien-être des populations. Les inondations peuvent, certes, endommager temporairement les infrastructures, mais elles apportent surtout une recharge essentielle des ressources hydriques, indispensables pour l’irrigation.

La sécheresse et le besoin de revitalisation des terres

Ces régions, longtemps frappées par une sécheresse chronique, voient, en effet, dans ces pluies l’occasion de revitaliser leurs terres et de reconstituer les nappes phréatiques. Depuis plusieurs années, la raréfaction de l’eau a freiné la production agricole, mettant en péril les cultures vivrières et pastorales. Les cycles de sécheresse, parfois longs de plusieurs saisons, épuisent les sols et réduisent les rendements agricoles, menaçant la sécurité alimentaire des populations locales.

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La reconstitution des nappes phréatiques est ainsi perçue comme un enjeu majeur. Sans eau, les cultures ne peuvent prospérer, et les sols, déjà fragilisés, risquent de devenir infertiles. Les précipitations abondantes offrent un répit, mais elles doivent s’inscrire dans un cadre de gestion rationnelle pour garantir un bénéfice à long terme.

Le rôle des palmeraies dans l’économie locale

Les palmeraies du sud marocain sont un pilier pour les populations locales, fournissant non seulement des dattes, mais aussi des cultures maraîchères et fourragères. Le palmier-dattier, résistant à la sécheresse, assure une production durable de dattes, ressource clé de l’économie locale. Cependant, cette culture est également entourée d’autres types de plantations, comme les légumes et les cultures fourragères, qui, elles, nécessitent une irrigation régulière.

Ces cultures, plus sensibles au manque d’eau que les palmiers-dattiers, nécessitent un approvisionnement hydrique constant. Le moindre déséquilibre dans la gestion de l’eau peut avoir des conséquences dramatiques sur l’ensemble de l’agriculture locale. C’est pourquoi l’arrivée des pluies est vue comme une véritable opportunité pour rétablir un certain équilibre dans ces terres arides.

L’importance de l’approvisionnement des nappes phréatiques

Selon Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome, les récentes pluies sont donc une bénédiction pour cette région. « Les nappes phréatiques vont être approvisionnées, c’est toujours cela de gagné dans une région où les cultures ont constamment besoin d’irrigation pour vivre », explique-t-il. Les nappes phréatiques, qui sont la principale réserve d’eau dans ces régions, assurent un approvisionnement en eau constant pour les cultures. Leur reconstitution est primordiale pour maintenir l’activité agricole sur le long terme.

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Toutefois, ce renforcement des nappes phréatiques doit être suivi de près pour éviter qu’il ne soit ponctuel. Les ingénieurs et agriculteurs sont bien conscients que ces précipitations offrent un répit, mais ne constituent pas à elles seules une solution durable.

Une embellie météorologique à relativiser

Malgré cette embellie météorologique, Abdelmoumen Guennouni adopte un regard pragmatique sur la situation. Il met en garde contre l’illusion d’une solution durable : « Il faut espérer que ces précipitations permettront une bonne reconstitution des nappes phréatiques, car sur le long terme, ces régions continueront à endurer des périodes de sécheresse. » Cette mise en garde souligne que le problème climatique dans ces régions est structurel et persistant.

En effet, le climat aride et imprévisible reste une réalité structurelle dans ces zones, où les cycles de sécheresse reviennent inévitablement. La gestion des ressources en eau ne peut donc pas se limiter à attendre les précipitations, mais doit s’inscrire dans une stratégie à long terme visant à rendre ces zones plus résilientes face aux aléas climatiques.

L’impact social du climat sur les oasis

D’ailleurs, l’impact social structurant de ce climat difficile se fait déjà sentir dans ces oasis. Les jeunes, découragés par les conditions de vie difficiles et le manque d’opportunités économiques, quittent de plus en plus les villages pour s’installer en ville, laissant derrière eux une population vieillissante. Cet exode rural affaiblit considérablement l’activité agricole, qui repose pourtant sur la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée et abondante.

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Abdelmoumen Guennouni, qui observe ce phénomène, explique que « lorsque les palmiers-dattiers commencent la pollinisation et qu’il s’avère nécessaire d’élaguer, il devient difficile de trouver des jeunes pour grimper aux arbres et faire le travail. » Le manque de main-d’œuvre, autrefois abondante, met en péril certaines activités agricoles essentielles. Cette migration vers les villes est donc un autre facteur de fragilité pour les oasis.

La gestion des sols et des ressources hydriques

Par ailleurs, le sol de ces régions, principalement sableux et très drainant, ne retient pas longtemps l’eau. Même après des pluies abondantes, l’eau s’infiltre rapidement, et le sol retrouve vite ses caractéristiques arides. Ce qu’il faut donc espérer, c’est que ces précipitations puissent reconstituer les réserves d’eau souterraines et qu’une gestion plus rationnelle de cette ressource soit mise en place pour éviter les gaspillages.

L’optimisme est toutefois de mise, d’autant que des projets agricoles ont vu le jour dans ces régions, avec des fermes où oliviers et palmiers-dattiers sont plantés côte à côte. Ces exploitations devraient pouvoir prospérer grâce à un accès régulier à l’eau d’irrigation, assurant ainsi un apport en eau constant pour les deux types de cultures.

Une gestion rationnelle des ressources hydriques

D’où l’enjeu, dans ces oasis, d’une gestion rationnelle des ressources hydriques, dit en substance notre interlocuteur, qui estime que les nappes phréatiques doivent être utilisées avec précaution pour éviter une nouvelle dégradation des sols. De plus, les techniques d’irrigation modernes, comme le goutte-à-goutte, peuvent assurer une utilisation optimale de l’eau disponible.

 
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