Economie

Le grand retour du coffre-fort

Depuis la crise financière de 2008, les coffres-forts n’ont jamais été autant mis sous les projecteurs. Au Maroc, ils sont silencieusement revenus à la mode. Pour le président de l’AUSIM, cela renforce l’utilisation du cash mais, plus encore, cela soulève la question de la crise de confiance vis-à-vis des banques.

Sur LinkedIn, nombreux sont les clients de certaines banques qui expriment leur frustration au sujet des services bancaires. De façon discrète, l’ère des coffres-forts semble refaire surface. Si nous analysons les chiffres, cette année, le volume d’argent liquide en circulation a connu une envolée spectaculaire au Maroc. En mai dernier, la circulation fiduciaire a atteint 371,8 milliards de dirhams, en progression annuelle de 12,2 %, selon les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib.

Une courbe ascendante qui n’a pas manqué d’interpeller le wali de la banque centrale, qui a à maintes reprises tiré la sonnette d’alarme. À ce jour, près de 400 milliards de dirhams circulent en dehors du circuit bancaire. Aujourd’hui, nous sommes en droit de nous demander où est stocké cet argent.

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Comme rappelé en prélude de notre article, il semble y avoir une véritable crise de confiance entre les acteurs bancaires et les citoyens. Pour ces derniers, le coffre-fort, bien que moins exposé, est devenu très tendance.

Une forme d’alternative

Pour la petite histoire, c’est en 2008 que les ventes de ce dispositif de protection ont connu un pic dans le monde, et même au Maroc, nous confie une source. Aujourd’hui, à la lumière du montant faramineux de cash en circulation, il est clair que ces fonds sont stockés dans les coffres-forts des ménages. Selon notre source, une grande partie des fonds est captée par l’informel. Pour le président de l’AUSIM, Hicham Chiguer, cette tendance démontre clairement les enjeux de cette résistance à l’utilisation des services bancaires. « Aujourd’hui, on a une population qui voit en ce dispositif une alternative. C’est une tendance qui illustre la crise de confiance dans le système bancaire. » Selon les derniers chiffres de l’Office des Changes, ce sont 13,3 millions de coffres-forts et armoires fortes en tôle qui ont été importés au Maroc en 2020.

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Contacté par Challenge, l’économiste Mehdi El Fakkir nous explique que ce phénomène est d’abord culturel. Il confirme que, depuis quelques années, les ménages optent de plus en plus pour ce modèle d’épargne traditionnel. Dans nos investigations, nous avons constaté qu’au marché Derb Omar, le prix des coffres-forts, en fonction de la taille, peut osciller entre 1 500 et 45 000 DH. Selon une autre de nos sources, qui nuance ce contexte, certains coffres-forts sont mis à disposition par les banques pour leur clientèle. Dans les détails, le locataire signe un contrat avec sa banque, qui s’engage à mettre à sa disposition un coffre pour une période déterminée. La plupart des dépôts concernent : argent, documents et bijoux. Pour rappel, la location d’un compartiment de coffre est annuelle et les tarifs, selon notre source, vont de 250 à 2 000 DH, en fonction de la dimension du coffre.

 
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