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Interview avec Yves Derai, co-réalisateur du documentaire « Le parcours d’un roi – Le Maroc de Mohammed VI » [Vidéo]

Un documentaire de 52 minutes, réalisé par les journalistes Yves Derai et Michaël Darmon et intitulé « Le parcours d’un roi – Le Maroc de Mohammed VI », a été diffusé sur la chaîne publique française Public Sénat. Ce film retrace les 25 ans de règne du souverain à travers des images d’archives, des témoignages de personnalités marocaines et françaises, ainsi que les moments marquants de l’actualité du pays.

Intitulé « Le parcours d’un roi : Le Maroc de Mohammed VI », ce film de 52 minutes, réalisé par Michaël Darmon et Yves Derai, a été récompensé par le Prix du public au Festival de la fiction et du documentaire politique de La Baule (France). Évitant tout sensationnalisme souvent observé dans les médias occidentaux, ce documentaire adopte une approche objective et pédagogique. Sa diffusion intervient à un moment clé des relations franco-marocaines, actuellement refroidies sur le plan diplomatique, et juste avant la visite officielle du président Emmanuel Macron à Rabat, prévue fin octobre. Le film revient sur les événements majeurs des 25 années de règne du souverain et invite les téléspectateurs à découvrir la plus ancienne monarchie exécutive au monde. Le point de départ du documentaire est la mort du roi Hassan II et l’accession au trône de son fils en 1999. Challenge a rencontré Yves Derai, l’un des réalisateurs, pour comprendre, à travers la voix du narrateur, ce projet au-delà de la caméra.

Challenge. Le documentaire a eu un véritable succès. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Yves Derai. J’ai le sentiment qu’il y avait une attente du public pour un film comme celui-là, sans a priori, sur le Maroc et son roi. En France, nous avons eu le Prix du public au Festival du film politique de La Baule et, au Maroc, j’ai l’impression que nous avons une forte audience.

Pourquoi un film sur le Maroc ?

L’idée nous est venue, Michaël Darmon et moi-même, lors de l’assemblée annuelle du FMI à Marrakech, qui a eu lieu quelques semaines après le séisme de 2023. La résilience du pays, des Marocains, nous a impressionnés. Nous avons noué beaucoup de contacts pendant ce sommet. Et on s’est dit qu’il y avait quelque chose d’inédit à faire sur le Maroc de Mohammed VI, son ancrage en Afrique, son développement économique, etc.

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Comment prépare-t-on techniquement un tel projet (temps, heures de travail, équipe) ?

Vous voyez, depuis l’idée jusqu’à la fin du montage, nous avons travaillé un an sur le film. Il y a eu la période d’écriture, puis les discussions avec notre producteur, Alexandre Amiel, et la chaîne Public Sénat. Puis il a fallu convaincre les personnalités françaises et marocaines de témoigner. Et comme vous le savez, nous avons obtenu l’accord de figures importantes. Ensuite, il y a eu les tournages à Paris et au Maroc avec deux équipes différentes. Enfin, un mois de montage, mixage, etc. À l’arrivée, ce film a rencontré son public.

Quel est votre avis sur les réalisations du Maroc, sa trajectoire dans la région et sur la scène internationale ?

C’est assez impressionnant de voir comment le Maroc s’est imposé parmi les puissances africaines qui comptent sur la scène internationale. Il y a Tanger Med, qui fait partie des plus grands ports du monde, la construction automobile, devenue une activité très prospère, et bien sûr la banque. Et diplomatiquement, le Maroc a obtenu des succès retentissants, notamment sur la gestion du Sahara occidental. Il faudrait maintenant que l’État social, appelé de ses vœux par le roi, devienne une réalité, dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la formation.

Sur la base de votre expérience de journaliste politique, comment analysez-vous le leadership royal ?

C’est un leadership qui allie autorité et une certaine forme de diplomatie. On a constaté toute l’habileté du roi pendant la période où les islamistes du PJD étaient au pouvoir. Le roi a accepté la cohabitation afin de poursuivre les grands chantiers initiés. Après 10 ans, le PJD a été battu dans les urnes.

Dans votre documentaire, il est évident que le Maroc bouge, et même très vite. Pensez-vous que dans quelques décennies, il pourra rivaliser avec des destinations comme Dubaï ?

Au niveau touristique, le Maroc n’a sans doute pas accompli tout ce qu’il peut envisager. Dans le domaine du soft power, notamment via le football, il va bénéficier d’une exposition médiatique maximale avec la Coupe d’Afrique en 2025 et la Coupe du monde en 2030.

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Pensez-vous à faire d’autres projets sur le Maroc (documentaire) ?

Il est encore un peu tôt pour évoquer d’autres projets, nous savourons pour l’instant le succès de Le Parcours d’un roi. Mais c’est vrai que certaines thématiques du film nous ont passionnés. Par exemple, l’islam marocain, inclusif, ouvert… pourquoi ne pas creuser un jour le sujet ?

BIO
Yves Derai est un journaliste chevronné, issu de l’École supérieure de journalisme. Il est par ailleurs diplômé de Troisième Cycle du CEDS (Centre d’études diplomatiques et stratégiques). Après un début de carrière à Actualité juive en 1985, hebdomadaire dont il devient par la suite le rédacteur en chef, il rejoint en 1992 l’hebdomadaire Tribune juive, qu’il quitte en 1997, quelques mois après avoir été victime d’un attentat au colis piégé dont on ne retrouvera jamais l’auteur. Il devient alors directeur de la rédaction de BFM Radio jusqu’en 2001. Il anime sur cette antenne un débat politique hebdomadaire entre la journaliste du Point Sylvie Pierre-Brossolette et l’écrivain Philippe Sollers. Entre 2002 et 2005, il multiplie les collaborations : journaliste à TF1 au sein de l’équipe de À tort ou à raison, un talk-show animé par Bernard Tapie, grand reporter au Nouvel Économiste et responsable de la rubrique politique du magazine L’Optimum. En 2006, il fonde les éditions du Moment avec l’homme d’affaires Fabien Ouaki, où il publie ses propres livres, coécrits avec le journaliste de télévision Michaël Darmon.

 
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