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Digital : les enjeux du remaniement…

La stratégie Maroc digital, axée sur l’intelligence artificielle (IA), a suscité des attentes considérables. Après deux ans d’attente, il a été noté qu’elle était restée sur sa faim. L’IA, considérée par de nombreux experts comme un enjeu de puissance des prochaines décennies, soulève des interrogations quant à son impact sur la stratégie nationale.

Après une réorganisation qui a ciblé certains organismes publics, c’est au tour de certains ministères de changer de leadership. Dans cette nouvelle composition ministérielle, c’est bien entendu celui de la transition numérique qui a attiré notre attention. En effet, ces derniers jours, celui-ci a été au centre des projecteurs avec le lancement de sa stratégie phare, Maroc digital 2030. Attendue depuis près de deux ans, cette stratégie a été un véritable événement au sein de l’écosystème IT au Maroc. Rappelons que cette dernière a été lancée en marge de la grande messe du Gitex Africa, où le Maroc a construit l’ambition de devenir un véritable hub numérique en Afrique.

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Dans le bilan de l’ancienne ministre Ghita Mezzour, cette stratégie a beaucoup de poids. Entre autres, cette nouvelle feuille de route qui encadre les objectifs du Maroc dans le chantier du digital est 4e sur la liste. Pour une de nos sources qui nous avait contactés à ce sujet il y a quelques semaines, cette stratégie avait laissé ce dernier “sur sa faim”, nous avait-il expliqué. Dans l’un de nos papiers sur le sujet, nous avions démontré comment la stratégie, au-delà du contenu qui aborde les grandes questions du digital au Maroc, ne faisait pas état de l’aspect financier, ou du moins dans un ordre de grandeur relativement faible par rapport à d’autres pays. “Comparativement à d’autres pays, on est vraiment très loin”. C’est très faible, expliquait l’expert Khalid Ziani, expert en NTIC.

Aujourd’hui, au lendemain du remaniement stratégique, on est en droit de se poser des questions sur les raisons de ce changement. Rappelons que depuis quelques années, le Maroc a fait du digital une priorité de gouvernance. Ses ambitions dans ce chantier sont à la fois régionales et internationales. Contacté par Challenge pour comprendre cette actualité, le président de l’Apebi, Redouane Elhaloui, déclare : « C’est un changement qui a ses raisons, on n’est pas dans les petits papiers ou dans les coulisses pour savoir ce qui se passe dans la politique. Nous, on est dans le secteur privé, on est focus sur notre business. Ceci étant dit, on félicite la ministre Ghita Mezzour pour le travail accompli. C’est un travail de coconstruction entre le public et le privé ».

L’IA, un enjeu stratégique

Hier, la composition du nouveau gouvernement a enregistré l’entrée d’une chevronnée de l’IA. Deux mois avant sa nomination en tant que ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni accordait une interview exclusive à Jeune Afrique, où elle détaillait la stratégie du Maroc en matière d’intelligence artificielle (IA). Docteure (PhD) en informatique de l’université Pierre et Marie Curie, cette experte a forgé sa carrière en France, notamment au sein du prestigieux laboratoire LIP6 du CNRS-Sorbonne, où elle a consacré plus de trente ans à la modélisation du raisonnement et de l’intelligence collective.

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De retour au Maroc depuis 2020, cette femme de réseaux, très appréciée des chefs d’État (dont Emmanuel Macron) et des personnalités politiques, est à la tête aujourd’hui du ministère de la transition, où l’enjeu est l’application de la nouvelle feuille de route à la lumière des défis clés, notamment celui de l’IA, une discipline qu’elle maîtrise. Il faut d’ailleurs rappeler que l’IA est la discipline du moment. On se rappelle de la déclaration du président russe au sommet de Saint-Pétersbourg, qui disait, entre autres : « que le pays qui se surpasserait dans l’IA dominera le monde ». En France, par exemple, le gouvernement d’Emmanuel Macron a impulsé près de 2 milliards d’euros dans le chantier de l’IA.

Pour l’IMIS, le Maroc doit adopter un positionnement adapté à ses atouts et besoins pour tirer son épingle dans la concurrence internationale dans le secteur. Le versant de cette nomination, à la lumière de ce que représente l’IA pour les élites mondiales, y compris au Maroc, peut se comprendre. Notons que le Maroc se classe au 88e rang mondial dans le nouveau rapport sur l’indice gouvernemental de préparation à l’intelligence artificielle. Le rapport de MoroccoAI, « Recommandations towards a National AI strategy for Morocco », classe quant à lui le Maroc en 4e position sur son continent.

L’IA où ça se passe…

  • Selon une étude de BPI France, entre 2013 et 2022, les États-Unis, la Chine et la France ont respectivement investi 248,9 milliards, 95,1 milliards et 6,6 milliards de dollars dans cette technologie.
  • D’ici 2027, le monde comptera le chiffre impressionnant d’un demi-milliard d’utilisateurs de technologies liées à l’IA.
  • L’IA pourrait, d’ici 2030, contribuer à hauteur de 15 700 milliards de dollars à l’économie mondiale.
  • 500 millions d’utilisateurs à travers le monde d’ici à 2027.

 
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