Automobile

Xavier Martinet: «Consolider notre production au Maroc, c’est renforcer notre efficacité»

Au dernier Salon de l’automobile de Paris, la présentation du Bigster, le nouveau C-SUV signé Dacia, a suscité un vif intérêt de la part des visiteurs. Justement dans cette interview, Xavier Martinet, Directeur marketing, ventes et opérations de la marque Dacia, nous éclaire sur les choix stratégiques qui motivent l’expansion de la marque au-delà du segment B. Aussi, il s’agit pour lui de revenir sur l’engagement de Dacia dans la mobilité bas carbone et sur le rôle central du Maroc, tant sur le plan de la production que de la performance commerciale.

Challenge :Quelles sont les raisons qui ont poussé Dacia à élargir son offre au-delà du segment B et à se lancer sur le marché du C-SUV en Europe ?    

Xavier Martinet : Depuis 20 ans, Dacia s’est concentrée avec succès sur les voitures du segment B, avec des modèles comme la Logan, la Sandero et le Duster, qui ont fidélisé une grande partie de sa clientèle. Ainsi en Europe, Dacia affiche le taux de fidélité le plus élevé parmi les marques généralistes avec 68 % de clients renouvelant leur achat en optant pour les modèles de notre marque. Cependant, 32 % des clients quittent Dacia, souvent faute de modèle plus grand. Face à ce constat, nous avons évalué l’opportunité de diversifier notre offre et nous nous sommes tournés vers le segment C-SUV, le plus grand et le plus rentable en Europe, avec près de 2,8 millions de véhicules vendus par an. Au lieu de se lancer sur d’autres marchés, la marque a jugé plus pertinent de cibler ce segment en Europe, nécessitant toutefois des ajustements pour répondre aux attentes de la clientèle.

Depuis le lancement du concept Bigster en 2021, Dacia a mené de nombreuses recherches auprès de ses clients pour concevoir un modèle en parfaite adéquation avec leurs attentes. Ce travail s’est accompagné d’efforts pour renforcer l’image de marque de Dacia, importante pour les acheteurs de C-SUV. Ainsi, le Bigster sera proposé à un prix compétitif, avec une version d’attaque en essence en dessous de 25 000 euros et une version hybride sous la barre des 30 000 euros. Avec un modèle bien positionné en termes de design, d’habitabilité et de motorisations, nous ambitionnons de nous imposer sur le segment C-SUV en répondant aux exigences élevées de ce marché compétitif.

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Challenge :Avec l’accélération de l’électrification dans l’industrie automobile, où se positionne Dacia en termes de mobilité électrique ? 

X.M. : Il est important de rappeler que Dacia fait partie du groupe Renault. Sous l’impulsion de Lucas de Meo, un effort majeur a été mené pour clarifier le positionnement des marques du groupe. Depuis de nombreuses années, la marque Renault s’est résolument engagée dans le développement des véhicules électriques, tandis que Dacia se distingue par une mobilité bas-carbone abordable, incluant le GPL et l’hybride. Bien que notre marque propose déjà la Spring en tant que modèle électrique, la prochaine grande étape de notre électrification concernera la nouvelle Sandero, prévue vers 2028. Quoi qu’il en soit, Dacia continue d’offrir une mobilité bas-carbone, parfaitement adaptée en termes de prix et de pertinence pour ses clients.

Challenge :Comment percevez-vous l’évolution de l’industrie automobile marocaine sous l’impulsion du Groupe Renault et la performance commerciale de Dacia dans ce contexte ?

X.M. : Le Maroc est l’un des deux pays clés pour Dacia, avec des capacités installées de production supérieures à celles de la Roumanie, ce qui souligne son importance pour nous. Notre stratégie industrielle est renforcée avec le transfert de la production du Jogger de Roumanie au Maroc, permettant des synergies accrues avec la Logan et la Sandero fabriquées sur place. Cette consolidation de production nous rend plus efficaces et témoigne de l’engagement de Dacia envers le Maroc. L’ancrage du groupe dans le Royaume passe également par le développement de la localisation des fournisseurs. Renforcer l’approvisionnement local serait une excellente nouvelle pour Dacia et le groupe Renault, mais également pour l’économie marocaine, avec des créations d’emplois et un impact économique positif.

Nous sommes donc engagés à poursuivre cette stratégie de localisation autour de nos sites de Casablanca et de Tanger. Sur le plan commercial, Dacia est actuellement la première marque sur le marché marocain, suivi de Renault. Les marques du groupe occupent une place privilégiée auprès des consommateurs marocains. Du reste, nous souhaitons maintenir cette dynamique positive et notre leadership sur le marché.

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Challenge :Comment la stratégie d’impliquer Dacia en Rallye raid s’aligne-t-elle avec l’image de la marque ?

X.M. : Nous avons longuement travaillé pour définir ce qui caractérise Dacia, avec des marqueurs clairs, à savoir une marque à la fois essentielle et cool, robuste et tournée vers l’outdoor, tout en étant «eco-smart», c’est-à-dire économique et écologique. Cette vision guide chaque projet, chaque produit, et l’engagement de la marque, y compris notre implication en rallye-raid. Vous le savez, notre première participation dans la discipline s’est effectuée à l’occasion du Rallye du Maroc et s’est soldée par la victoire de Nasser Al Attiyah et Edouard Boulanger et par la deuxième place de Sébastien Loeb et Fabian Lurquin. Justement, ce genre de rallye symbolise parfaitement les valeurs de Dacia : il est «cool», exigeant en termes de robustesse, et aligne notre engagement écologique grâce aux carburants synthétiques, une technologie que nous testons également avec des flottes dédiées de véhicules Dacia.

Ce programme de rallye-raid n’aurait pas été lancé sans cette dimension écologique, car Dacia explore aussi les solutions alternatives aux véhicules électriques, comme les e-fuels, pour répondre aux défis futurs de manière durable. Notre engagement en rallye-raid est donc pleinement cohérent avec notre identité et renforcera l’image de la marque dans les années à venir. 

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Nouveau Bigster : Dacia entre en force dans le segment C-SUV
Le Bigster marque l’entrée de Dacia dans le segment C-SUV avec un design moderne et robuste, intégrant des finitions comme une carrosserie bi-ton et des jantes 19’’. À l’intérieur, il propose un écran central de 10,1’’, un tableau de bord numérique, une climatisation bizone, des sièges réglables électriquement, un toit ouvrant panoramique, et un système audio Arkamys 3D. Pratique et spacieux, il offre un coffre modulable, une banquette 40-20-40, des barres de toit adaptables, et un hayon motorisé, une première pour la marque. Côté motorisation, il est 100 % électrifié, avec une version diesel pour le marché marocain, et une version 4×4 pour les amateurs de tout-terrain.

Dacia dépasse le cap des 500 000 ventes en 2024
Dacia continue sa croissance mondiale avec 500 957 véhicules vendus au cours des neuf premiers mois de 2024, enregistrant une hausse de 1,5 % par rapport à l’année précédente. En Europe, avec 432 332 unités vendues (+2,2 %), la marque atteint la 9e place du marché des véhicules particuliers, confirmant son attrait auprès des clients particuliers. Elle connaît des hausses notables en Italie (+15,0 %) et en Espagne (+14,6 %), et se maintient 3e sur le marché français grâce aux nouveaux modèles, Duster et Spring. La Dacia Sandero, en hausse de 16,3 %, reste le véhicule le plus vendu en Europe. Au 3e trimestre 2024, les ventes ont légèrement baissé de 3,8 % (142 431 unités), en raison de la transition des modèles Spring et Duster. Toujours est-il que les perspectives restent positives avec une forte demande pour le nouveau Duster. S’agissant du Maroc, Dacia demeure le n°1 du marché automobile dans le segment des véhicules particuliers avec 26% de parts de marché et 28 519 véhicules vendus depuis le début de l’année. Soit une progression de 2,5 points de PDM et + 23,5% pour le volume par rapport à fin septembre 2023.

 
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