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Sortie de devises: Cette décision de Tebboune qui pénalisera encore plus les Algériens

La récente décision de limiter la sortie de devises à une fois par an et à 7 500 euros plonge l’Algérie dans une polémique nationale, avec des Algériens qui ont déjà imaginé leurs procédés de contournement.

Depuis le 21 novembre 2024, la Banque d’Algérie a instauré une mesure limitant la sortie de devises à une seule fois par an, plafonnée à 7 500 euros par citoyen. Promulguée sans préavis le 13 octobre 2024, cette disposition a été accueillie par une vague d’indignation. Pour beaucoup, elle symbolise l’un des nombreux actes impopulaires attribués au président Abdelmadjid Tebboune depuis son accession au pouvoir en 2019.

Les acquis de 2016 balayés d’un revers de main

La mesure a été perçue comme un « cadeau empoisonné » offert à un électorat qui ne s’est pas mobilisé pour soutenir sa réélection à un second mandat. « C’est, au contraire, lorsqu’ils prennent des mesures pour empêcher les choses d’arriver qu’elles arrivent le plus », ironise un ressortissant algérien en France, illustrant le sentiment général de méfiance envers les autorités.

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Avant cette réforme, tout citoyen algérien pouvait légalement transférer 7 500 euros à chaque voyage, à condition de fournir une attestation bancaire justifiant la provenance des fonds. Cette réglementation, instaurée en 2016, avait permis de légaliser le transfert de devises tout en renforçant la confiance dans les institutions bancaires locales. En replaçant la gestion des devises dans un cadre formel, cette mesure avait marqué un progrès significatif. Cependant, la nouvelle loi de 2024 annule ces acquis, ramenant les citoyens à une situation restrictive et rigide. « Les devises que Tebboune veut garder en Algérie, à cause de cette loi, vont commencer à sortir de plus belle du territoire », commente un observateur. Pour beaucoup, cette mesure constitue un net recul, tant sur le plan économique que sur celui de la confiance institutionnelle.

Les premières victimes de cette restriction sont les citoyens ayant des besoins spécifiques et réguliers de transfert de devises. Parmi eux, les patients nécessitant des traitements médicaux à l’étranger se retrouvent dans une situation critique. Les familles finançant les études de leurs enfants en Europe ou en Amérique et les commerçants qui s’approvisionnent fréquemment en Turquie ou en France sont également durement touchés. « Les malades, les parents d’étudiants, ou encore les commerçants qui travaillent à l’international sont laissés pour compte, sans solution réelle », souligne un entrepreneur algérien. Ces catégories voient leurs activités entravées et leur quotidien rendu encore plus complexe par cette réglementation.

Un marché parallèle paradoxalement dynamisé

Ironiquement, cette loi, censée réduire la fuite des devises, risque de dynamiser davantage le marché noir. « Cette décision va nourrir le marché parallèle, augmentant la demande de devises aux dépens de l’offre officielle », prédit Abdou Semmar, un Youtubeur algérien bien connu. Déjà, des cambistes en France rapportent que l’euro se négocie à 300 dinars algériens sur les plateformes informelles, un chiffre bien supérieur au taux officiel. En restreignant l’accès aux devises par les canaux légaux, la mesure crée un déséquilibre qui favorise l’émergence de circuits non réglementés.

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Face à ces restrictions, des solutions informelles se multiplient. Les cambistes organisés proposent des transferts de fonds moyennant des commissions élevées. Certains recourent aux « mulets », des individus ayant droit à leur dotation, transportant des devises en échange d’un voyage payé et d’une compensation financière. « Vous avez des cambistes qui ont des capitaux partout », explique un homme d’affaires algérien basé à Casablanca. « Il vous suffit de payer en dinars et vous récupérez instantanément votre argent en euros ou en dollars à Paris, Tokyo ou New York. » Ces alternatives montrent à quel point les Algériens s’adaptent rapidement à des lois qu’ils perçoivent comme inadaptées ou arbitraires.

L’effet domino sur l’économie et la société

Ces pratiques informelles ne sont pas sans conséquence. Les commerçants répercutent inévitablement le surcoût lié à ces contournements sur le consommateur final. « C’est toujours le consommateur qui finit par payer le prix des lois irresponsables », confie un étudiant en médecine à Toulouse. Cette dynamique exacerbe les inégalités et alourdit encore le fardeau des citoyens, déjà fragilisés par une inflation galopante et une baisse constante du pouvoir d’achat.

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En 2016, l’Algérie avait amorcé une approche proactive en ouvrant le marché des devises et en renforçant la transparence dans les transferts financiers. Cette initiative avait contribué à restaurer une certaine confiance dans le système bancaire. En réinstaurant des restrictions draconiennes, les autorités semblent ignorer ces leçons du passé. « C’est une décision dénuée de vision stratégique, prise sans concertation ni anticipation des effets pervers », déplore un analyste économique algérien. Pour de nombreux experts, cette mesure reflète une gestion à court terme, incapable d’appréhender les dynamiques économiques globales.

Quand les Algériens paient le prix des lois déconnectées

La réforme de 2024 soulève une question fondamentale : peut-elle réellement freiner la fuite des devises ? « Non seulement elle est inefficace, mais elle aggrave la situation en renforçant les circuits parallèles », affirme un économiste indépendant. Les citoyens, pris en étau entre des réglementations rigides et un marché noir prospère, en paient le prix fort. Les critiques convergent pour dénoncer une mesure déconnectée des réalités économiques et sociales du pays.

Cette mesure, bien qu’introduite pour endiguer la sortie des devises, semble produire l’effet inverse. Pour restaurer la confiance et assurer une stabilité économique durable, les autorités algériennes se trompent d’approche, au lieu de privilégier la transparence, l’inclusion et la concertation. En attendant, les Algériens continuent d’adopter des stratégies d’adaptation pour pallier les failles d’un système économique en crise.

 
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