Un ancien ministre algérien appelle les militaires à abandonner leur politique sur le Sahara marocain [Vidéo]
Noureddine Boukrouh, ancien ministre sous la présidence de feu Abdelaziz Bouteflika, a appelé, sur les réseaux sociaux, les militaires algériens à se départir de leur politique sur le Sahara marocain.
Dans un discours empreint de pragmatisme et de franchise, il appelle à une remise en question profonde des priorités nationales face aux mutations géopolitiques et économiques qui s’annoncent. Son analyse, centrée sur l’Algérie et ses défis, interpelle sur les transformations mondiales à venir, notamment dans le contexte de la réélection de Donald Trump.
Sans le citer une seule fois, le Maroc est pourtant omniprésent entre les mots de Noureddine Boukrouh, sur fond du conflit animé par l’Algérie autour du Sahara marocain. L’homme a évité, dans son discours, les évocations frontales pour ne pas subir le sort de Boualem Sansal.
L’Algérie face au bulldozer Trump
Pour Boukrouh, le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2025 marquera un tournant majeur dans l’ordre mondial. Qualifiant Trump de « bulldozer », il estime que ses décisions, notamment en matière de géopolitique et d’énergie, auront des répercussions directes sur l’Algérie. « Trump va imposer des faits accomplis. Il ne donnera plus aucun sou à l’Ukraine, mettra fin à l’OTAN tel que nous le connaissons et accélérera la production de pétrole et de gaz de schiste, provoquant une chute des prix des hydrocarbures. Cela profitera aux pays consommateurs, mais pour nous, ce sera un déluge économique. »
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Dans ce contexte, Boukrouh appelle à une lucidité nationale : « Nous devons nous préparer à défendre notre pays et à préserver notre intégrité territoriale. Qu’on cesse de nous mentir à nous-mêmes et au peuple en prétendant que nous pourrons tout affronter par la force. »
Un appel à l’abandon de l’arrogance et à une révolution des idées
L’ancien ministre critique vertement l’attitude qu’il perçoit comme une arrogance dans les discours politiques algériens. « Il est temps d’abandonner le principe du ‘nez et de la perte’. Si nous disposons d’une force militaire, humaine et économique, utilisons-la pour défendre nos intérêts, et non pour des causes dites sacrées qui relèvent du droit international. »
Pour Boukrouh, une « révolution des idées » s’impose. « Nous devons changer de mentalité dans les deux ou trois mois qui restent avant que ce nouvel ordre mondial ne se mette en place. Il faut parler un langage de vérité au peuple et cesser les discours d’autosatisfaction, de mensonges et d’arrogance. »
Une menace immédiate aux frontières et une priorité nationale
L’intervenant tire la sonnette d’alarme sur la situation des frontières algériennes : « Nos frontières sont en feu à l’Est, à l’Ouest, et au Sud. Il ne nous reste que la Méditerranée. » Pour lui, la priorité absolue est la défense de l’intégrité territoriale. « La seule guerre que les Algériens sont prêts à faire, c’est celle pour défendre leur pays. Pour le reste, la guerre est une option à éviter. »
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Il met également en garde contre les risques financiers d’un conflit : « Une guerre peut coûter jusqu’à 300 à 400 millions de dollars par jour. Nous ne devons faire de guerre que si nous sommes agressés. »
Un plaidoyer pour un changement radical
Au-delà des préoccupations immédiates, Boukrouh propose une vision pour l’avenir : « Nous devons cesser de sacraliser des causes internationales qui ne concernent pas directement l’Algérie. Le droit international est défendu par 195 États, nous devons nous concentrer sur nous-mêmes et nos propres intérêts. »
Enfin, il appelle les dirigeants algériens à une introspection collective et à une action immédiate : « Changeons de ton politique, arrêtons de mentir et préparons notre pays à faire face aux tempêtes à venir. L’Algérie a besoin d’une mutation mentale rapide pour affronter les défis qui se profilent. »
Avec des mots qui claquent et des idées qui remettent en question les discours officiels, Noureddine Boukrouh propose une lecture sans concession des défis auxquels l’Algérie est confrontée. Son intervention doit avoir dérangé au plus haut point dans les cercles décisionnaires, et éveillé un grand intérêt auprès des citoyens, à un moment où le pays se trouve à la croisée des chemins.
Un intellectuel engagé
En dehors de sa carrière politique, Noureddine Boukrouh s’est distingué par ses travaux intellectuels et ses interventions médiatiques. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans lesquels il analyse les défis de l’Algérie, notamment sur les plans idéologique, économique et culturel. Il s’inspire souvent de penseurs tels que Malek Bennabi, avec qui il partage l’idée que l’Algérie doit s’approprier une véritable modernité tout en restant fidèle à ses racines culturelles.
Boukrouh est également connu pour ses critiques acérées du système politique algérien, qu’il qualifie souvent d’immobiliste et incapable de répondre aux aspirations du peuple. Son franc-parler lui a valu autant d’admirateurs que de détracteurs, notamment au sein de l’élite politico-militaire.