Syrie: la chute du régime semble imminente, les groupes armés aux portes de Damas
Des factions rebelles ont annoncé avoir « commencé à encercler » la capitale syrienne Damas, après avoir pris le contrôle de la province méridionale de Deraa, dans la foulée d’une offensive fulgurante qui a contraint les forces gouvernementales à abandonner plusieurs positions stratégiques.
Dans le centre de la Syrie, les rebelles sont également aux portes de Homs, la troisième ville du pays. Au moins sept civils ont été tués samedi dans des frappes russes et syriennes près de la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Le 27 novembre, une coalition de rebelles, menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a lancé une offensive à partir de son fief à Idleb (nord-ouest), s’emparant de dizaines de localités et des villes stratégiques d’Alep (nord) et de Hama (centre). Il s’agit de l’avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre en Syrie.
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« Nous sommes maintenant à moins de 20 kilomètres de l’entrée sud de la capitale Damas », a indiqué de son côté un important commandant de la coalition rebelle, Hassan Abdel Ghani, avant d’affirmer plus tard que les forces rebelles « avaient commencé à encercler » la capitale.
Les forces gouvernementales se sont retirées de localités à une dizaine de kilomètres de Damas, a affirmé l’OSDH, qui a ajouté qu’elles avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël.
Plus que jamais affaibli, le président syrien Bachar Al-Assad que les insurgés disent vouloir renverser, n’a pas fait d’apparition en public depuis sa rencontre dimanche dernier à Damas avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, dont le pays est un allié du gouvernement syrien.
Peu avant l’annonce de la prise de Deraa par les rebelles, l’armée syrienne avait annoncé qu’elle se redéployait dans cette province, ainsi que la province voisine de Soueida – « après que des éléments terroristes ont attaqué des points de contrôle isolés ».
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Les forces gouvernementales « commencent à reprendre le contrôle des provinces de Homs et de Hama face aux organisations terroristes », avait-elle aussi ajouté.
Selon l’OSDH, les forces gouvernementales avaient envoyé « d’importants renforts » près de Homs, tandis que la Russie et la Syrie ont lancé des frappes et des tirs d’artillerie sur les rebelles près de la ville.
Le conflit en Syrie a été déclenché après la répression d’un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile en 2011. Il a fait plus d’un demi-million de morts et morcelé le pays en zones d’influence avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères.
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Principal allié du pouvoir syrien, la Russie, prise par sa guerre contre l’Ukraine, et qui dispose de bases militaires en Syrie a appelé ses citoyens à quitter le pays, de même que les Etats-Unis et la Jordanie voisine.
Autre soutien clé du régime, Téhéran a aussi commencé à évacuer son personnel militaire et des diplomates, selon le New York Times citant des responsables iraniens et de la région.
Dans ce contexte, une réunion consacrée à la Syrie a débuté à Doha entre les chefs de la diplomatie turque, russe et iranienne, dont les pays sont partenaires depuis 2017 du processus d’Astana initié pour faire taire les armes.
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En 2015, l’aide militaire russe avait été cruciale pour inverser le cours de la guerre et permettre à M. Assad de reprendre une grande partie du territoire. Mais les ressources de Moscou sont à présent mobilisée par son offensive en Ukraine.
Le mouvement libanais Hezbollah et l’Iran avaient aussi apporté un énorme soutien militaire à M. Assad mais ces deux acteurs sont considérablement affaiblis depuis la guerre dans la bande de Gaza et au Liban.
Si les rebelles s’emparent de Homs, la troisième ville du pays, seules Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains des forces de M. Assad, dont la famille est au pouvoir depuis plus de cinq décennies.
Challenge (Avec AFP)