La promotion de la santé au travail, une évolution nécessaire
La 11ᵉ édition de la Journée Santé au Travail s’est tenue, lundi 9 novembre, à Casablanca, avec l’objectif d’explorer des solutions concrètes visant à améliorer le bien-être des collaborateurs dans un monde du travail profondément transformé par la pandémie.
Placée sous le thème « Innovation Sociale : Vers une Santé au Travail Durable », cette rencontre est organisée par la Caisse Mutuelle Interprofessionnelle Marocaine (CMIM), qui a réuni des experts, des professionnels et des décideurs de premier rang.
Covid-19 : un catalyseur de changement
La pandémie a mis en lumière les limites des paradigmes actuels en matière de gestion des ressources humaines et de santé au travail. Les bouleversements liés au télétravail, à l’isolement et aux incertitudes économiques ont exacerbé des problématiques préexistantes, notamment en matière de santé mentale.
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Ainsi, la Dr. Imane Kendili, psychiatre addictologue et présidente de l’African Global Health (AGH), a souligné les répercussions économiques des troubles psychologiques liés à la pandémie : « Ces problèmes de santé mentale coûtent des milliards de dollars aux entreprises, non seulement à cause de l’absentéisme, mais aussi en raison de la baisse de productivité qu’ils engendrent ».
Cette réalité impose une réflexion sur la manière d’intégrer durablement les enjeux de bien-être au travail dans les stratégies des entreprises. La santé mentale, autrefois reléguée au second plan, est désormais au centre des préoccupations, comme en témoigne l’intervention de Dr. Kendili lors de la conférence intitulée « Santé mentale et développement durable en entreprise ».
L’innovation sociale comme moteur de transformation
L’innovation sociale s’impose comme une réponse aux défis actuels, en proposant de nouvelles façons de travailler, plus inclusives et durables. Cet engagement ne concerne pas uniquement les grandes entreprises, mais l’ensemble des organisations, quelles que soient leur taille ou leur nature. Le président de la CMIM, Abdelaziz Alaoui, a insisté sur ce point lors de son intervention, en précisant que « l’innovation sociale n’est pas un luxe réservé aux multinationales, c’est une nécessité pour toutes les entreprises qui souhaitent garantir un environnement de travail sain et productif ».
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Un exemple concret a été présenté par une cheffe de la délégation aux relations sociales et politiques de prévention de la Ville de Paris. A travers une conférence intitulée « Le management inspirant via des olympiades », elle a partagé une initiative unique : l’organisation d’olympiades internes pour les employés de la mairie de Paris, six mois avant les Jeux Olympiques de 2024. Ces activités, qui ne faisaient aucune distinction hiérarchique, ont renforcé les liens entre collaborateurs tout en luttant contre la sédentarité. « Ce type d’événement peut transformer la dynamique interne d’une organisation, en plaçant le bien-être au cœur de ses priorités », a-t-elle expliqué.
Des discussions riches et des panels diversifiés
En complément des conférences, trois panels thématiques ont permis d’approfondir les enjeux abordés. Le premier panel : “ Collaboration, inclusion et représentation des salariés au service de l’innovation sociale”, a mis en lumière l’importance d’un dialogue social renforcé pour bâtir un management inclusif. Le deuxième panel : “Un cadre législatif et réglementaire pour renforcer le rôle de la santé au travail”, a mis en exergue la nécessité d’une réforme législative pour mieux intégrer les enjeux de santé au travail dans les politiques publiques.
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Le troisième panel : “ Santé mentale et sport : socles de la promotion de la santé au travail ”, a permis de présenter des initiatives combinant activités physiques et soutien psychologique pour améliorer le bien-être des collaborateurs.
Ces discussions ont également permis de dégager des pistes concrètes pour encourager l’adoption des politiques de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Selon le président de la CMIM : « La RSE n’est pas seulement un vecteur de performance économique, c’est aussi un levier essentiel pour garantir la pérennité des entreprises dans un contexte de transformation sociale et environnementale ».
Un bilan prometteur mais des défis persistants
Depuis 2011, la Journée Santé au Travail s’est imposée comme une plateforme incontournable pour sensibiliser aux enjeux de santé et de bien-être au travail. Cependant, plusieurs défis restent à relever. L’absence de données fiables sur les accidents de travail et les maladies professionnelles en est un exemple frappant. La création d’un observatoire dédié à ces questions figure parmi les recommandations phares issues de cette édition.
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Malgré ces défis, des progrès significatifs ont été réalisés, notamment dans les secteurs bancaire et pétrolier, où les pratiques innovantes partagées au fil des éditions commencent à faire école. Le président de la CMIM se félicite de cet impact : « Voir des entreprises adopter et diffuser les bonnes pratiques partagées lors de nos rencontres est une preuve que notre démarche porte ses fruits ».
Vers un avenir durable et inclusif
Les perspectives d’avenir s’orientent vers l’élargissement de ces initiatives à d’autres secteurs et le renforcement des collaborations avec des entreprises non adhérentes. Cette stratégie s’appuie sur un engagement clair envers les valeurs d’équité, de solidarité et de durabilité. Il en va de même de l’intransigeance avec laquelle le président de la CMIM dit choisir ses partenaires qui accompagnent financièrement ces événements importants, lui qui tient à préciser que « nous ne sélectionnons nos partenaires qu’après nous être assurés qu’ils partagent pleinement nos valeurs ».
Avec le soutien de l’Organisation Mondiale du Travail et d’autres partenaires stratégiques, la CMIM entend poursuivre son engagement pour transformer durablement le monde du travail. L’objectif ultime consiste à bâtir un environnement où chaque collaborateur peut s’épanouir pleinement, tout en contribuant activement à la réalisation des objectifs de développement durable.
La 11ᵉ édition de la Journée Santé au Travail a connu des échanges très denses et des initiatives inspirantes qui donnent le ton d’une perception très engagée des enjeux humains, sociaux et économiques attachés à une prise en charge conséquente de la santé au travail. Celle-ci, effectivement, n’est pas seulement une obligation morale ou légale, mais aussi une opportunité stratégique pour les entreprises, et un pilier fondamental pour un développement économique et social durable.