13e mois : Une prime en voie de disparition au Maroc ?
À l’approche de la fin de l’année, la question se pose de plus en plus : le 13e mois est-il en passe de devenir une exception plutôt qu’une norme au Maroc ? Dans un contexte économique marqué par des défis persistants, cette prime, traditionnellement utilisée pour fidéliser et motiver les employés, semble en déclin dans de nombreux secteurs du pays.
Le 13e mois, souvent perçu comme un standard dans plusieurs pays, reste encore une pratique hétérogène au Maroc. Dans des secteurs comme la finance, les assurances ou les grandes multinationales, il est souvent intégré comme acquis. En revanche, dans d’autres domaines comme l’agriculture, le commerce de détail ou les PME locales, il demeure une exception.
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Selon une enquête récente menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), environ 45 % des entreprises marocaines allouent une forme de prime en fin d’année. Ces primes varient considérablement : allant d’un mois de salaire supplémentaire à des montants forfaitaires modestes, ou encore conditionnées à des performances individuelles ou collectives. Cette variation témoigne des disparités entre secteurs et entreprises, ce qui amène à se poser la question : est-ce que le 13e mois est en voie de disparition ?
L’obstacle fiscal
L’une des raisons principales de cette disparité est la fiscalité marocaine. Contrairement à certains pays où les primes de fin d’année bénéficient d’un régime fiscal allégé, elles sont soumises à l’impôt sur le revenu au Maroc. Ce fardeau fiscal pourrait décourager certaines entreprises, notamment les PME, de généraliser cette pratique. Par exemple, selon l’article 39 du Code général des impôts, les primes versées au titre des résultats sont imposables au même taux que les autres revenus.
Les primes de fin d’année ne sont pas seulement un bonus financier ; elles jouent également un rôle crucial dans la fidélisation des talents. « C’est une manière de reconnaître l’effort fourni tout au long de l’année et de récompenser la performance », explique Yassine B., directeur des ressources humaines d’une entreprise basée à Casablanca. Dans un marché du travail de plus en plus concurrentiel, notamment pour les profils qualifiés, les entreprises qui offrent des primes ont un avantage pour attirer et retenir les talents.
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Certaines entreprises compensent l’absence de primes financières par d’autres formes d’avantages : cartes cadeaux, bons d’achat, ou encore des événements festifs pour les employés. Bien que ces initiatives soient appréciées, elles ne remplacent toutefois pas l’impact d’une rémunération directe.
Et ailleurs, comment ça se passe?
À l’international, le 13e mois est une norme dans de nombreux pays comme la France ou la Belgique, où il est souvent inclus dans les conventions collectives. Dans les pays du Golfe, les primes peuvent atteindre des montants significatifs, surtout dans les grandes entreprises. À l’inverse, le Maroc semble en retrait, même si certaines multinationales opérant dans le pays appliquent ces standards internationaux.
Le déclin du 13e mois au Maroc semble être lié à plusieurs facteurs : des disparités fiscales, un code du travail non uniforme, et des pressions économiques qui rendent cette prime moins accessible, notamment pour les PME. Alors que les défis économiques persistent, certaines entreprises pourraient opter pour d’autres formes d’avantages pour compenser cette absence. Cependant, pour maintenir le 13e mois comme un standard, il serait nécessaire d’améliorer la législation en matière de fiscalité et de conditions de travail pour que ces primes soient plus accessibles à toutes les entreprises.
Types de primes de fin d’année au Maroc
Les gratifications accordées par les employeurs sont variées. On distingue principalement :
- Prime de rendement : Elle est attribuée au salarié lorsque l’entreprise atteint un certain chiffre d’affaires. L’employeur doit fixer en début d’année les objectifs de chiffre d’affaires ainsi que les primes de rendement qui seront attribuées aux salariés.
- 13ème mois : Cette prime équivaut au salaire de base complet d’un mois de travail effectif et est versée au 12ème mois de l’année.
- Prime de productivité : Elle récompense le salarié pour l’atteinte des objectifs de production, que ce soit en termes de quantité de pièces produites ou de projets terminés.
- Prime de bilan : Généralement destinée aux cadres de l’entreprise, cette prime est accordée après la finalisation du bilan de l’année.
- Prime d’esprit d’équipe : Décernée à une équipe entière, cette prime récompense les résultats obtenus grâce au travail collaboratif de tous les membres de l’équipe.