Ces Marocains qui ont gouverné l’Algérie
Ils se comptent en milliers, les Algériens d’origine marocaine qui ont occupé de hautes fonctions au sein des institutions d’Etat en Algérie.
Ils sont ou ont été des dirigeants d’institutions publiques, des leaders syndicaux, des magistrats, des secrétaires généraux de ministères, de hauts conseillers, des directeurs de cabinet, des directeurs de banques et on en oublie.
Mais particulièrement, certaines personnalités d’origine marocaine ont contribué directement à l’écriture de son histoire moderne et contemporaine. Ils auraient pu, de par leur statut et leurs statures d’hommes d’Etat, contribuer à unir le destin des deux pays dans leur marche vers le progrès social et économique, mais ils n’ont pu le faire. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, pour le plus brillant d’entre eux, mais c’était compter sans une volonté du véritable pouvoir, un pouvoir occulte, d’isoler et d’étouffer le peuple algérien, et de nourrir contre le Maroc et les Marocains, une haine sans fin.
Au cœur du pouvoir algérien
Le président Ahmed Ben Bella (1916 – 2012) est une figure marquante de l’histoire contemporaine de l’Algérie, dont le parcours est lié au Maroc par ses origines familiales et culturelles. Né à Maghnia, près de la frontière marocaine, Ben Bella était issu d’une famille modeste de paysans marocains originaires de la région de Marrakech. Cette double appartenance culturelle et familiale entre le Maroc et l’Algérie a souvent été évoquée tout au long de son parcours.
Lire aussi | La France qualifie le régime algérien de «fantaisiste»
Ses origines marocaines ont renforcé son attachement à l’idée d’une union des peuples du Maghreb, témoignant des liens historiques et humains profonds qui unissent les deux nations. Cependant, ces aspirations ont souvent été contrecarrées et cet élan coupé par le coup d’Etat fomenté par Houari Boumediene.
Le président Abdelaziz Bouteflika (1937-2021) est une figure centrale de l’histoire politique algérienne, ayant été le président qui a gouverné le plus longtemps l’Algérie, et ce durant quatre mandats. Son parcours, marqué par son long mandat présidentiel et ses contributions à l’indépendance et à la politique postcoloniale de l’Algérie, est également lié au Maroc, où il est né et où il a passé une partie de son enfance.
Lire aussi | Conflit du Sahara : 10 revers diplomatiques isolent l’Algérie et sonnent le glas de son protégé
Abdelaziz Bouteflika est né le 2 mars 1937 à Oujda. Il a grandi dans un contexte marqué par l’émigration algérienne au Maroc, où de nombreuses familles cherchaient de meilleures opportunités économiques. Cette enfance marocaine a laissé une empreinte durable dans son identité et ses relations avec le Maroc.
Le président Abdelkader Bensalah (1941-2021) était un homme politique algérien qui a marqué l’histoire récente de l’Algérie en tant que président intérimaire du pays en 2019, à la suite de la démission d’Abdelaziz Bouteflika.
La famille Bensalah s’installe au Maroc, où Abdelkader Bansalah passe une partie de son enfance et de son adolescence. Après son retour en Algérie, il poursuit des études en droit et en journalisme, qui poseront les bases de sa future carrière politique et institutionnelle.
Lire aussi | Algérie. L’ambassadeur français appelé à s’expliquer après des accusations de déstabilisation
Abdelkader Bensalah commence sa carrière comme journaliste dans les années 1960, peu après l’indépendance de l’Algérie. Il devient rédacteur en chef du journal El Chaâb, un poste qui lui permet de se faire remarquer par les cercles politiques.
En 2002, Bensalah est élu président du Conseil de la Nation, la chambre haute du parlement algérien. Ce poste, qu’il occupe pendant plus de 16 ans, fait de lui une figure clé du régime de Bouteflika.
Une réconciliation entravée
Ces liens, au sommet de l’Etat algérien, avec des présidents algériens d’origine marocaine n’ont pas pu surmonter les obstacles idéologiques et politiques qui bloquent une réconciliation entre les deux pays. Leurs origines marocaines, bien qu’elles symbolisent jusqu’où peut remonter la profondeur des liens entre les peuples, n’ont pas suffi à contourner les clivages qui divisent les deux nations. La résolution, désormais en process, de la question du Sahara marocain permettra, peut-être, d’explorer de nouvelles voies de réconciliation et d’entente entre les deux pays.