Agriculture

Sécheresse: A quoi vont servir les 250 millions de dollars de la Banque mondiale ?

Le Maroc fait face depuis plusieurs années à une sécheresse endémique qui bouleverse son agriculture, sa sécurité alimentaire et son équilibre socio-économique.

La rareté des précipitations, accentuée par le changement climatique, met à rude épreuve les capacités du pays à assurer une production agricole stable et durable. Dans ce contexte, l’approbation récente par la Banque mondiale d’un financement de 250 millions de dollars ouvre une fenêtre de possibilités pour renforcer la résilience de l’agriculture marocaine et amorcer une transformation durable du secteur.

Une sécheresse persistante qui change tout

Les données climatiques confirment une réalité alarmante : les précipitations au Maroc sont devenues irrégulières et insuffisantes, affectant gravement les ressources hydriques du pays. Les barrages affichent des taux de remplissage historiquement bas, et les nappes phréatiques s’épuisent sous l’effet d’une exploitation intensive. Ce stress hydrique exacerbe les défis d’un secteur agricole qui représente environ 15% du PIB et emploie près de 40% de la population active.

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La sécheresse endémique met également en lumière les failles structurelles de l’agriculture marocaine. Une grande partie des exploitations agricoles dépend des pluies pour leur production, rendant le secteur vulnérable aux aléas climatiques. Par ailleurs, les méthodes traditionnelles de labour intensif et la gestion inefficace des sols et de l’eau aggravent l’épuisement des ressources naturelles.

Le soutien de la Banque mondiale

Face à ces défis, le financement approuvé par la Banque mondiale est un adjuvant qui vient renforcer des approches en cours de maturation. Ce programme de 250 millions de dollars vise à renforcer la résilience du secteur agroalimentaire marocain, tout en améliorant la sécurité et la qualité des aliments. Il s’inscrit dans une double dynamique consistant à atténuer les impacts de la sécheresse et à préparer l’agriculture marocaine aux défis climatiques futurs.

Ainsi, les objectifs majeurs du programme consistent, en premier lieu, dans la promotion de pratiques agricoles climato-intelligentes en mettant l’accent sur des techniques telles que l’agriculture sans labour, qui réduit l’érosion des sols et conserve l’humidité. Ce modèle permet de maintenir la productivité agricole tout en préservant les écosystèmes fragiles.

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En second lieu, les objectifs consistent à améliorer la gestion de l’eau et des sols en intégrant des technologies modernes pour une irrigation plus efficace. En fait, le programme ambitionne de réduire le gaspillage d’eau, une ressource devenue précieuse. Des investissements dans la régénération des sols complètent cette approche en soutenant une agriculture plus durable.

En troisième lieu, il est question de Développement de l’agriculture biologique sur 25 000 hectares ; ce qui témoigne d’une volonté d’aligner le Maroc sur les normes internationales de durabilité. Cette initiative offre des perspectives prometteuses pour l’exportation de produits agroalimentaires de haute qualité, tout en répondant à une demande croissante de consommation responsable.

En quatrième et dernier lieu, on retient comme objectif le renforcement des normes sanitaires et la sécurité alimentaire, le programme prévoyant la modernisation de 1 200 points de vente alimentaires pour améliorer l’accès des consommateurs à des produits sûrs et de qualité. Cette mesure répond aux attentes croissantes des marchés locaux et internationaux en matière de traçabilité et de sécurité alimentaire.

Des impacts tangibles pour les populations

Le programme ambitionne de toucher directement 1,36 million de personnes, dont près de 120 000 agriculteurs. Ces derniers bénéficieront de formations et d’un accompagnement pour adopter des pratiques agricoles durables et résilientes. Plus d’un million de consommateurs verront également une amélioration de la qualité des produits alimentaires et de leur accessibilité.

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Pour les communautés rurales, cette initiative représente une opportunité de diversification des sources de revenus, notamment à travers l’agriculture biologique et la valorisation des circuits courts. De plus, la modernisation des infrastructures agricoles et commerciales favorisera l’intégration des petits exploitants dans les chaînes de valeur.

Au-delà de la réponse immédiate à la sécheresse, le programme soutenu par la Banque mondiale s’inscrit dans une vision à long terme. En investissant dans des solutions climato-intelligentes et en adoptant des pratiques agricoles durables, le Maroc fait un pas vers la transition écologique et économique. L’agriculture, souvent perçue comme un secteur vulnérable, peut devenir un levier pour bâtir une économie verte, en harmonie avec les objectifs nationaux de développement durable et les engagements climatiques internationaux.

Projections sur l’avenir

En termes de perspectives futures, le développement d’une agriculture durable devrait favoriser de nouveaux acquis pour les acteurs du secteur, à savoir :

  • Conférer de nouvelles capacités exportatrices, l’agriculture biologique et la certification des produits agroalimentaires pouvant ouvrir de nouveaux débouchés à l’exportation, notamment vers l’Europe, où la demande pour des produits durables est en forte croissance.
  • Renforcer les écosystèmes ruraux en impliquant les populations locales dans des pratiques durables, permettant, ainsi, au programme de contribue à préserver les écosystèmes tout en renforçant la résilience des communautés rurales.
  • Promouvoir le modèle régional marocain grâce à ces stratégies innovantes qui pourraient positionner le Maroc en matière de résilience agricole comme une référence dans la région MENA et en Afrique.

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Défis pour une mise en œuvre réussie

Malgré ces avancées, la mise en œuvre du programme devra surmonter des défis structurels. L’intégration des petits agriculteurs, souvent réticents au changement, nécessitera un accompagnement personnalisé et des incitations adaptées. De plus, la coordination entre les différents acteurs — publics, privés, et internationaux — sera cruciale pour assurer l’efficacité des initiatives.

La sécheresse endémique qui touche le Maroc exige une réponse audacieuse et coordonnée. Le programme de la Banque mondiale semble offrir une base intéressante pour transformer les défis climatiques en opportunités de développement durable. En misant sur l’innovation, la gestion responsable des ressources, et le soutien aux communautés agricoles, il est possible non seulement d’atténuer les effets de la sécheresse, mais aussi de tracer une nouvelle voie pour l’agriculture, une agriculture plus résiliente, compétitive, et inclusive.

 
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