Immigration

Le départ de Trudeau signifie-t-il la fin du rêve canadien pour les Marocains ?

Le départ de Justin Trudeau de la scène politique canadienne soulève des interrogations majeures, notamment pour les millions de personnes qui ont vu en son leadership un symbole d’ouverture et d’opportunités. Alors que le Canada a accueilli un nombre record d’immigrants marocains sous son mandat, les perspectives d’un avenir aussi prometteur semblent incertaines. Ce tournant politique marque-t-il la fin du rêve canadien pour les Marocains ?

Depuis plusieurs années, le Canada s’est imposé comme une destination de choix pour des millions de personnes de différents horizons. Dans cette grande vague, des milliers de Marocains ont fait du Canada un espace stratégique dans leur quête de nouvelles opportunités.

Rappelons que cette politique d’ouverture a été impulsée sous le leadership de Justin Trudeau. Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, Trudeau a incarné une vision du Canada ouverte, inclusive et progressiste. Le pays a renforcé son attractivité grâce à des politiques d’immigration inclusives, permettant à des milliers de Marocains de construire une forte communauté dans ce pays.

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Son gouvernement a notamment renforcé les politiques d’immigration, facilitant l’accès aux études, au travail et à la résidence permanente. Pour de nombreux jeunes talents marocains, le Canada est devenu aujourd’hui un eldorado.

En chiffres, selon Statistique Canada, en 2022, plus de 20 000 Marocains ont obtenu un permis de résidence permanente, un chiffre qui a presque doublé par rapport à 2015. Les étudiants marocains, eux aussi, sont de plus en plus nombreux à choisir le Canada : près de 19 000 d’entre eux y poursuivaient leurs études en 2023, faisant du Maroc l’une des principales sources d’étudiants internationaux du pays.

Derrière ces chiffres, un rêve marketé par le gouvernement Trudeau : celui d’un Canada accessible, où les talents étrangers trouvent un cadre propice pour s’épanouir.

Cependant, ces derniers temps, la réalité est devenue tout autre avec l’émergence d’une politique de durcissement vis-à-vis de la migration, un pilier clé de la politique Trudeau.

Avec l’annonce de son départ, le pays se trouve à un tournant majeur. Pour beaucoup, les politiques qui ont permis au Canada de devenir une destination prisée pourraient subir des changements significatifs.

En effet, l’immigration a récemment suscité des débats intenses dans le paysage politique canadien, certains partis prônant des mesures plus restrictives face aux pressions économiques et sociales. À cela s’ajoutent les défis internes : une crise du logement qui a vu les prix augmenter de 40 % en cinq ans et une saturation des services publics dans les grandes villes.

Ces enjeux pourraient redéfinir les priorités du Canada en matière d’accueil des nouveaux arrivants, remettant en question les avancées des dernières années.

La fin d’une ère ?

« Les destinations internationales favorites des Marocains pour travailler sont par ordre d’attractivité le Canada, la France puis l’Allemagne », révélait une étude de Rekrute sur le sujet. C’est dans le secteur de la santé que les chiffres sont croissants.

Aujourd’hui, avec la fin du système Trudeau, l’incertitude est palpable dans le dossier de la migration. Le “rêve canadien”, qui attirait bon nombre de personnes, s’appuyait sur des valeurs de diversité et d’ouverture promues par Trudeau.

Aujourd’hui, la question est de savoir si ces idéaux survivront à son départ. Avec une communauté marocaine estimée à 120 000 personnes vivant au Canada, et des milliers d’autres espérant rejoindre le pays, l’avenir de cette relation privilégiée est en jeu.

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Le départ de Trudeau pourrait-il marquer la fin d’un chapitre d’espoir et d’opportunités, ou le Canada saura-t-il préserver son statut de terre d’accueil pour les talents marocains ?

Contacté par Challenge, Mohammed Tazi, CEO d’Archimed Consulting, spécialiste de l’accompagnement des étudiants, explique qu’il a retiré la destination Canada de ses services ces dernières années : « Aujourd’hui, la crise immobilière, notamment la flambée des prix, et surtout la cherté de la vie au Canada, font que le choix du Canada pour beaucoup d’étudiants marocains n’est plus une option », précise Tazi.

Pour ce dernier, le départ de Trudeau risque d’amplifier les choses : « Aujourd’hui, il y a une idée collective dans le pays contre la migration. Je pense que pour les prochaines années, le Canada se fermera davantage. »

De son côté, le journaliste politique Yves Derai fait une analyse plus globale : « Au-delà du départ de Trudeau, c’est l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis qui me paraît inquiétante pour le Canada. Il développe d’ores et déjà une vision hégémonique avec son projet de fusion entre les USA et le Canada, qui ne serait rien d’autre que la disparition d’un Canada indépendant, malgré ses spécificités culturelles. Et pour les migrants, cela n’augurerait rien de bon au vu de la politique très protectionniste de Trump en matière d’immigration. »

Et d’ajouter : « Je ne pense pas, mais attention quand même. L’homme est imprévisible, et sa marque de fabrique est qu’il fait ce qu’il dit. Son ambition semble n’avoir aucune limite puisqu’il évoque aussi l’annexion du Groenland et du Mexique ! »

 
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