Afrique recherche leaders désespérément
Alors que le compte à rebours a déjà commencé pour la présidence de la Commission de l’UA qui aura lieu en février 2025 lors du Sommet de l’Union africaine, tous les regards sont braqués sur la bataille qui se joue dans les coulisses pour le poste de Vice-président de la Commission de l’UA. Un bras de fer qui se joue essentiellement entre le Maroc et l’Algérie.
Nul doute que l’Afrique, qui traverse une période charnière avec des fractures sociales et politiques exacerbées par la convoitise des grandes puissances a besoin d’une Union Africaine forte .Si les futurs candidats à la présidence affichent leur ambition de redessiner le paysage politique et économique du continent, l’importance de la vice-présidence et des commissions n’a pas échappé au Maghreb qui espère consolider son influence avec ses candidats à la vice-présidence de la Commission de l’UA.
Du côté Marocain, une figure consensuelle, l’ex-Secrétaire d’État marocaine aux affaires étrangères, Latifa Akharbach.
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Latifa Akharbach est la candidate d’un royaume résolument décidé à asseoir son influence depuis son retour à l’UA en 2017. Ce qui plaide pour Rabat, qui devrait consolider son rôle de leader en Afrique, en cas de succès , c’est dérouler ses ambitions pour un continent, fort de ses atouts qui devraient peser sur les décisions internationales.
Le royaume soutient ainsi la promesse d’obtenir au moins deux sièges permanents pour le continent au Conseil de sécurité des Nations unies, assortie d’un droit de veto comme il estime que les pays africains doivent être capables de financer la paix sur leurs territoires et cesser ainsi de dépendre des puissances étrangères.
La diplomate Marocaine aura néanmoins fort à faire avec un autre poids lourd en compétition pour arracher le poste de Vice-président de la commission de l’UA, un poste particulièrement sensible, car il implique notamment la responsabilité des ressources humaines et des finances. Dans cette bataille, l’impétrante , qui a fait ses premières armes au cours de ses diverses missions de haut niveau au sein du secteur public ( Affaires étrangères et de la Coopération , présidence de la HACA, la Secrétaire d’État marocaine est confrontée à l’algérienne Selma Malika Haddadi alors que l’Égyptienne Hanan Morsy, également dans la course ne semble pas faire le poids.
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Si la course de la présidence qui se joue désormais entre le kényan Raila Odinga, Mahamoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti et Richard Randriamandrato, l’ancien patron des AE malgache se joue sur les coalitions nouées ici et là, ce sont surtout la vice-présidence et les commissions qui attisent les appétits des pays en raison notamment des enjeux économiques et politiques qu’ils charrient. Quand le royaume use de tout son poids et fait travailler ses alliances discrètement pour expliquer l’option Latifa Akharbach à ses alliés africains, l’Algérie mobilise carrément ses ministres pour « vendre » sa candidate à la vice-présidence de la Commission de l’UA.
Ces dernières semaines, l’Algérie a mobilisé deux de ses ministres pour sillonner le continent en quête de soutiens.
C’est d’abord le ministre algérien de l’Enseignement supérieur, Kamel Baddari qui a ouvert le bal, le 20 décembre dernier qui est allé voir le Président somalien, Hassan Sheikh Mohamoud (HSM), à Mogadiscio afin de lui transmettre un message dans ce sens du Président Abdelmadjid Tebboune. Une correspondance qui réclame ouvertement le soutien de la Somalie à la candidature de Selma Malika Haddadi au poste de vice-présidente de la Commission de l’Union africaine (UA). Kamel baddari a repris son bâton de pèlerin pour se rendre chez le Président érythréen, Isaias Afwerki, à Asmara, avant de faire un détour à Djibouti, auprès d’Ismaïl Omar Guelleh (IOG).
Parallèlement, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a pris le relais, en misant notamment sur les États francophones. Après Bangui, où il a été reçu le 5 janvier par le Président Faustin-Archange Touadéra, il a enchaîné avec le Cameroun, où il s’est entretenu avec le Secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. Ensuite, c’est au Président congolais, Denis Sassou-Nguesso, de recevoir le Chef de la diplomatie algérienne le 7 janvier avant qu’il n’aille à Cotonou le 9 janvier pour demander au Bénin de soutenir l’ex-Directrice Afrique au ministère des Affaires étrangères à Alger. Malgré ces appuis diplomatiques solides, la candidate algérienne souffre d’un déficit de crédibilité et de visibilité médiatique auprès des grandes institutions internationales.
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En clair, l’organisation panafricaine d’Addis-Abeba fait de plus en plus l’objet de fortes ambitions des premiers de cordée du continent pour placer certes leurs représentants aux postes clés de l’Union africaine, mais le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Algérie et l’Égypte, tout en parvenant à tirer leur épingle du jeu cherchent à avoir les moyens de peser sur l’avenir géopolitique du continent.
Surtout que le sort de l’Afrique reste suspendu entre plusieurs visions de son avenir : un ancrage dans l’espace atlantique comme l’a proposé le Souverain ou un retour forcé dans
l’une des deux sphères d’influence, la sino-russe ou le camp occidental dominé par l’Amérique. Le futur du continent se jouera à la fois dans les urnes pour la présidence de l’UA et dans la capacité de ses pays à dépasser les querelles de voisinage.