Tourisme

Comment Essaouira veut détrôner Marrakech ?

Comment Essaouira veut ravir la vedette à Marrakech ? L’investissement d’un consortium étranger au cours des prochaines années devrait positionner Essaouira dans les radars du tourisme international.

Éclipsée par l’aura de Marrakech, Essaouira semble déterminée à inverser la tendance dans les prochaines années. En effet, un consortium étranger prévoit d’injecter des millions de dirhams dans des projets d’envergure qui pourraient repositionner la ville comme une destination incontournable du tourisme international.

Entre ambitions de développement durable, capitalisation sur son patrimoine historique et projets d’infrastructures modernes, la cité des alizés veut se démarquer et rivaliser avec la capitale touristique du Maroc. Avec ses plages préservées, son ambiance bohème et son riche héritage culturel, Essaouira dispose déjà de solides atouts.

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Mais pour prétendre à un nouveau statut, elle mise sur des projets concrets : des espaces écoresponsables, un port modernisé et une campagne de promotion internationale axée sur son authenticité. Ce virage stratégique pourrait bien lui permettre de séduire une clientèle haut de gamme, tout en renforçant son attractivité auprès des amateurs de culture et d’écotourisme.

En chiffres, c’est près de 230 millions de dollars qui ont été signés jeudi dernier par le gouvernement et un consortium mené par le milliardaire égyptien Samih Sawiris, aux côtés de son compatriote Hussain Al Nowais, magnat de l’hôtellerie, et de l’homme d’affaires émirati Hossam Al Shaer. Le trio s’est ainsi engagé à financer 50 % des 500 millions d’euros nécessaires sur dix ans pour la réalisation du projet.

Par ailleurs, il faut noter que la station touristique Essaouira-Mogador, inscrite dans le cadre du Plan Azur en 2006, continue de figurer parmi les priorités stratégiques de l’État marocain. Malgré des retards importants liés à un manque de financement, le projet semble aujourd’hui connaître un nouvel élan.

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L’intérêt manifesté en 2024 par l’investisseur égyptien Samih Sawiris et ses partenaires a permis de redonner de la visibilité à cette initiative ambitieuse. Un tournant symbolisé par la présence remarquée du Premier ministre Aziz Akhannouch, accompagné de plusieurs ministres, dont Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, lors d’une récente cérémonie officielle. André Azoulay, conseiller royal et natif d’Essaouira, était également présent pour souligner l’importance de ce projet pour sa ville d’origine.

« Cet investissement massif ne manquera pas de propulser Essaouira sur le devant de la scène touristique internationale », déclarait Fatim-Zohra Ammor, ministre du Tourisme.

Une destination en pleine ascension

Essaouira, également surnommée la “Cité des Alizés”, voit sa popularité croître régulièrement, au point d’être reconnue comme la deuxième destination tendance pour les touristes allemands en 2025, après Reggio de Calabre en Italie, selon un sondage de Skyscanner.

Cette montée en puissance s’appuie sur des atouts variés : une médina inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, une riche histoire culturelle, et des événements phares comme le festival Gnaoua et Musiques du Monde, qui attire chaque année des milliers de visiteurs.

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Cependant, cette dynamique pose une question clé : Essaouira peut-elle s’imposer comme une alternative sérieuse à Marrakech, actuellement vitrine incontestée du tourisme marocain ? « Cette destination peut renforcer davantage l’offre touristique du Maroc. Mais pour cela, il faut plus d’investissement », explique Abdellatif Abouricha, chargé de mission au Conseil régional du Tourisme de Marrakech.

Opportunités et défis

Si Essaouira se distingue par son cadre unique en bord de l’océan Atlantique, elle pâtit encore d’un déficit en infrastructures modernes, un domaine où Marrakech conserve une nette avance. « Transport, hébergement et services touristiques. Ces lacunes, s’ils ne sont pas comblés, pourraient freiner son ambition de rivaliser avec d’autres grandes destinations marocaines », nous confie Abdellatif Abouricha.

Et d’ajouter : « Aujourd’hui, un tiers des visiteurs d’Essaouira sont issus du tourisme interne, ce qui souligne son potentiel de développement à court et moyen terme. La réalisation complète de la station touristique Essaouira-Mogador pourrait donc marquer un tournant pour la ville, en renforçant sa compétitivité sur la scène touristique internationale, à condition que les investissements nécessaires soient mobilisés pour relever les défis persistants. »

 
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