Tout ce qu’il faut savoir sur l’accord américano-ukrainien sur les minerais
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Kiev et Washington se sont entendus sur un accord sur l’exploitation des richesses minières de l’Ukraine, au terme d’un bras de fer entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
Mais qu’il s’agisse des montants en jeu ou des garanties de sécurité réclamés côté ukrainien, les contours du texte restent flous.
Voici de que l’on sait de cet accord, qui pourrait être signé vendredi à Washington.
Le président américain avait martelé vouloir une compensation de l’aide versée depuis trois ans. Washington aurait alors vu un engagement de 500 milliards de dollars, soit environ quatre fois plus que l’assistance versée jusqu’ici, soit quelque 120 milliards de dollars, selon l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW Kiel).
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Le président ukrainien avait alors rejeté cet accord, refusant de signer un texte que « dix générations d’Ukrainiens » devront payer.
Selon une source ukrainienne informée du contenu du compromis et interrogée par l’AFP mardi soir, cette revendication financière américaine n’est plus dans le document.
Le document prévoit en revanche qu’Américains et Ukrainiens exploitent en commun des richesses minières, et que les revenus qui en seraient issus aillent dans un fonds « conjoint à l’Ukraine et l’Amérique ».
Selon le haut responsable, les Américains ont accepté d’enlever « toutes les clauses qui ne nous convenaient pas, en particulier les 500 milliards de dollars ».
Pour Kiev, une condition clé pour donner accès à ses ressources à ses alliés est d’obtenir des garanties de sécurité, soit un mécanisme politico-militaire devant dissuader la Russie de toute nouvelle invasion après un éventuel accord de cessation des hostilités.
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Le président Zelensky a évoqué la possibilité d’un tel échange, richesses contre garanties de sécurité, dès octobre, lorsqu’il avait présenté les grandes lignes de son « plan pour la victoire ».
L’Ukraine estime que la meilleure garantie serait une accession à l’Otan, un scénario rejeté par Washington car cela rendrait toute trêve ou paix impossible, Moscou y voyant une ligne rouge.
Autre demande ukrainienne: des soldats de maintien de la paix, en cas de cessez-le-feu. Mais les États-Unis ont rejeté cette option, tout en étant favorable à un déploiement d’Européens.
Au final, le texte de l’accord sur les minerais comporterait une référence à la sécurité de l’Ukraine, mais pas de garanties concrètes. Des discussions sont encore en cours sur ce point, selon le haut responsable ukrainien, interrogé par l’AFP.
« Il s’agit d’une clause générale qui dit que l’Amérique investira dans une Ukraine souveraine, stable et prospère, qu’elle travaille pour une paix durable et que l’Amérique soutient les efforts en vue de garanties de sécurité », a expliqué cette source.
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L’Ukraine concentrerait quelque 5% des ressources minières mondiales, mais celles que Donald Trump convoite sont pour la plupart inexploitées, difficiles à extraire, ou de facto sous contrôle russe, car en territoires occupés.
L’Ukraine produit notamment trois minerais critiques: manganèse (8e producteur mondial selon World Mining Data), titane (11e) et graphite (14e), indispensable pour les batteries électriques.
De ce dernier minerai, l’Ukraine concentre « 20% des ressources mondiales estimées », note le Bureau français de recherches géologiques et minières (BRGM).
La nation est également, selon cette source, « un des principaux pays d’Europe en matière de potentiel » d’exploitation du lithium, également incontournable pour les batteries.
L’Ukraine assure avoir sur son territoire « une des plus vastes ressources » de lithium en Europe, mais selon le gouvernement, il n’est pas extrait « à ce jour ».
Exploiter ces gisements implique des investissements considérables.
De l’aveu même du gouvernement ukrainien, le développement du dépôt de Novopoltavske dans la région de Zaporijjia, nécessiterait, à lui seul, 300 millions de dollars d’investissement.
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Or le site, qui contiendrait apatite, tantale, niobium, strontium, terres rares ou encore de l’uranium, est en territoire occupé par l’armée russe.
Et le Kremlin a exclu de céder les zones sous son contrôle. Vladimir Poutine a, en revanche, dit être favorable à des investissements américains dans ces régions occupées.
Autre exemple, le gisement de Chevtchenkivske (minerais de lithium, de tantale, de niobium, de béryllium notamment) est à moins de 10 kilomètres du front, dans un secteur, celui de Pokrovsk, où l’armée russe grignote toujours du terrain face des forces ukrainiennes moins nombreuses et moins armées.
Challenge (avec AFP)