Guerre tarifaire: le temps de l’escalade ou de la négociation ? [Round-up]

Au milieu d’une ambiance apocalyptique, les marchés s’accrochent au moindre signal d’inflexion de la politique américaine sur les tarifs douaniers. Les investisseurs, qui perdent des sommes astronomiques depuis quelques jours, sont au bord de la crise des nerfs.
Sur fond d’une fake news, selon laquelle l’administration Trump aurait pu envisager une pause pour ses droits de douane, les marchés ont brièvement tenté de remonter, avant de redescendre après un démenti de la Maison Blanche sur X.
De l’Asie à l’Europe, des négociations sont en cours pour parvenir à des compromis, quoique la nouvelle escalade avec la Chine risque de prolonger le marasme. Donald Trump a menacé, lundi 7 avril, d’alourdir encore fortement les droits de douane américains sur les produits chinois si Pékin maintient sa riposte à son offensive douanière, tout en laissant la porte ouverte à des négociations avec les autres pays touchés.
« Si la Chine ne retire pas son augmentation de 34% [de droits de douane sur les produits américains] (…) d’ici demain [mardi] 8 avril, les Etats-Unis imposeront des droits de douane ADDITIONNELS de 50% sur la Chine, à partir du 9 avril », a affirmé le président américain sur sa plateforme Truth Social.
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Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, M. Trump a déjà frappé les produits chinois d’une surtaxe additionnelle de 20%, devant passer à 54% dès le 9 avril, avec les +34% annoncés la semaine dernière. Il accuse les partenaires économiques des États-Unis de les « piller ». En conséquence, il a imposé un taux universel de 10% sur tous les produits importés aux États-Unis, entré en vigueur samedi.
A Bruxelles, l’Union européenne (UE) a proposé à Washington d’abolir les droits de douane de part et d’autre de l’Atlantique sur les produits issus de l’industrie, comme les voitures et les médicaments. afin de tenter d’éviter une guerre commerciale. « Nous avons proposé des droits de douane nuls pour les produits industriels. (…) L’Europe est toujours prête à conclure un bon accord » avec les Etats-Unis, a déclaré la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse.
Mais « nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures et à défendre nos intérêts » face à cette offensive commerciale , a prévenu la cheffe de l’exécutif européen.
En Asie, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé être convenu par téléphone avec Donald Trump de poursuivre les discussions sur les droits de douane imposés par le président américain et qu’il espère modifier.
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« Le président Trump a présenté une vision honnête de la situation actuelle des Etats-Unis dans l’économie internationale. Sur la base de l’échange d’aujourd’hui (…) les deux parties ont décidé de désigner des membres du cabinet pour prendre en charge la poursuite des discussions, » a déclaré M. Ishiba aux journalistes.
Les entreprises japonaises comptent parmi les plus gros investisseurs étrangers aux USA, mais le président américain a décrété la semaine dernière l’imposition de droits de douane de 24% sur les importations en provenance de ce proche allié de son pays.
« Le Japon demande instamment aux Etats-Unis de revoir leurs mesures dans le cadre de ces consultations », a déclaré M. Ishiba. Plus tôt dans la journée, il avait déclaré que le Japon présenterait à M. Trump un « paquet » de mesures afin d’obtenir un allègement de ces droits de douane.
De son côté, le chef du gouvernement provisoire du Bangladesh Muhammad Yunus a écrit au président américain pour lui demander une suspension de trois mois des droits de douane imposés au deuxième plus grand fabricant de vêtements au monde.
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« Le Bangladesh prendra toutes les mesures nécessaires pour soutenir pleinement votre politique commerciale », a déclaré M. Yunus à M. Trump, selon un communiqué du gouvernement, l’appelant à faire une pause pour permettre à Dacca d' »augmenter considérablement » les exportations américaines vers ce pays d’Asie du Sud.
Dans le voisinage des Etats-Unis, le Canada a saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet des droits de douane de 25% imposés par les Etats-Unis aux véhicules et aux pièces automobiles.
Le Canada a été épargné par la nouvelle vague de droits de douane annoncée la semaine dernière par le président américain à l’encontre de la quasi-totalité des pays du monde, désormais confrontés à un tarif douanier d’au moins 10% sur toutes leurs ventes aux Etats-Unis.
Mais Ottawa, premier partenaire commercial de Washington, est déjà visé par des droits de douane américains supplémentaires sur l’acier et sur l’aluminium, ainsi que sur les automobiles.
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Le Mexique, un autre voisin des Etats-Unis, n’écarte pas la possibilité d’appliquer des droits de douane réciproques aux Etats-Unis, son principal partenaire commercial, a déclaré lundi la présidente Claudia Sheinbaum.
« Dans la mesure du possible, nous voulons éviter de mettre des droits de douane réciproques », a déclaré Mme Sheinbaum lors de sa conférence de presse quotidienne. « Nous ne l’écartons pas, mais nous préférons poursuivre le dialogue d’une autre manière ».
Le Mexique se trouve sur la première ligne de front de la guerre commerciale lancée par le président américain puisque plus de 80% de ses exportations partent aux Etats-Unis. Mme Sheinbaum a expliqué que le Mexique souhaitait éviter de répondre aux droits américains sur l’acier, l’aluminium et partiellement l’industrie automobile, car cela se traduirait par des « hausses de prix » de ces produits au Mexique.