Abdelhamid Addou : «Nous accueillerons d’ici mars-avril prochain 12 nouveaux avions, dont 2 Dreamliners»
Nouvelles destinations, Air Algérie, flotte, match Boeing/Airbus, critères de choix du constructeur, concurrence du low-cost,… Abdelhamid Addou, PDG de Royal Air Maroc (RAM), qui s’exprimait pour RFI et Jeune Afrique dans le cadre de l’émission « Grand invité de l’économie », a abordé plusieurs sujets d’actualité relatifs à la compagnie aérienne nationale. Morceaux choisis.
Ouverture de nouvelles destinations
« Le marché dicte nos décisions une fois encore. Des routes ont été lancées. Certaines se sont avérées compliquer à rentabiliser et mettront donc, soit plus de temps pour fonctionner, soit elles sont abandonnées, tandis que de nouvelles opportunités, comme notre expansion en Europe et en Afrique, sont constamment évaluées.
Nous allons rouvrir Abuja au Nigeria en juin prochain, une liaison qui viendra s’ajouter à celle sur Lagos. C’est une première sur ce pays anglophone. N’Djamena au Tchad est prévu pour l’année prochaine. Il faudra compléter donc avec l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Sud à terme. Cette année, nous ouvrirons Naples et Manchester et ainsi de suite. Chaque année nous avons un programme d’ouverture de vol sur l’Europe. Nous prévoyons d’ajouter environ 75 nouvelles destinations en Europe et une quinzaine sur le continent africain au cours des dix prochaines années. »
Lire aussi | Le géant néerlandais Heineken a trouvé son nouveau distributeur exclusif pour le Maroc
Préférence marquée pour Boeing
« Quand vous êtes une compagnie de taille moyenne avec une cinquantaine d’avions, il vaut mieux être avec un acteur et un seul acteur, cela simplifie la maintenance et la formation des pilotes. Cependant, nous restons ouverts aux propositions d’autres constructeurs comme Airbus. Nous avons lancé le 15 avril dernier un nouvel appel d’offres international qui est ouvert à Airbus qui a d’excellents avions. Que le meilleur gagne. Nous cherchons le meilleur partenaire qui ne sera pas choisi uniquement sur des critères tarifaires, mais aussi techniques et de calendrier d’intégration industrielle. »
Changements majeurs dans la flotte
« Nous envisageons de passer de 50 à 200 avions. Ce grand bond en avant est dicté par notre ambition de connecter diverses diasporas africaines à travers le monde, renforçant ainsi notre position de leader sur le continent. Le choix de notre futur partenaire sera crucial pour accompagner cette expansion ambitieuse. Nous n’avons pas attendu l’appel d’offre pour déjà recevoir les premiers avions parce que comme vous pouvez l’imaginer le processus d’appel d’offre prendra plusieurs mois. Nous avons ainsi déjà planifié l’acquisition de nouveaux appareils avant même de finaliser notre appel d’offres, afin de ne pas retarder notre expansion. Nous accueillerons bientôt 12 nouveaux avions, dont deux Dreamliners, dont le premier en octobre prochain et le deuxième en septembre 2024, et dix Max, entre octobre 2024 et mars-avril 2025, pour soutenir nos nouvelles routes. »
Sur Air Algérie qui veut faire la même chose
« Écoutez encore une fois, notre ADN est africain depuis le premier jour. Nous avons une cinquantaine de nationalités dans nos avions qui sont des collègues à Royal Air Maroc et qui travaillent pour développer cette marque. Nous avons une expertise sur le continent qui s’est construit depuis plusieurs décennies. Notre connaissance profonde de l’Afrique et notre histoire sur le continent nous confèrent une solide expertise. Oui, je lis ici et là que tel concurrent dépasse Royal Air Maroc. On n’était pas et on ne sera pas dans une approche qui me semble un peu puéril. Nous ne nous laissons pas distraire par les actions des autres. Au contraire, nous sommes flattés d’être considérés comme modèle. Nous regardons de l’avant. Nous jouons dans une autre Ligue et regardons de l’avant. Nous nous sommes développés à grande vitesse et avons des orientations qui sont très claires et portées au plus haut niveau de l’État pour garder le cap.
Vous avez cité l’alliance Oneworld. Nous faisons partie de ces 14 compagnies membres de cette alliance aérienne, incluant Japan Airlines, American Airlines, British Airways, qui discutent des problématiques du secteur. Vous pensez que ces compagnies de renom membres de Oneworld sont venus nous chercher parce qu’elles nous trouvaient exotique. Elles sont plutôt venues vers nous parce que nous avons une qualité de produits, une expérience client, une stature internationale. Je ne vais pas rentrer dans les comparaisons entre les uns et les autres. Nous nous traçons notre cap et nous allons y aller. Nous allons y arriver parce que nous avons cette détermination comme d’autres compagnies. »
Concurrence des compagnies low-cost comme Ryanair et Air Arabia
« Nous avons un seul actionnaire qui est l’état. Ce dernier a défini une stratégie centrée sur le développement des arrivées touristiques dans notre pays. Pour cela, l’Etat a décidé en 2006 de l’ouverture du ciel. C’était la meilleure décision qui a été prise à cette époque pour booster le tourisme dans notre pays. D’ailleurs, j’étais quelques années plus tard à la tête de l’office du tourisme.
Lire aussi | L’hôtel Agador d’Agadir en vente judiciaire
Aujourd’hui, notre stratégie repose sur la complémentarité des services que nous offrons avec ceux des low-cost. L’accord Open Sky a été un tournant stratégique pour stimuler le tourisme au Maroc. Chez Royal Air Maroc, nous cherchons à être complémentaires en termes de segments de marché et ce, en gardant une cohérence qui ne déstabilise pas le secteur. Il est essentiel de stimuler le tourisme de manière réfléchie pour que cela profite à l’économie nationale tout en préservant notre outil de souveraineté aérienne. »