Absence de compagnie nationale maritime. Un déficit en devises de plus de 15 Mrds de DH par an
Pour les acteurs du transport maritime, le secteur, qui assure 95% du commerce extérieur marocain, est névralgique pour l’économie nationale. Et que chaque année, la facture « transport maritime » se solde par un lourd déficit en devises, un montant qui sur 10 ans, pourrait permettre de construire une flotte des plus importantes pour le Royaume.
«Nous avons appelé à la création d’une commission nationale réunissant tout l’écosystème maritime et portuaire pour mettre en œuvre les directives royales, tout en plaidant pour le renforcement de la flotte nationale marocaine. L’Asmex qui a exprimé ses vives félicitations et sa gratitude envers Sa Majesté pour son engagement envers le développement de la coopération Sud-Sud et la promotion d’une Afrique émergente, a en effet envoyé un télégramme au Cabinet Royal et un courrier au Chef du gouvernement pour déclarer l’engagement des exportateurs marocains dans ce processus, proposant une implication directe dans la commission nationale », a souligné Hassan Sentissi El Idrissi, Président de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX).
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Il faut dire, que le transport maritime demeure toujours au cœur de l’économie nationale, car il est la plaque tournante du commerce extérieur du Royaume. Cette voie constitue le socle autour duquel s’effectuent les échanges du Maroc avec l’étranger : plus de 96% des échanges commerciaux et près de 98% des exportations marocaines sont effectués par ce mode de transport. La part des opérateurs marocains dans ce volume est d’à peine 7 %. « Les compagnies étrangères accaparent plus de 90% du transport de marchandises au Maroc, soit plus de 70 millions de tonnes générant un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de DH, totalement exonérés d’impôt », selon le Comité central des armateurs marocains. Globalement, l’ensemble de ce trafic mobilise une facture « transport maritime » qui s’élève à 41 milliards de DH, se soldant par un déficit en devises de 15,5 milliards de DH. « L’importance d’une flotte ce n’est pas ce qu’elle coûte en dirhams, mais bien ce qu’on en tire en termes de devises. Nous payons en devises environ 2 millions de dollars chaque année rien que pour le transport. En 10 ans, cela fait 20 milliards de dollars soit 20% du PIB, une somme qui permet de construire une flotte des plus importantes pour le pays », analyse un expert maritime.
Sur le terrain aujourd’hui, le taux de couverture de la balance fret est passé à près de 6% contre 25% dans les années 1980, ce qui n’est pas sans conséquence sur les tarifs pratiqués par les compagnies étrangères. Le Conseil de la Concurrence au Maroc est souvent interpellé, voire saisi par les acteurs locaux, sur des questions relatives aux pratiques imposées par les grands armateurs. Le constat dressé par l’étude du cabinet ALG Transportation Infrastructure & Logistiques rejoint celui établi par la Banque mondiale il y a quelques années. En effet, relier Casablanca à Hong-Kong peut être jusqu’à 30% plus cher comparativement à d’autres zones avec des distances similaires, et le temps de transit nécessite deux jours de plus que dans des régions comparables. À cause du manque de lignes directes, les compagnies maritimes recourent au transbordement. Selon la même étude, cela augmente les taux de fret et la durée du transit entre les ports.
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Les lignes existantes sont principalement de courte distance, centrées sur la Méditerranée et dépendent de ports de transbordement comme Tanger Med, Algésiras, Valence ou Malte. Dans la «filière» conteneurs, où le potentiel de croissance est important, les opérateurs marocains sont rares ou quasi inexistants», souligne Mohammed Mezen, Doctorant en économie et gestion. «Pour l’Afrique où nous avons de grandes ambitions pour l’exportation, par exemple, les compagnies maritimes ne prennent que ce qu’elles veulent et fixent les prix comme elles l’entendent. En fait, si la destination choisie n’est pas sur leur chemin ou que le volume à transporter est moins rentable qu’ailleurs, elles préfèrent annuler la prestation. Avec une telle situation, le Maroc ne pourra pas participer efficacement à la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF)», renchérit Hassan Sentissi, qui se félicite de la vision stratégique « Afrique Atlantique. « Cette initiative ambitieuse qui vise à renforcer les liens entre le Maroc et les pays du Sahel tout en favorisant une ouverture sur l’Atlantique, est d’une importance cruciale pour la connectivité et la fluidité des échanges commerciaux entre le Maroc et les pays africains, en particulier dans le cadre de la ZLECAf », ajoute-t-il. Aussi, pour Abdelaziz Mantrach, Président du pôle logistique de l’Asmex, «l’arrimage de nos exportateurs aux marchés africains à l’ère de l’accord de libre-échange continental africain (ZLECAf) devrait être renforcé par une logistique appropriée et compétitive ».