Administration numérique au Maroc: Un tournant stratégique entre ambitions et réalités

Alors que la digitalisation des services publics s’impose comme une norme mondiale, le Maroc tente de combler son retard. Porté par une stratégie ambitieuse baptisée « Maroc Digital 2030 », le Royaume mise sur une transformation en profondeur de son administration. Mais si les intentions sont claires, la mise en œuvre prend encore du temps.
Depuis plusieurs années, la question de la modernisation administrative figure en bonne place sur l’agenda gouvernemental. Le Maroc aspire à offrir aux citoyens des services publics plus rapides, accessibles et efficaces grâce au numérique. Cette transition, longtemps attendue, est désormais encadrée par une feuille de route nationale qui fixe des objectifs précis à l’horizon 2030.
Des avancées à petits pas
Les efforts engagés commencent à porter leurs fruits. Le Royaume a gagné des places dans les classements internationaux de l’e-gouvernance. Entre 2022 et 2024, il est passé du 113ème au 100ème rang mondial. Sur le continent africain, il progresse également, se hissant à la 11ème place. Des signes encourageants, certes, mais encore éloignés des ambitions de devenir un leader continental d’ici la fin de la décennie.
Lire aussi | La 5G arrive au Maroc !
Un projet phare : « Idarati Wallet »
Au cœur de cette stratégie, le projet « Idarati Wallet » entend transformer la relation entre le citoyen et l’administration. Il s’agit d’un guichet numérique unique qui permettra, à terme, de centraliser l’ensemble des démarches administratives sur une application mobile. L’objectif: réduire les déplacements, simplifier les procédures et renforcer la transparence des services publics.
Des freins persistants
Malgré ces initiatives, plusieurs obstacles freinent encore la transformation numérique. L’interopérabilité des systèmes entre les administrations reste incomplète, forçant les usagers à répéter les mêmes démarches auprès de différentes entités. Les lourdeurs procédurales, bien que réduites sur certains volets, demeurent toujours assez contraignantes.
Autre défi majeur : l’inclusion numérique. Une frange importante de la population, notamment en milieu rural est peu familiarisée avec les outils numériques, ce qui risque de compliquer la tâche, vu que ces derniers risquent d’être laissés pour compte. Sans politiques d’accompagnement adaptées, la fracture numérique pourrait s’accentuer.
Un changement de culture nécessaire
Au-delà des infrastructures technologiques, la réussite de cette transition repose aussi sur un changement de mentalité. Les administrations doivent adopter une nouvelle culture de service, fondée sur l’écoute, l’agilité et la transparence. Cela passe par la formation des agents, la simplification des processus internes, et une plus grande responsabilisation des acteurs publics.
Lire aussi | Amal El Fallah Seghrouchni: «Le Maroc ne sera pas un simple consommateur de technologies»
Une course à gagner
Le Maroc est désormais face à une équation à résoudre : transformer rapidement un appareil administratif encore marqué par des pratiques héritées du passé, tout en veillant à ce que cette mutation soit inclusive et durable. Si les ambitions de Maroc Digital 2030 sont tenues, le pays pourra non seulement améliorer la qualité de ses services publics, mais aussi renforcer la confiance des citoyens envers leurs institutions.