Adrien de Bassompierre: « Nous espérons engager 500 millions d’euros supplémentaires en 2025 pour soutenir la reconstruction post-séisme »

Le représentant de la Banque européenne d’investissement (BEI), Adrien de Bassompierre, a accordé une interview à la MAP sur la coopération Maroc-BEI, les perspectives 2025 et les avancées réalisées par le Royaume sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
– La BEI a engagé 500 millions d’euros (M€) de financements en 2024, franchissant la barre de 10 milliards d’euros (Md€) d’investissement depuis le début de son partenariat avec le Maroc. Quel bilan faites-vous de ce partenariat ?
L’année 2024 a permis symboliquement à la BEI de dépasser la barre des 10 milliards d’euros investis au Maroc depuis le début de son activité en 1979. Ceci renforce le partenariat très important que nous avons avec le Royaume du Maroc depuis des années.
En 2024, nous avons engagé 500 millions d’euros, ce qui représente une accélération de nos investissements par rapport à l’année antérieure, avec une augmentation de plus de 50 %.
Ce financement est destiné essentiellement au renforcement de la reconstruction post-séisme, pour soutenir trois volets principaux :
- D’abord, la réhabilitation et la reconstruction des écoles dans les zones qui ont été affectées par le séisme.
- Deuxièmement, la réhabilitation des routes dans les zones touchées.
- Enfin, la réhabilitation et la reconstruction de centres de santé.
C’est un projet intégré qui vient appuyer la reconstruction post-séisme.
Ces 500 M€ représentent un premier volet d’un engagement que nous avons pris à hauteur d’un milliard pour soutenir la reconstruction post-séisme. Nous espérons pouvoir signer 500 millions additionnels en 2025.
Au-delà du financement, nous apportons une assistance technique au Maroc.
En 2024, nous avons accompagné le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports pour le développement de l’éducation en milieu rural et la réhabilitation d’écoles communautaires dans ces zones. Nous avons également soutenu l’Office national des chemins de fer (ONCF) pour renforcer la résilience et l’adaptation au changement climatique de son réseau ferroviaire.
L’année 2024 a également été marquée par le renforcement de notre dialogue avec la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), qui est un partenaire de longue date.
Ceci s’inscrit dans le cadre du partenariat stratégique que nous avons pu établir avec le Maroc.
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– Qu’en est-il des perspectives ?
Les perspectives sont très prometteuses. Elles se déclinent autour de cinq axes principaux :
- Le développement et le soutien au secteur privé :
Notre action en faveur du secteur privé se fait en partenariat avec les banques marocaines. Nous avons des financements avec la plupart des institutions financières marocaines pour appuyer les petites et moyennes entreprises (PME).C’est un soutien indirect au moteur économique que constituent les PME marocaines.Pour 2025, nous envisageons, en plus du renforcement de ces partenariats avec notamment la BCP, CIH, Bank of Africa et d’autres banques, un appui important au Fonds Mohammed VI pour l’investissement.Nous espérons pouvoir concrétiser un engagement à hauteur de 530 M€, décliné sous différents produits en faveur du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui est un projet prioritaire pour l’Union européenne. - Le renforcement des réseaux :
En particulier, nous mettons l’accent sur les réseaux d’accès à l’eau potable et la modernisation des systèmes d’assainissement. - L’accompagnement de la transition énergétique :
Nous avons financé le développement des énergies renouvelables au Maroc et nous espérons continuer cet accompagnement avec deux volets relativement nouveaux :- L’étude de faisabilité pour évaluer le potentiel de l’éolien offshore au Maroc.
- L’appui à la production d’hydrogène vert.
- Le soutien au transport durable :
Outre notre partenariat avec l’ONCF, nous avons également des collaborations avec la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) pour renforcer la mobilité interurbaine.Nous sommes aussi en dialogue avec les villes et collectivités territoriales afin d’explorer les possibilités d’améliorer la mobilité intra-urbaine.Nous avons financé par le passé les tramways de Rabat et de Casablanca, et nous espérons pouvoir accroître ce dialogue avec d’autres villes marocaines. - Le renforcement de la décentralisation avancée :
Nous soutenons le financement direct des régions pour les accompagner dans plusieurs domaines, notamment les services publics, l’électricité, l’eau et l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Ces axes s’alignent avec les priorités du Maroc et offrent des perspectives prometteuses, notamment en vue des échéances très importantes qui attendent le Royaume, comme la Coupe du Monde 2030, qui représente une opportunité d’accélération du développement du pays.
– Comment la BEI compte-t-elle soutenir le Maroc dans ses préparatifs pour cette grande échéance qu’est la Coupe du Monde ?
Cette échéance a une portée symbolique très importante, puisqu’il s’agit d’un événement co-organisé par deux pays européens et le Royaume du Maroc. Cela illustre le partenariat et la solidarité entre les deux rives de la Méditerranée.
Pour nous, c’est une opportunité de soutenir la modernisation des infrastructures au Maroc, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’amélioration de l’efficacité énergétique et de la mobilité.
Un autre volet prometteur est la digitalisation des services publics.
Nous partageons la vision du Maroc, qui voit en cet événement une occasion d’accélérer le développement du pays, en mettant l’accent sur le renforcement de la résilience et la durabilité des infrastructures.
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– Quelle évaluation portez-vous sur l’économie marocaine sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ?
C’est une évaluation très positive, voire excellente.
Le développement remarquable du Maroc s’est traduit par une stabilité et une diversification économique, avec un accroissement de la compétitivité et de l’attractivité du pays pour les investissements, notamment européens.
Plusieurs secteurs ont bénéficié de cette dynamique, notamment l’automobile, l’aéronautique, les énergies renouvelables et la finance.
Nous appuyons certaines institutions financières marocaines dans leur déploiement au-delà des frontières du Royaume.
Je souhaite également saluer l’engagement du Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en faveur du développement durable. La BEI étant en pleine transformation en tant que banque du climat, nous soutenons pleinement cette dynamique.
Nous appuyons aussi la transition énergétique et environnementale, qui est au cœur du partenariat entre l’Union européenne et le Maroc.
L’accès au financement et l’inclusion économique sont également des éléments clés du développement économique du Maroc.
En résumé, notre bilan sur l’économie marocaine et son développement est très positif.