Aïd Al-Adha: L’inflation aura-t-elle la peau du mouton?
L’année 2024 semble confrontée à une inflation galopante et à des défis climatiques, dessinant ainsi un tableau complexe pour l’Aïd Al-Adha.
Depuis le mois de Ramadan, des hausses de prix surprenantes ont été enregistrées. Dans la presse nationale, il est rapporté que le kilogramme de viande coûte désormais entre 80 et 85 dirhams à Casablanca, contre 60 dirhams dans les marchés de gros, sans prendre en compte les frais de transport et les marges bénéficiaires. Dans certains cas, les prix atteignent même entre 85 et 90 dirhams.
Challenge.ma a mené une enquête auprès d’experts pour comprendre cette inflation. Nous sommes à quelques mois seulement de l’Aïd, qui semble également être affecté par le nuage noir et pesant de l’inflation. Il est à craindre que le sacrifice d’un mouton ne coûte cher, en raison du contexte de multiples crises mondiales (pandémie, guerre en Ukraine, inflation, sécheresse, etc.).
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Pour l’économiste Mehdi Fakir, « cette conjoncture découle principalement de la grave sécheresse touchant plusieurs régions du monde, pas seulement le Maroc. En Colombie, en France, les éleveurs et agriculteurs sont menacés par ce fléau. » Il ajoute : « L’autre problème réside dans l’inflation mondiale qui pèse sur l’élevage, dépendant des intrants. L’augmentation de ces intrants, par effet domino, entraîne une hausse des prix du bétail. » Adnane Benchekroune, vice-président de l’Istiqlal, insiste quant à lui sur la nécessité de miser sur l’importation de bétail tout en maîtrisant les coûts. Il souligne également le problème de rareté de la ressource hydrique, qui contribue à la diminution du cheptel marocain et à l’augmentation des prix.
Opportunisme et spéculation
Il existe un surcoût caché lié à l’opportunisme et à la spéculation, comme le souligne l’agro-économiste et ruraliste Larbi Zagdouni. « Les éleveurs marocains font face à un dilemme : les séquelles de la crise du covid, la conjoncture climatique et l’inflation des coûts alimentaires du bétail ont une incidence directe sur le prix final », affirme-t-il. Il ajoute : « Aujourd’hui, la rareté de l’eau pousse les éleveurs à se débarrasser d’une partie de leur cheptel ou à acheter à des coûts très élevés des aliments pour bétail. Ceux qui n’ont pas les moyens se retrouvent à faire avec, ce qui entraîne des animaux mal nourris, plus vulnérables aux maladies. Nous assistons donc à une diminution du cheptel, associée à une hausse des coûts. »
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Une source souligne également un mal plus profond : « Cette hausse vertigineuse ne s’explique pas seulement par l’inflation et la hausse des prix des produits alimentaires pour bétail, des engrais et des hydrocarbures. Il y a un surcoût caché lié à l’opportunisme et à la spéculation. Le gouvernement a pris des mesures pour atténuer l’impact de la perte de pouvoir d’achat des ménages en utilisant les subventions et les dépenses fiscales pour soutenir le secteur agricole. D’autres mesures devraient être mises en œuvre par le secteur privé et les entreprises, qui ont augmenté leurs prix pour compenser la hausse des coûts et devraient maintenant augmenter les salaires pour soutenir la consommation et stimuler la croissance économique. » Rappelons qu’en mars dernier, l’Office interprofessionnel des céréales et des légumineuses a annoncé la mise en place d’un dispositif de subvention à l’importation de moutons pour la période allant du 15 mars au 15 juin 2024.