Tourisme

Ammor: « Nous allons injecter 720 millions DH dans le programme ‘Go SIYAHA' »

La ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a accordé une interview sur la feuille de route du tourisme, l’intégration du développement durable dans les plans dédiés au tourisme et les initiatives visant à promouvoir l’artisanat local et l’économie sociale et solidaire. En voici la teneur :

1- Un an après la signature de la convention-cadre pour le déploiement de la feuille de route stratégique du tourisme 2023-2026, quelles sont les étapes clés et les investissements prévus pour atteindre l’objectif de 17,5 millions de touristes à l’horizon 2026 ?

La feuille de route 2023-2026 du tourisme vise à construire une industrie touristique marocaine de classe mondiale, avec pour vision d’atteindre 26 millions de touristes en 2030. Cette feuille de route repose sur trois piliers essentiels.

Le premier concerne une refonte de l’offre touristique axée sur les expériences plutôt que les destinations. Cela s’est concrétisé par la création de neuf filières thématiques différentes, telles que Ocean Waves, Beach & Sun, Desert & Oasis Adventure, Trekking & Hiking, etc, ainsi que cinq filières transverses intégrant le riche patrimoine immatériel marocain dans l’expérience des touristes.

Le deuxième pilier porte sur la mise en œuvre de leviers essentiels à la réalisation de nos objectifs. Parmi ces leviers, je parlerai du renforcement de la connectivité aérienne à travers des partenariats stratégiques avec des compagnies aériennes internationales.

Ceci viendra compléter les efforts des compagnies nationales, notamment le contrat programme signé entre RAM (Royal Air Maroc) et l’État qui lui permettra de quadrupler sa flotte de 50 avions actuellement à 200 appareils à l’horizon 2037.

Un autre levier important est l’investissement dans l’augmentation de la capacité hôtelière, un aspect essentiel en prévision des grands événements sportifs à venir au Maroc, mais également dans l’animation.

Pour cette dernière, nous allons injecter 720 millions de dirhams dans le programme « Go SIYAHA » pour accompagner 1.700 entreprises touristiques d’ici 2026 et créer ainsi une offre d’animation nationale novatrice.

Toujours parmi les leviers essentiels, nous mettons l’accent sur le renforcement du capital humain. Nous avons un programme de formation important avec l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) et la Confédération nationale du tourisme (CNT), qui vise à améliorer la qualité des services et à adapter les formations aux besoins du marché du travail.

De plus, un nouveau programme de validation des acquis de l’expérience, que nous allons lancer prochainement offrira aux travailleurs du secteur une opportunité précieuse pour valoriser leurs compétences acquises sur le terrain.

Le troisième pilier inclut une nouvelle gouvernance marquée par la mise en place, pour la première fois, d’une Commission nationale présidée par le Chef du gouvernement, ce qui est fondamental au vu du caractère transverse du secteur du tourisme.

Enfin, dernier point et non des moindres, c’est un financement conséquent de 6,1 milliards de dirhams qui a été alloué par le gouvernement à cette feuille de route, ce qui montre l’importance accordée à ce secteur stratégique.

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2- Comment intégrez-vous les principes du développement durable et du tourisme solidaire dans vos plans pour le secteur touristique ?

Sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a pris des engagements importants en faveur de l’énergie propre et du développement durable depuis de nombreuses années.

Pour nous, dans le secteur du tourisme, la durabilité est une priorité, car notre industrie touristique repose fondamentalement sur la richesse de nos ressources naturelles et culturelles, et nous devons les préserver.

Aujourd’hui, la tendance croissante vers l’écotourisme reflète une sensibilisation accrue aux enjeux environnementaux et à la responsabilité de protéger nos ressources.

Les touristes, tout comme les habitants locaux, aspirent désormais à un tourisme respectueux de l’environnement et des communautés locales.

Cette quête commune pour des expériences alliant découverte, soutien aux communautés locales et réduction de l’empreinte carbone est devenue une tendance incontournable.

En harmonie avec la stratégie nationale de développement durable du Maroc, notre feuille de route place la durabilité au cœur de ses préoccupations. Nous avons ainsi instauré une filière transversale entièrement dédiée au développement durable, pour encourager des pratiques éco-responsables à tous les niveaux de la chaîne de valeur touristique.

Par ailleurs, dans le cadre du programme national « GO SIYAHA », nous avons mis en place un dispositif de soutien à la croissance verte, qui offre aux entreprises touristiques la possibilité d’opter pour une transition énergétique.

Nous soutenons jusqu’à 40% des investissements des établissements d’hébergement touristique et restaurants classés pour l’adoption de technologies respectueuses de l’environnement, telles que des systèmes de gestion intelligente de l’énergie et de l’eau.

En termes d’offre touristique, nous avons intégré de nouvelles filières axées sur l’écotourisme telles que « Nature, Trekking & Hiking », « Desert & Oasis Adventure » et « Circuits culturels », qui promeuvent naturellement des pratiques éco-touristiques.

De plus, nous investissons activement dans le développement du tourisme rural dans les arrière-pays pour impliquer les villages marocains dans l’expérience touristique et permettre aux communautés locales de bénéficier économiquement du tourisme.

La nouvelle réglementation permettra le développement de l’hébergement alternatif éco-touristique, que ce soient des écolodges, des cabanes ou encore l’hébergement chez l’habitant.

Ceci offrira aux touristes l’opportunité de se connecter plus profondément avec la riche diversité naturelle et culturelle du Maroc dans différentes régions.

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3- Quelles initiatives spécifiques sont mises en place pour promouvoir l’artisanat local et soutenir l’économie sociale et solidaire à travers le tourisme ?

Le lien étroit entre le tourisme, l’artisanat et l’économie sociale et solidaire n’est plus à démontrer. Dans notre feuille de route, nous accordons une place prépondérante au patrimoine immatériel du Maroc. Avec 60% des touristes qui manifestent un intérêt pour la culture marocaine, notamment l’artisanat, leur intégration dans l’offre touristique était incontournable.

Ainsi, nous avons dédié deux filières transverses à l’artisanat et les produits du terroir, à savoir « Artisanat et Savoir-Faire Local », et « Gastronomie et Produits du Terroir ». Notre objectif est de les intégrer systématiquement dans l’ensemble des expériences touristiques des différentes régions. Ceci stimulera les économies régionales, valorisera la culture locale, diversifiera l’offre et renforcera l’identité des destinations.

Nous avons prévu plusieurs initiatives concrètes, parmi lesquelles la mise en place d’un marché solidaire à Agadir, prévu dans le contrat d’application de la feuille de route pour la région Sous-Massa, qui permettra aux artisans et coopératives de vendre directement aux touristes.

De plus, l’Institut du Monde Méditerranéen à Tanger offrira des espaces dédiés à l’artisanat et aux produits du terroir. À Dakhla, des actions de commercialisation des produits locaux sont prévues dans les hôtels pour élargir les opportunités commerciales des artisans de la région.

Nous prévoyons également d’installer des espaces d’expositions dans les points d’affluence des touristes. Enfin, notre travail sur la valorisation des anciennes Médinas vise à immerger les touristes dans l’univers artisanal marocain, favorisant ainsi leur engagement et leurs achats.

D’autres actions seront progressivement mises en œuvre dans les différentes régions, et notre collaboration avec les parties prenantes, en particulier les Chambres et Fédérations de l’Artisanat, se poursuivra. L’objectif est de développer des expériences culturelles authentiques centrées sur l’artisanat et les produits du terroir à l’échelle régionale.

 
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