Antony Blinken au Proche-Orient : la tournée de la dernière chance
A deux semaines des élections présidentielles, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est arrivé mardi en Israël pour une nouvelle tournée au Proche-Orient visant à avancer vers un cessez-le-feu à Gaza et contenir l’escalade militaire dans la région, au moment où Israël intensifie ses opérations au Liban contre le Hezbollah.
Cette onzième mission diplomatique de M. Blinken depuis le début de la guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, intervient près d’un mois après l’élargissement du conflit au Liban, avec le début de frappes massives israéliennes contre le Hezbollah.
M. Blinken doit notamment s’entretenir à la mi-journée avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Mais à deux semaines de l’élection présidentielle américaine, la Maison Blanche a souligné ne pas pouvoir dire si « les négociations vont reprendre » pour une trêve à Gaza.
Le secrétaire d’Etat entend également dissuader les Israéliens, qui préparent une riposte à l’attaque de missiles menée par l’Iran le 1er octobre, de toute action susceptible d’embraser encore plus la région, selon un responsable américain l’accompagnant.
Lire aussi | Deux semaines pour convaincre: Trump et Harris au pas de charge
Avant son arrivée, l’émissaire américain Amos Hochstein avait assuré lundi à Beyrouth que Washington travaillait à un règlement « au plus vite » du conflit au Liban. L’armée israélienne a annoncé y avoir frappé environ 300 cibles du Hezbollah en 24 heures, après avoir étendu ses attaques au système financier du puissant groupe islamiste.
Elle poursuit aussi des frappes entamées dimanche près de Beyrouth et dans le sud et l’est du pays contre l’organisme financier Al-Qard al-Hassan, qui fait partie du réseau d’associations, écoles et hôpitaux mis en place par le Hezbollah pour affermir son influence au sein de la communauté chiite.
Elle a, par ailleurs, annoncé la mort en Syrie d’un haut responsable chargé des « transferts de fonds du Hezbollah » et affirmé avoir visé un bunker du groupe contenant « des dizaines de millions de dollars ».
Au moins 1.489 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, quand Israël a commencé à y pilonner le Hezbollah, d’après un décompte basé sur des données officielles. A la mi-octobre, l’ONU recensait près de 700.000 déplacés dans le pays.
Lire aussi | Nouveaux raids israéliens au Liban, Netanyahu veut frapper « sans pitié » le Hezbollah
Selon M. Hochstein, les Etats-Unis veulent pour régler ce conflit s’appuyer sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre les deux belligérants en 2006, et stipule que les forces armées non-étatiques doivent se retirer du sud du Liban, où le Hezbollah a maintenu sa présence.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a de nouveau averti mardi que « l’Iran répliquera de manière équivalente » en cas d’attaque israélienne. Entretemps, le Pentagone a annoncé la « mise en place » en Israël d’un nouveau système de défense anti-missiles américain.
Sur un autre plan, Antony Blinken doit se rendre mercredi en Jordanie pour discuter notamment de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, dévastée et assiégée, selon le responsable américain qui l’accompagne.
Lire aussi | La Force de l’ONU accuse Israël d’avoir tiré sur son QG au Liban, tollé diplomatique
L’armée israélienne poursuit depuis le 6 octobre une offensive meurtrière contre le Hamas dans le nord du territoire palestinien, fui par des dizaines de milliers de Gazaouis.
Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, a affirmé qu’il continuerait à se battre malgré la mort de son chef, Yahya Sinouar, cerveau de l’attaque du 7 octobre 2023, tué le 16 septembre par l’armée israélienne.
Le Hamas sera dirigé temporairement par un comité basé au Qatar avant l’élection d’un successeur, ont rapporté lundi deux sources en son sein.
Lire aussi | Quatre soldats israéliens tués dans une attaque du Hezbollah contre une base militaire
L’attaque du Hamas a entraîné il y a un an la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité. Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
Au moins 42.718 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne menée en représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Challenge (Avec AFP)