Culture

Avec Gladiator 2, les cinémas marocains se refont une santé

À la sortie de Gladiator 2, au cinéma Pathé, près de 300 spectateurs ont assisté à la séance de 23 h. À la lecture des chiffres du CCM, le secteur cinématographique marocain est en plein essor en cette année 2024. Voici les détails.

Les Marocains semblent se réconcilier avec le cinéma. La récente sortie au Maroc de la suite du classique Gladiator a fait sensation à Casablanca. Pour un secteur que l’on disait moribond, ces derniers mois marquent un retour en force. Challenge a été témoin de ce que l’on peut appeler « le retour des salles obscures ».

Alors que les plateformes de streaming dominent les foyers avec une multitude de séries et de films disponibles en ligne, les salles de cinéma, longtemps délaissées, reprennent vie. Lors de notre enquête sur le terrain, nous avons constaté une affluence notable, et ce, à une heure tardive. Près de 300 spectateurs étaient présents à la séance de 23 h vendredi dernier pour découvrir Gladiator 2.

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Au grand bonheur de Pathé Maroc, un public de tout âge était au rendez-vous : des jeunes, des enfants, des adultes, et même quelques personnes du troisième âge. Au-delà du film, Pathé propose une expérience complète, grâce à des équipements de dernière génération et des salles haut de gamme offrant une immersion totale dans chaque projection. Ce concept a su séduire les Casablancais, avides de sensations visuelles, sonores, et même ergonomiques.

Peut-on aujourd’hui parler d’une nouvelle offre qui rivalise avec celle des plateformes de streaming ?

Le retour des salles de cinéma : une tendance confirmée

Contacté par Challenge pour décrypter cet engouement, le réalisateur Fouad Souiba explique :
« Il y a sûrement un regain d’intérêt pour les salles de cinéma, où l’on bichonne le public et où l’on soigne les moindres détails. Une programmation de qualité est essentielle. Sortir en salle un film dépassé, dont plus personne ne parle, n’a aucun intérêt. En revanche, un film bénéficiant d’une promotion médiatique internationale et d’un buzz sur les réseaux sociaux attire toujours le public. Et l’engouement est bien réel. »

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Il ajoute : « Le confort de l’accueil, les conditions optimales de projection et les services sur place font toute la différence. Les spectateurs veulent pouvoir se restaurer, se désaltérer, et partager un moment convivial avec leurs proches. Cet environnement joue un rôle clé pour instaurer la confiance. Le public marocain n’est pas moins exigeant que les autres, ce que les investisseurs étrangers ont bien compris. Cependant, il reste un défi à relever : améliorer la part des recettes allouée aux producteurs marocains. Malgré les bons résultats des films nationaux, les revenus qui leur reviennent sont insuffisants. Cela mérite une réflexion approfondie. »

Quand le CCM donne le ton

Selon le rapport annuel du Centre Cinématographique Marocain (CCM), 34 longs métrages marocains ont vu le jour cette année, un chiffre record qui reflète la vitalité croissante de l’industrie cinématographique nationale. Parmi les succès majeurs, le film Dados a généré 8 706 829 dirhams, suivi de Houma li bqaw : Jouj avec 4 929 587 dirhams de recettes. Nayda et Ana Machi Ana occupent respectivement les quatrième et cinquième places du box-office national. Ces chiffres témoignent d’un renouveau de l’intérêt du public marocain pour son propre cinéma.

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Les productions étrangères, notamment américaines, continuent toutefois de dominer le marché. Des films comme Barbie et Oppenheimer ont enregistré respectivement 4 879 094 dirhams et 3 962 641 dirhams de recettes. En 2024, 85 films américains ont été projetés, totalisant 791 966 entrées (soit 46 % du marché) et des recettes atteignant 41 millions de dirhams. À titre de comparaison, les films marocains, avec environ 32 millions de dirhams, occupent 35 % du marché des salles.

Selon le CCM, cet essor est également porté par des investissements étrangers record dans le secteur. En 2024, 1,14 milliard de dirhams ont été injectés dans les productions tournées au Maroc, le chiffre le plus élevé depuis 2015. Cela démontre une fois de plus l’attractivité du Maroc en tant que destination privilégiée pour les productions internationales.

 
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