Baisse du taux directeur à 2,25% dans un contexte économique incertain [Par Charaf Louhmadi]

Le 18 mars 2024, Bank Al Maghrib a réduit son taux directeur à 2,25% pour soutenir l’économie marocaine, dans un contexte d’inflation modérée et de réformes en cours. Cette décision vise à stimuler les investissements, notamment dans le secteur immobilier, tout en prenant en compte les tensions économiques et géopolitiques mondiales.
Bank Al Maghrib s’aligne sur la BCE et abaisse son taux directeur à 2,25%
La banque centrale marocaine a acté le 18 mars dernier une baisse de 25 bp de son taux directeur sur fond d’un ralentissement du taux d’inflation, qui se situe sur douze mois glissant autour de 0,9% en 2024 versus 3,4% en 2023 et plus de 8,3% en 2022.
Le conseil de BAM a par ailleurs souligné une dynamique des marchés et secteurs non agricoles ainsi que l’action du gouvernement en faveur d’une consolidation des équilibres et indicateurs macroéconomiques ; et des réformes qui stimulent l’emploi particulièrement à l’échelle des petites et moyennes entreprises. Cette revue baissière du taux directeur a pour objectif de dynamiser les investissements notamment sur le secteur immobilier directement impacté par ces « move de taux ».
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BAM acte également une amélioration des recettes ordinaires de l’Etat, de l’ordre de +15,3% expliquée en partie par les rentrées fiscales et prévoit une baisse graduelle du déficit budgétaire (hors produit de cession des participations de l’Etat) sur les deux prochaines années, le déficit étant de 4,1% du PIB en 2024 passerait à 3,9% en 2025 puis à 3,6% en 2026.
La banque centrale marocaine s’est visiblement alignée sur le BCE qui a réduit début mars elle aussi son taux de dépôt à 2,5%, soit un mouvement baissier de 25 points de base, qui représente une sixième baisse consécutive dans un contexte européen de faible croissance et de tensions géopolitiques.
Une baisse des taux dans un contexte économique et géopolitique mondial fortement instable
Contrairement à la BCE, la Réserve fédérale a suspendu ses baisses de taux en raison d’une part d’une inflation états-unienne persistante ainsi qu’une guerre commerciale mondiale lancée par l’administration Trump.
Wall Street affiche des signaux d’alertes quant aux décisions du nouveau locataire de la maison blanche (le S&P a enregistré une baisse de 10% entre le 19 février et le 13 mars) et le dollar a reculé par rapport à l’euro, par ailleurs cette chute de l’USD/EUR a impacté le cours de l’EUR/MAD et ce compte tenu du poids du dollar dans la composition du « panier » MAD.
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En outre, le Maroc est de plus en plus un secteur industriel stratégique en Afrique et dans la région méditerranéenne, avec notamment et entre autres une excellente industrie automobile ainsi qu’un des plus grands ports mondiaux (Tanger Med). Par conséquent, le Royaume n’est pas à l’abri d’impacts en lien avec la rivalité sino-américaine et de manière plus large la guerre commerciale (USA/Reste du monde).
Autre facteur de risque important, la crise climatique et le stress hydrique que subit le Maroc dont une partie de l’économie repose sur le secteur agricole (environ 13% du PIB).