Finance

Banque digitale : derrière la tech, un tout long chemin…

Depuis l’avènement de l’informatique, l’industrie bancaire marocaine a connu plusieurs mutations qui ont transformé le métier. De la mécanographie au digital aujourd’hui, le changement est palpable.

Depuis son apparition, l’informatique a changé le monde. Elle a fait basculer ce dernier d’une ère industrielle à un âge numérique. Mais comme Rome ne s’est pas construite en un jour : l’informatique telle qu’on la connaît aujourd’hui s’est construite sur de nombreuses années. Ainsi, tel une révolution, cet outil a impulsé la croissance de bien des secteurs, en l’occurrence celui de la banque. Il a donc été un véritable catalyseur qui a changé au fil des années le visage de la banque. Au Maroc, le secteur n’est pas resté en marge de ces avancées technologiques. Ce dernier a subi de fond en comble toutes les transitions.

« L’histoire de l’informatique au niveau de la banque marocaine a commencé par la mécanographie (c’étaient des fiches physiques où on enregistrait les soldes clients). Et à cette époque, un centre mécanographique comprenait en général une trieuse, une interclasseuse et une tabulatrice programmable par câblage qui étaient opérées par des techniciens. Après, on est passé au host système ; et nous avons commencé à développer les applications sur ça au niveau de la banque. Et à l’époque, nous utilisions les cartes perforées comme supports de travail », souligne Idri Taibi, un ex-ingénieur informaticien de la promotion des années 1976 de l’université de Bordeaux qui a bien voulu nous plonger dans ce passé plein de nostalgie. Et d’ajouter : « Au niveau des hosts, il y avait que deux géants de l’informatique sur la place : IBM et Bull ».

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Après l’épisode des hosts, le secteur a amorcé une autre évolution avec l’entrée de la micro-informatique dans les années 80 (émergence des PC). « Et là, au niveau de l’informatique en général, il y a eu un véritable bond en avant. On a commencé à avoir des PC avec des disques durs permettant de stocker plus de données. Et la micro-informatique avait deux modes clés d’utilisation : l’utilisation locale (les outils de bureautique) et l’utilisation à distance (se connecter avec le host à travers la ligne) », explique Taibi.

Par ailleurs, il faut souligner que l’un des faits marquants de ces différentes transitions a été essentiellement l’apparition d’internet (1994-1995) qui a permis d’ouvrir les systèmes d’information vers l’extérieur. Cette innovation a, en un mot, réinventé la relation des banques avec leurs clients. En clair, cet outil a permis aux banques de porter leurs systèmes informatiques vers leurs clients en supprimant plusieurs étapes d’intermédiation et en permettant la digitalisation de l’ensemble de leurs relations clients.

Par conséquent, toutes ces évolutions ont permis au secteur bancaire de se développer ainsi que de mettre en place de nouveaux produits (guichet automatique, transferts d’argent…). « Celle-ci s’est retrouvée avec un nouveau visage. On est passé de la banque dépôt-retrait à la banque commerciale », commente l’ingénieur informatique.

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D’autre part, il faut également notifier que cette aventure a été soutenue par les banques. Les acteurs du secteur à l’époque n’ont pas hésité à investir dans l’informatique. Pour la petite histoire, Feu Moulay Ali Kettani, ex-PDG du groupe Attijariwafa Bank, avait à l’époque misé sur l’informatique : « Il nous a dit une fois dans un meeting : Moi, je ne discute pas les factures de l’informatique. Je les signe les yeux fermés. » Il a donc investi énormément dans le matériel, les ressources humaines, et la communication, nous confie Taibi.

Des années après, l’intérêt est toujours le même, voire plus important. C’est ainsi que Khalid Ziani, expert en NTIC, déclare : « Il représente entre 25 et 30 % (d’investissement informatique et digital) de la totalité des coûts des banques, y compris les charges salariales, les coûts des ressources. Et dans la banque, l’investissement en informatique est une orientation stratégique de tous les dirigeants ».

Cependant, il faut quand même rappeler que le secteur bancaire a pu s’arrimer aux standards internationaux en raison des réformes profondes qui ont été opérées à l’aune des années 80.

Banque : les réformes tournées vers le progrès

Le Maroc a engagé d’importantes réformes structurelles afin de jeter les bases d’une croissance économique forte et durable. C’est en ce sens que le secteur bancaire a été placé au centre de cette dynamique de réformes, compte tenu de son rôle clé en matière de renforcement de la croissance.

En effet, ces réformes avaient pour objectif de faire converger la réglementation marocaine en la matière vers les standards internationaux. Ainsi ont été introduits, dans le cadre de la loi bancaire de 1993, le désencadrement du crédit, la suppression progressive des emplois obligatoires, la libéralisation des taux d’intérêts débiteurs en 1996 et, la même année, le lancement d’un marché des changes interbancaire.

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À partir de 2000, un nouveau plan comptable pour les établissements de crédit a été adopté. Cette libéralisation de l’activité bancaire s’est réalisée dans un cadre prudentiel renforcé (notamment en matière de classification des créances douteuses à provisionner) que le système bancaire a globalement su intégrer, exception faite des anciens organismes financiers spécialisés.

Le marché financier, quant à lui, après sa modernisation par une batterie de mesures durant les années 1993, a connu, en 2004, une mise à jour de son infrastructure et de ses règles de fonctionnement et un renforcement des pouvoirs de l’autorité de marché.

De plus, en 2006, la promulgation de la nouvelle loi bancaire a apporté deux éléments fondamentaux : d’une part, de nouvelles règles prudentielles dans le cadre de Bâle II, plus qualitatives et spécifiques, nécessitant le recours à de nouveaux profils en matière de ressources humaines et à des moyens techniques sophistiqués ; et d’autre part, l’autonomie de la banque centrale, seule institution chargée de veiller à la régulation et à la surveillance du système bancaire et de conduire la politique monétaire.

Pour rappel, il convient de souligner qu’entre 2006 et 2007, la totalité des banques marocaines ont commencé véritablement à s’équiper sur le plan matériel, technique et au niveau des ressources humaines afin de respecter les nouvelles normes prudentielles adoptées par Bâle II. Ces nouvelles normes devaient avoir pour conséquence l’instauration de nouveaux rapports entre la banque et sa clientèle.

 
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