Barrages, cultures, croissance… quels impacts les récentes pluies auront sur l’économie marocaine?
Les récentes précipitations au Maroc ont renfloué les taux de remplissage des barrages dans toutes les régions, notamment au nord et au centre. Entre joie et réserve, l’agroéconomiste Larbi Zagdouni appelle à garder les pieds sur terre.
Plusieurs régions du Maroc ont été réjouies par les pluies enregistrées ces dernières semaines du mois de mars. Ces averses ont contribué à l’augmentation des réserves des barrages, selon les données du ministère de l’Équipement et de l’Eau.
Selon son bulletin sur la situation journalière des barrages au Maroc, les retenues de trois barrages au niveau du bassin Loukkos affichent un taux de remplissage de 100%. Il s’agit des barrages Chefchaouen, Charif Al Idrissi, et Nakhla dans la province de Tétouan. Le barrage d’Oued Za, relevant du bassin de la Moulouya, et le barrage Bouhouda, au niveau du bassin Sebou, ont également atteint leur pleine capacité. Deux autres barrages affichent un taux de remplissage dépassant 90% : le barrage Allal Fassi dans le bassin Sebou, et Sidi Driss dans le bassin Oum Er Rbia.
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Le ministère de l’Équipement et de l’Eau souligne également que le taux de remplissage au 28 mars s’élève à 4 392,9 millions de mètres cubes, soit un taux de plus de 27,2%. Ce niveau, en hausse de plus de 2% par rapport au début du mois, reste en deçà du taux de remplissage enregistré à la même période de l’année dernière, où les réserves des barrages avaient atteint 34,7%, soit une baisse de plus de 7%.
Impact sur le moral des citoyens
« Les récentes précipitations sont de nature à induire de nombreux impacts positifs, tant directement qu’indirectement. Ainsi, l’impact sur le secteur agricole, qui pèse structurellement environ 50% de notre croissance économique, semble évident. Mais, et c’est sans doute tout aussi important, voire davantage, l’impact sur le moral de nos concitoyens est également très prégnant. Chez nous, la pluie semble rimer avec confiance en l’avenir et sérénité, ce qui peut influer positivement sur les comportements de consommation et d’investissement », explique Hicham Bensaid Alaoui, DG d’Allianz Trade.
Contacté par Challenge pour éclairer les incidences économiques de ces précipitations sur l’agriculture marocaine, l’agroéconomiste Larbi Zagdouni déclare : « Les pluies de ces derniers jours du mois de mars ont un impact très positif d’abord sur les cultures céréalières des régions du Maroc. Ces impacts se ressentiront également sur les cultures maraîchères et certaines cultures fruitières. Enfin, elles auront un impact sur les pâturages ».
Cependant, en ce qui concerne le remplissage des barrages, l’expert se montre moins enthousiaste. « Il faut nuancer nos propos. Ce n’est pas tous les barrages qui sont déjà remplis, encore moins les grands barrages. Le niveau de ces barrages est en deçà de celui de l’an dernier », explique Zagdouni. Et de prévenir : « Une pluie de quelques semaines ne doit pas faire oublier la problématique du stress hydrique. On doit toujours rester vigilant et accepter de voir le stress hydrique comme une donnée avec laquelle nous devons composer dans la durée ».
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Pour l’expert, ce contexte ne doit pas nous détourner du véritable enjeu, qui est la gestion efficace de ces ressources hydriques dans les barrages. « Ceci dit, il faut reconnaître que c’est une bonne nouvelle pour les régions où se situent ces barrages. Mais il y a nécessité d’avoir une approche de gestion optimale des ressources ».
Voici, par ailleurs les hauteurs de pluie relevées en millimètres, au cours des dernières 24H, par la Direction générale de la météorologie:
– Larache: 111 – Tétouan: 94 – Tanger: 75 – Chefchaouen: 48 – Kénitra: 32 – Salé: 22 – Rabat: 20 – Essaouira: 19 – Casablanca: 17 – Safi, Nouaceur et Ifrane: 16 – Mohammedia, Meknès et Fès: 15 – El Jadida: 14 – Sidi Slimane: 13 – Benslimane: 12 – Tit Mellil et Settat: 11 – Al Hoceima: 10 – Inezgane: 08 – Taza et Khouribga: 07 – Taroudant: 05 – Nador: 03 – Taourirt et Benguerir: 02 – Oujda, Dakhla, Agadir, Essaouira-port et Sidi Ifni : moins d’un millimètre.