Belguendouz : « Si Sebta était décolonisée, il n’y aurait pas eu de crise migratoire à Fnideq »
Les forces de l’ordre marocaines ont repoussé, le week-end dernier, des centaines de migrants, principalement des Marocains et des ressortissants d’autres pays africains, qui tentaient de rejoindre l’enclave de Sebta après avoir été incités par des appels sur les réseaux sociaux.
Parmi eux, de nombreux mineurs se sont dirigés vers le poste-frontière de Fnideq avant d’être dispersés par la police. Un important dispositif sécuritaire avait été déployé dans la région suite à ces appels, et plusieurs migrants ont été interpellés.
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Le corps d’un migrant a également été retrouvé sur une plage de Fnideq, tandis que les autorités poursuivaient les arrestations liées à la diffusion de fausses informations incitant à la migration clandestine.
Abdelkrim Belguendouz, expert en politiques migratoires, analyse pour Challenge.ma cette soudaine vague migratoire, dont les origines restent encore à élucider.
Challenge : Que s’est-il passé ce week-end à Fnideq ?
AB : Pour comprendre ce qui a incité ces personnes à se mobiliser et à se réunir, plusieurs questions se posent. Mais ce que je vais dire ne reste que de simples hypothèses. Qui a intérêt à propager ce genre de nouvelles et d’incitations ? Est-ce, pour certains, une occasion de régler des comptes avec le Maroc, de lui créer des difficultés avec l’Espagne, alors que les deux pays se sont rapprochés au cours des deux dernières années avec l’alignement de l’Espagne sur les positions marocaines concernant le Sahara ? Cela reste à vérifier, mais ce ne sont que des hypothèses.
Mais qu’en est-il du fond du problème ?
Sur le fond, je pense que cette volonté d’émigrer massivement est due essentiellement à des raisons socioéconomiques qu’il ne faut absolument pas négliger. Cela se traduit par l’aggravation de la pauvreté. Au même moment, on constate que pour de nombreux jeunes, l’horizon est bouché. Beaucoup n’ont plus d’espoir et n’ont plus confiance en l’avenir. C’est cette absence de perspectives qui pousse les jeunes, voire les très jeunes, à vouloir partir.
Face à l’afflux massif de migrants, les autorités ont-elles réussi à maîtriser la situation ?
En ce qui concerne les réactions des autorités, je pense qu’il y a un aspect que l’on ne peut nullement approuver : c’est le fait de déplacer pratiquement tous les jeunes. Prendre des jeunes à Fnideq et les envoyer dans des localités du centre du Maroc relève de transferts qui sont anticonstitutionnels.
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Au Maroc, la liberté de circulation est garantie, et n’importe quel citoyen peut s’installer où bon lui semble dans le pays. Cette méthode ne me semble pas être la bonne solution. La vraie solution, à moyen terme, est de résoudre les problèmes de la jeunesse.
Je tiens également à rappeler que Sebta est une ville sous domination coloniale. Si elle était libérée du colonialisme, le fait de s’y rendre n’aurait plus la même signification, et on ne constaterait pas ce genre de vagues migratoires.