Gestion locale

Casablanca : mais où sont les toilettes publiques?

Au Maroc, la plupart des plages sont dépourvues d’infrastructures sanitaires (toilettes, douches, centres de secours…). Une situation qui crée des désagréments pour les touristes et les MRE, surtout durant la saison estivale. Depuis 2018 à Casablanca, un projet d’installation de toilettes peine à voir le jour.

« A l’aune du mondial, il est impératif que toutes les villes qui abriteront les matchs soient équipées de toilettes publiques. C’est une question de planification urgente », prévient d’entrée l’économiste Adnane Benchékroune. Inscrit en lettres d’or comme un sujet de santé publique, le droit de se soulager en ville est une véritable équation insoluble, surtout pour les personnes atteintes de maladies chroniques nécessitant des passages aux toilettes réguliers et souvent imprévisibles. Au risque de supporter ad vitam aeternam ce besoin pressant en allant à la chasse des rares toilettes publiques, les citadins de la ville blanche sont contraints de toquer aux portes des cafés. Et, au risque de se faire refouler, ils choisissent de passer à la caisse en se payant des cafés pour pouvoir accéder aux toilettes.

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« Au nom de tous les Casablancais, je sollicite les responsables et dirigeants de la ville de mettre en place des toilettes publiques pour VOS (leurs, ndlr.) compatriotes », écrivait en 2020 une internaute sur le groupe Facebook « Save Casablanca ». Et surtout en cette période estivale, le problème se ressent davantage. Connaissant des vagues importantes de touristes, MRE et touristes sur les plages souffrent du manque de toilettes. Les quelques toilettes publiques en bois installées le long des corniches sont toujours fermées, ce qui oblige les estivants à se tourner vers les toilettes des cafés et restaurants pour se soulager.

Un projet toujours en suspens ?

Face aux plaintes des citadins, la Commune urbaine de Casablanca avait consacré une enveloppe budgétaire de 3,5 millions de dirhams pour réhabiliter 14 toilettes publiques. Rappelons d’ailleurs que le Conseil de la ville avait même, bien avant, confié à la SDL Casa Aménagement la mission de construire quelque 128 unités à nettoyage automatique. Ce marché avait fait polémique en raison de son coût, jugé exorbitant, nécessitant un investissement de 60 millions de dirhams, soit 600 000 dirhams l’unité. Jusqu’à aujourd’hui, le projet peine à sortir de terre. Ce n’est que récemment que Casa-Baïa a lancé un appel d’offres pour l’acquisition de blocs sanitaires. Le prestataire sélectionné devra fournir, installer et mettre en service 30 à 60 blocs de toilettes publiques sur le territoire de la commune de Casablanca (qui compte 16 arrondissements).

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Dans le détail, l’adjudicataire devra assurer la fourniture et l’installation d’un bâtiment modulaire composé de 2 blocs occupant le moins d’espace possible et offrant un espace intime. Chaque bloc est composé d’un minimum de 2 cabines (homme/femme) clairement marquées et avec des entrées distinctes. Ces cabines doivent en outre être équipées de systèmes de ventilation et de détection d’incendie ainsi que de caméras de surveillance installées à l’extérieur. Elles doivent aussi être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Sans oublier que les surfaces extérieures des blocs sanitaires doivent permettre l’installation d’équipements d’affichage publicitaire. « On ne comprend pas ce qui retarde ce projet. Je pense que le problème se trouve peut-être au niveau de l’exécution du projet, qui devrait en effet être pris en charge par le privé », explique l’économiste.

Rappelons qu’à la veille des grands rendez-vous en perspective, notamment le mondial et la Coupe d’Afrique, cette offre urbaine de qualité s’avère importante. « Pour se distinguer et rivaliser efficacement, les grandes villes doivent proposer une offre urbaine de qualité, inclusive, diversifiée et globale. Cette approche garantit que tous les groupes — résidents, visiteurs et investisseurs — trouvent des services adaptés à leurs besoins. Par exemple, des pistes cyclables, des jardins, des chemins piétonniers, ainsi que des installations modernes telles que des équipements sanitaires, des centres de loisirs, des espaces culturels et des services de sécurité, améliorent l’expérience globale et répondent aux attentes variées. En coordonnant ces éléments dans une stratégie cohérente, une ville peut se démarquer, attirer un large public et soutenir un développement durable », explique l’expert en marketing territorial Hicham Echattabi.

 
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