Immigration

Ces MRE qui choisissent de rentrer définitivement à la maison

Dans les grandes villes occidentales, l’heure est au retour à la maison pour bon nombre de Marocains. Pour ces derniers, le retour aux sources est à la fois une opportunité et une action patriotique, car le Maroc a besoin de ses talents.

C’était au lendemain de la guerre que l’Europe avait lancé un gigantesque programme d’immigration pour attirer Portugais, Marocains, Tunisiens et certaines nationalités d’Afrique subsaharienne pour la reconstruction du vieux continent. Ces ressources humaines font partie intégrante de l’histoire de ces pays. Pour un pays comme la France, ces dernières années, les petites-filles et petits-fils de ces bâtisseurs sont pris dans un piège culturo-politique, source de rupture avec la terre qui les a vus naître. Dans une édition spéciale, le média BBC Afrique a mis en lumière ces fils d’immigrés nombreux à rentrer dans les pays de leurs parents.

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En chiffres, selon les dernières données communiquées par le ministère des Affaires étrangères, ils sont 5,1 millions de Marocains vivant à l’étranger, ce qui représente environ 15 % de la population marocaine. Nombreux sont ceux qui aspirent aujourd’hui à parcourir le chemin inverse de celui emprunté par la première génération dans les années 1950 pour s’installer au Maroc et fuir un climat politique « anxiogène » ainsi que des discours « racistes et islamophobes » qui minent leur moral. Pas seulement en France, mais aussi dans plusieurs grandes villes occidentales, avec des symptômes différents, l’immigration heureuse semble être une illusion.

Sortir du dôme ?

Il y a un véritable plafond de verre. « Après avoir fait 20 ans au Canada, j’ai compris que mon avenir n’était pas ici », confie une source ivoirienne travaillant dans le secteur de la presse pendant deux décennies au Canada. « Depuis quelques années, j’ai préparé mon retour en Afrique. Et j’ai décidé de m’installer à Marrakech, car mon marché est à cette jonction. »

Le back to Africa est aujourd’hui un phénomène socio-culturel assez présent. Au-delà du désir d’échapper aux tensions sociales, ces retours sont motivés par l’envie d’améliorer leur situation économique et surtout d’assurer un avenir financier et professionnel. Le constat est amer : pour ces personnes vivant, par exemple, en France, il devient de plus en plus difficile de trouver un emploi, d’accéder à des postes de responsabilité ou de créer leur propre entreprise.

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Le Maroc devient alors une option privilégiée. Même sur les réseaux sociaux, ce mouvement du grand retour trouve un écho. En témoigne ce groupe Facebook « J’ai décidé de m’installer au Maroc », qui compte pas moins de 150 000 membres, dont la plupart sont des MRE [Marocains Résidant à l’Étranger], échangeant leurs expériences et conseils sur le parcours de retour dans le royaume, ou encore cette page Instagram « Vivre au Maroc », avec 8 000 abonnés partageant conseils et astuces régulièrement.

À la télévision, le média national 2M a dédié une émission intégrale pour comprendre ce phénomène. Diffusée tous les jeudis en soirée, l’émission animée par le journaliste Youssef Zouitni propose un long format consacré aux Marocains du monde qui ont décidé de rentrer au royaume et d’y entreprendre. Loin de rompre totalement les liens avec leurs pays d’adoption, ils utilisent leurs compétences et leurs réseaux en Europe pour développer leurs projets au Maroc avec un œil intéressé sur l’Afrique.

« Unités industrielles, immobilier, salles de sport, franchises commerciales, restauration et pâtisserie : le spectre de leurs activités est large et varié, tout comme la batterie de mesures pour les encourager à investir au Maroc. Incitations fiscales, subventions, soutien et orientation à travers les Centres Régionaux d’Investissement… Des agences privées se sont même spécialisées en organisant des conférences pour les Marocains Résidant à l’Étranger désireux d’investir dans le royaume », apprend-on après visionnage.

« Une part significative de l’avenir du développement du Maroc dépendra de son capital talent : du nombre d’ingénieurs formés par an (la Chine : 1,3 million, l’Inde : 1,5 million, le Maroc : 10 000) et du nombre de jeunes en formation professionnelle rémunérée en alternance entre enseignement et entreprise (1,3 million en Allemagne) », confie l’économiste Abdeghani Youmni. Et d’ajouter : « Nous sommes convaincus que dans les prochaines décennies, le Maroc pourrait devenir l’équivalent de la Corée du Sud en Afrique. »

Un choix très préparé

Même si on peut voir derrière ces retours des actes marqués d’émotions, il faut souligner qu’il s’agit souvent de choix minutieusement préparés. En France, par exemple, ces dernières années, de nombreux clubs de conseil ont émergé dans ce sens. Dans ces cercles, les candidats potentiels au grand retour participent à des séances de coaching sur différents projets.

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Sur son site officiel, le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger met l’accent sur la préparation nécessaire pour un retour réussi. La structure n’hésite pas à rappeler les défis de ce projet, bien que beaucoup aient trouvé leur compte. C’est le cas de Hakim, un jeune consultant en informatique accompagné par cette instance, qui s’est installé au Maroc il y a trois ans en intégrant la filiale d’un cabinet de conseil international à Casablanca.

Souss-Massa : la région qui mise sur les MRE

Selon les données du CRI de Souss-Massa, une part importante de cette diaspora marocaine établie en Europe, plus spécifiquement en France (91 %), est originaire de cette région, historiquement marquée par une forte mobilité migratoire, qu’il s’agisse d’accueil, de transit ou de retour.

À la lumière de cet atout que représente cette masse de compétences, le CRI a décidé depuis quelque temps d’attirer cette communauté porteuse d’idées novatrices pour investir dans leur mère-patrie. Ainsi, il a lancé le programme Welcome Home by CRI Souss-Massa, destiné à accompagner la diaspora marocaine dans ses démarches d’investissement dans la région.

Parallèlement, le Fonds MDM Invest finance des projets de création ou d’extension d’entreprises promus au Maroc directement par des Marocains Résidant à l’Étranger. Concrètement, près de 100 projets de développement local ont été financés par ce programme à travers le fonds régional Migration.

 
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