CHU Ibn Sina, l’ouverture en 2026 est-elle réalisable ?
Dans un Maroc où le social occupe une place cruciale dans l’action de l’État, l’Hôpital Ibn Sina, véritable symbole de cette dynamique, permettra au Maroc de faire un pas de géant sur le chemin de la souveraineté sanitaire. Après son lancement en 2022, quel bilan d’étape sur ce projet de santé publique ?
Au Maroc, comme partout dans le monde, la santé, comme composante du capital humain, est l’un des secteurs fondamentaux de développement et de croissance de toute économie, et reste au centre des préoccupations des pouvoirs publics. Selon une étude de l’OMS, un individu bien portant est économiquement plus productif et contribue ainsi à la croissance économique, car le niveau de santé influence la productivité de chaque travailleur, affectant ainsi le progrès économique.
C’est en cela que tous les pays considèrent la prestation de « soins de santé » comme un aspect important du développement socio-économique de leur pays. Cependant, si l’amélioration de l’état de santé des citoyens semble être un « facteur boost » de l’économie, dans certains pays, le secteur de la santé présente certaines carences qui plongent des franges entières dans une forme d’insécurité sanitaire.
Au Maroc, par exemple, sous la houlette du souverain qui a fait du social un must, le gouvernement a revu à la hausse le budget sanitaire, en allouant près de 23,5 milliards de dirhams au ministère de tutelle. Ainsi, une batterie de réformes du système de santé a été impulsée, notamment la valorisation des ressources humaines, en levant les restrictions inscrites dans la loi 131.13 en rapport avec l’exercice du métier de médecin par les étrangers au Maroc ; la qualification de l’offre sanitaire, à travers la mise à niveau des établissements de soins de santé primaires (centres de santé) portant sur la réhabilitation des bâtiments, des équipements et le renforcement des ressources humaines.
On note également le renforcement de l’offre hospitalière à travers la réhabilitation des hôpitaux, avec un budget annuel de 1 milliard de dirhams à l’horizon 2025, pour renforcer les capacités hospitalières en équipements et matériels biomédicaux.
En tant que symbole de cette dynamique de restructuration et de mise à niveau du secteur, le méga projet futuriste, dont la première pierre a été posée par Sa Majesté, représente aujourd’hui le fil d’Ariane de cette refonte du système sanitaire.
« Le projet Ibn Sina s’inscrit dans la stratégie de régionalisation du système sanitaire. Il représente le cœur de ce nouveau schéma directeur sanitaire en construction », explique un professeur économiste de la santé.
En effet, ce projet ambitionne d’apporter un nouveau souffle et de renforcer l’offre de soins à l’échelle territoriale, nationale et même continentale. Mobilisant plus de 6 MMDH d’investissements, le Centre Hospitalier Universitaire de nouvelle génération souhaite se positionner comme une pépinière de compétences et une structure d’excellence médicale, à même d’assurer aux ressources humaines du secteur de la santé une formation de qualité, adaptée à l’évolution scientifique et technologique intervenue en matière de traitement, de prévention, de gestion et de gouvernance sanitaire, et ce, conformément aux standards internationaux.
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« Ce projet, à la différence des autres CHU, fera du numérique un fer de lance, notamment avec les systèmes digitalisés de traitement des urgences, la télémédecine, les dispositifs d’imagerie dernière génération », confie le Dr Rajae Ghanimi, médecin spécialiste en intelligence artificielle.
Quel état d’avancement à presque une année de 2026 ?
Selon une de nos sources proches du dossier, « les travaux avancent à un rythme satisfaisant. Nous sommes à près de 50 % de réalisation. » Propos d’ailleurs confirmés par Mountacer Charif Chefchaouni, gestionnaire hospitalier et expert international de la santé :
« Je pense que c’est un objectif trop ambitieux. Le bâtiment central peut être terminé, quant à son fonctionnement en 2026, c’est irréalisable. La dimension équipement, et surtout le volet gouvernance avec la nouvelle réforme des GSP, c’est toute une autre paire de manches », prévient l’expert.
Pour l’économiste Heikel, « c’est un grand projet assez complexe à la lumière de ses ambitions économiques, technologiques et surtout environnementales. La question des délais est importante, mais il ne faut pas occulter la dimension de ce projet et les défis, non seulement sur le plan sanitaire, mais surtout économique. »
Rappelons d’ailleurs que le ministère de la Santé, lors d’une conférence de presse sur l’évolution des travaux, avait annoncé que le projet avançait selon le calendrier prévu. Dans une interview récente, le directeur de l’hôpital Ibn Sina avait lui aussi annoncé 2026 comme date de démarrage des activités du centre de santé.
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En attendant son ouverture sine die, le complexe Ibn Sina prévoit une capacité litière de 1 044 lits, dont 148 en unités de soins intensifs et de réanimation. Avec une surface couverte de plus de 190 000 m², le futur hôpital comportera notamment un pôle d’hospitalisation, des unités de soins intensifs, des hôpitaux de jour, des services de consultations externes, d’exploration, des urgences et de soins de suite et de réadaptation, des unités de réanimation, une unité des grands brûlés, un service des maladies respiratoires graves et un centre d’hémodialyse, auxquels s’ajoutent des plateaux logistiques, administratifs et hôteliers.
« Le complexe Ibn Sina, au-delà de ses impacts en termes d’offre sanitaire dernière génération, notamment avec un parcours patient plus efficient, sera également source de création d’emplois », précise Heikel.
Et de prévenir : « Il n’est pas normal que le CHU soit géré par des professeurs de médecine. Nous devons avoir aujourd’hui des dirigeants spécialisés en management. En tant que vaisseau du système sanitaire, cet hôpital doit avoir un modèle de gouvernance à sa hauteur. »
L’hôpital Ibn Sina, c’est:
6 MMDH d’investissements
1 044 lits, dont 148 en unités de soins intensifs et de réanimation
Surface couverte : 190 000 m²
50 % de réalisation