Catastrophes naturelles

Comment expliquer les pluies diluviennes qui se sont abattues dans le sud ?

Depuis vendredi 6 septembre, le sud du Maroc, ainsi que les régions de l’Atlas, ont été fortement impactés par une masse d’air tropical extrêmement instable.

Ces conditions ont provoqué de fortes averses orageuses et des précipitations importantes, entraînant des crues dans plusieurs zones du sud-est et à l’est de l’Atlas. Voici les raisons d’un tel phénomène, selon la Direction générale de la météorologie.

Après l’épreuve du séisme, des pluies torrentielles et des inondations ont fait au moins onze morts et neuf disparus depuis le 6 septembre dans le sud du Maroc, un phénomène climatique « exceptionnel ». Dix-sept régions et provinces du royaume sont touchées. « Le volume des précipitations enregistrées en deux jours est équivalent à celui que connaissent ces régions en temps normal durant toute une année », a expliqué, lors d’un point de presse, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Rachid El Khalfi. Il faut d’ailleurs noter que, depuis le 6 septembre, le sud et le sud-est du Maroc ainsi que certaines zones de l’Atlas sont touchées « par une masse d’air tropical extrêmement instable, en raison de la position exceptionnelle du Front intertropical (FIT) sur le sud du pays », a expliqué la Direction générale de la météorologie (DGM).

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La DGM fait ainsi état de précipitations record, avec notamment 170 mm enregistrés en une seule journée à Tagounite, commune rurale de la province de Zagora, dans la région de Drâa-Tafilalet, un chiffre inédit pour cette région. Par ailleurs, en plus des fortes pluies, des vents puissants ont également balayé les reliefs de l’Atlas, le sud-est et l’est du pays. « Les rafales de vent ont atteint 100 km/h à Ouarzazate, 81 km/h à Errachidia, 76 km/h à Marrakech, 72 km/h à Midelt et 65 km/h à Nouaceur. Ces vents ont aussi causé un phénomène optique à Marrakech, donnant au ciel une teinte orange due à la diffusion de la lumière à travers les particules de poussière en suspension », détaille la DGM. Dans nos investigations, un long article d’analyse sur les anomalies des précipitations en Afrique du Nord, publié par Severe Weather Europe, un site de données météorologiques, explique : « Les quantités peuvent sembler peu élevées, mais si l’on considère la quantité totale annuelle, de nombreuses régions ont l’équivalent de plusieurs années de pluie en quelques jours ». (Image de weathermodels.com sous licence commerciale). En effet, dans le cas du Maroc, la DGM a observé des quantités de précipitations très élevées par rapport à la normale.

L’ensemencement des nuages, une autre raison ?

Face à la rareté des pluies, comme dans de nombreux pays, la technique de l’ensemencement des nuages apparaît parmi les alternatives. L’ensemencement des nuages consiste à modifier la structure d’un nuage pour augmenter les chances de précipitations (en augmentant la densité des molécules d’eau). Cela se fait en libérant de minuscules particules semblables à des cristaux de glace dans les nuages. Généralement, des particules d’iodure d’argent sont utilisées pour cela. Il existe deux méthodes principales pour disperser ces particules dans les nuages :

  • Utiliser des générateurs qui vaporisent les particules vers les nuages.
  • Utiliser des avions qui déversent les particules en survolant les nuages.

Au Maroc, les projets d’ensemencement des nuages seront étendus et développés avec la création de 12 sites supplémentaires et de deux centres principaux à Tensift Al Haouz et Souss-Massa au début de l’année 2025. Cela portera le nombre total de sites d’ensemencement artificiel des nuages à 47 dans le royaume, et celui des centres principaux à 7.

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Bien qu’elle présente de nombreux avantages, cette méthode est cependant source de certains risques. Une étude publiée dans la revue Nature en 2017 montrait que des émissions massives d’aérosols dans la stratosphère pourraient à terme bouleverser les équilibres dans la circulation générale des courants, notamment le régime des pluies. Certaines régions du globe pourraient de ce fait connaître des inondations, d’autres des sécheresses. « L’injection d’aérosols stratosphériques appliquée à l’hémisphère sud augmenterait la fréquence des cyclones tropicaux par rapport à une application SAI globale, et inversement pour l’injection d’aérosols stratosphériques dans l’hémisphère nord. Nos résultats réaffirment les préoccupations concernant la géo-ingénierie régionale et devraient motiver les décideurs politiques à réglementer les déploiements de géo-ingénierie unilatéraux à grande échelle », préviennent les scientifiques.

À Dubaï, l’ensemencement des nuages ou cloud seeding

C’est devenu une pratique courante pour augmenter les précipitations dans cette région aride. Le gouvernement de Dubaï, à travers le Centre national de météorologie (NCM), a lancé plusieurs initiatives pour financer des projets d’ensemencement des nuages, visant à sécuriser l’approvisionnement en eau pour ses habitants et pour l’irrigation. Le processus d’ensemencement des nuages à Dubaï implique généralement l’utilisation d’avions qui dispersent des particules d’iodure d’argent dans les nuages. Ces particules agissent comme des noyaux autour desquels les gouttelettes d’eau peuvent se former. Lorsque ces gouttelettes deviennent assez lourdes, elles tombent sous forme de pluie. Cette méthode est particulièrement efficace dans les nuages qui contiennent déjà de l’eau mais qui ont besoin d’un coup de pouce pour commencer le processus de précipitation.

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L’ensemencement des nuages ou cloud seeding offre plusieurs avantages à Dubaï, notamment :

  • Augmentation des précipitations : essentiel pour recharger les aquifères et fournir de l’eau pour l’agriculture et la consommation humaine.
  • Amélioration de la qualité de l’air : en réduisant la quantité de poussière et de particules fines dans l’air.
  • Soutien à la biodiversité : en fournissant l’eau nécessaire à la survie des plantes et des animaux dans la région.

Malgré ses avantages, l’ensemencement des nuages à Dubaï présente également des défis :

  • Incertitude des résultats : les précipitations peuvent être difficiles à prévoir et à contrôler, rendant certains efforts d’ensemencement moins efficaces.
  • Coûts : les opérations d’ensemencement des nuages peuvent être coûteuses, nécessitant des avions spécialisés et des matériaux.
  • Considérations environnementales : l’utilisation de produits chimiques soulève des questions sur les impacts potentiels sur l’environnement et la santé.

 
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