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Comment le Maroc a manqué le virage du synthétique dans la chaussure ?

Pendant des décennies, le Maroc a misé sur le cuir, une matière noble et traditionnelle, pour sa production de chaussures. Cependant, avec l’évolution des tendances mondiales vers le synthétique, le pays a perdu un avantage concurrentiel majeur. Une prise de conscience récente a vu le jour qui a pour ambition de retourner cette situation. Détails.

Le secteur de la chaussure a longtemps été un pilier de l’économie marocaine, employant des milliers de personnes et contribuant de manière significative aux exportations du pays. Cependant, cette industrie a stagné au fil des décennies en se concentrant principalement sur le cuir comme matière première. «À l’époque, le cuir était considéré comme de haute qualité et était très demandé sur le marché mondial», explique azeddine Jettou lors d’une discussion à l’occasion d’un point de presse organisé à l’occasion du lancement du Flo Industry Morocco. Mais alors que les habitudes de consommation ont évolué et que la demande pour des chaussures synthétiques, en particulier dans le domaine du sport, a augmenté, le Maroc s’est retrouvé mal préparé pour faire face à ce changement.

«En négligeant la production de chaussures synthétiques, le Maroc a manqué une occasion unique de diversifier son industrie de la chaussure et de s’adapter aux nouvelles tendances du marché», souligne l’expert qui estime que le pays a près de 30 ans de retard dans ce domaine.

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Le pays a ainsi laissé passer des opportunités de croissance et de développement économique, mettant en péril un secteur qui avait un potentiel énorme. Alors que d’autres pays se sont tournés vers le synthétique pour répondre à la demande croissante des consommateurs, le Maroc est resté à la traîne, perdant ainsi sa place sur le marché international de la chaussure.
Cette stratégie a conduit le pays à perdre du terrain dans un secteur où «la demande mondiale est en constante croissance, avec près de 95% de la demande mondiale se concentrant sur les chaussures sportives synthétiques », précise Jettou.

Il est clair que le Maroc a perdu du temps en restant attaché au cuir, alors que le monde évoluait vers le synthétique. Pour relancer son industrie de la chaussure et rester compétitif sur le marché mondial, le pays doit maintenant investir dans la production de chaussures synthétiques, en utilisant des technologies de pointe et en suivant les tendances du marché.

Et c’est justement ce qui est en train de se préparer en lançant le Flo Industry Morocco. Un partenariat innovant entre des acteurs turcs de renom et la famille Jettou, qui s’engage à propulser le Maroc et son savoir-faire sur la scène internationale. Ce partenariat vise à renforcer l’expertise marocaine dans la production de chaussures synthétiques et à offrir des opportunités de croissance et de développement dans un secteur négligé depuis trop longtemps.

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Dans ce sens, des plans de formation ambitieux sont en cours pour redynamiser ce secteur et combler le fossé créé par des décennies d’orientation vers le cuir. «Il s’agit d’une occasion unique de relancer l’industrie de la chaussure synthétique au Maroc et de lui permettre de rivaliser avec succès sur le marché mondial» précise l’expert.

L’importance de ce secteur pour l’économie marocaine ne peut être sous-estimée. Non seulement il offre des opportunités d’emplois et de croissance économique, mais il contribue également à diversifier le tissu industriel du pays et à renforcer sa compétitivité sur la scène internationale. Le développement réussi de la production de chaussures synthétiques pourrait avoir un impact significatif sur l’ensemble de l’économie marocaine.

En investissant dans ce secteur prometteur et en tirant parti de l’expertise locale, le Maroc a l’opportunité de rattraper les années perdues et de devenir un acteur majeur dans la production de chaussures synthétiques. Ce changement d’orientation stratégique est un pas dans la bonne direction pour saisir les opportunités offertes par un marché en évolution constante et pour renforcer la position du Maroc sur l’échiquier mondial de l’industrie de la chaussure.

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Il est donc temps pour le Maroc de tourner la page sur les décennies de focalisation excessive sur le cuir et d’embrasser pleinement le potentiel du secteur de la chaussure synthétique. «Grâce à des partenariats innovants, des efforts de formation ciblés et une vision à long terme, le Maroc peut se positionner comme un acteur clé dans ce domaine en pleine expansion, créant ainsi de nouvelles opportunités de croissance et de prospérité pour son économie et sa population ».

 
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