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Comment le Maroc compte s’imposer dans le marché européen du cannabis légal

Le Maroc s’apprête à devenir un acteur clé sur le marché européen du cannabis légal, tirant parti de la légalisation dans 21 des 27 pays membres de l’Union européenne. Selon les prévisions, les revenus annuels issus de cette nouvelle filière pourraient atteindre entre 400 et 600 millions d’euros d’ici à 2028.

En 2021, le Maroc a promulgué une loi autorisant l’usage licite du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. Depuis, près de 200 opérateurs se sont engagés dans ce secteur, exploitant la promesse d’un marché mondial dont la valeur pour le seul volet thérapeutique devrait dépasser les 50 milliards de dollars d’ici 2028, d’après Insight Partners.

En juin 2024, le Maroc a franchi une étape importante en exportant pour la première fois du cannabis produit légalement sur son sol. Comme le rapporte Le Monde, un quintal de résine, avec une teneur en THC inférieure à 1 %, a été vendu entre 1 400 et 1 800 euros le kilo à la Suisse. Bien que cette première exportation reste symbolique, elle a suscité un vif intérêt parmi les acteurs privés marocains.

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Le laboratoire pharmaceutique Sothema a déjà développé une quinzaine de médicaments à base de cannabis pour traiter des pathologies douloureuses comme les cancers et la sclérose en plaques. Selon Le Monde, ces médicaments pourraient être commercialisés d’ici 2025. Le directeur de la filiale Axess Pharma, Khalid El-Attaoui, vise les marchés marocain et européen, notamment l’Allemagne, le Danemark, la Suisse, l’Italie et la France, qui a récemment autorisé le cannabis médical à titre expérimental.

À Rabat, l’optimisme règne à l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC). Son directeur, Mohammed El-Gerrouj, voit dans le cannabis un potentiel similaire à celui de l’industrie automobile, qui est devenue en quinze ans le premier secteur exportateur du Maroc. L’ANRAC souligne que le cannabis marocain pourrait être utilisé dans divers secteurs, de la médecine à l’aéronautique en passant par l’agroalimentaire et le textile.

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La reconversion des cultures illicites en activités légales est en bonne voie. Le Monde rapporte que les surfaces cultivées autorisées sont passées de moins de 300 hectares en 2023 à environ 3 000 hectares cette année, répartis entre Al-Hoceima, Chefchaouen et Taounate, dans la région du Rif. Le nombre d’agriculteurs agréés a également augmenté, atteignant près de 3 300, soit sept fois plus qu’il y a un an. Le prix payé aux producteurs pour le cannabis autorisé est nettement plus élevé que pour le cannabis illicite, incitant davantage de cultivateurs à passer à la légalité.

Malgré ces avancées, des défis subsistent. Les pertes liées aux conditions climatiques et les coûts de production plus élevés qu’en Europe sont des obstacles majeurs. Cependant, l’ANRAC milite pour l’utilisation de variétés locales de cannabis, comme la « beldiya », qui est moins consommatrice d’eau et mieux adaptée au climat marocain. Selon Le Monde, la certification de cette variété pourrait permettre sa mise à disposition des cultivateurs dès 2025.

 
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