Retraite

Comprendre comment fonctionne le système de retraite au Maroc [Guide détaillé]

Le système de retraite au Maroc est un pilier essentiel de la sécurité sociale. Toutefois, comprendre les mécanismes et les composantes de ce système peut s’avérer complexe. Voici un guide détaillé pour vous aider à comprendre comment fonctionne le système de retraite au Maroc.

Structure du système de retraite

Le système de retraite au Maroc est divisé en deux principaux régimes : le régime de base obligatoire et les régimes complémentaires facultatifs.

Régimes de base obligatoires :

1.Régime Collectif d’Allocation de Retraite (RCAR) : Ce régime couvre les fonctionnaires et agents des établissements publics. Il est géré par la Caisse Marocaine des Retraites (CMR).

2.Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) : Ce régime concerne les salariés du secteur privé. La CNSS gère ce fonds de pension.

3.Régime des pensions civiles et militaires : Également géré par la CMR, il couvre les fonctionnaires civils et militaires de l’État.

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Régimes complémentaires facultatifs :

Ces régimes sont souvent proposés par des entreprises privées ou publiques pour offrir une protection supplémentaire aux salariés au-delà du régime de base obligatoire. Ils peuvent être souscrits via des assurances ou des mutuelles.

Types de régimes

On peut distinguer plusieurs types de régimes de retraite selon leur mode de fonctionnement et le type de prestations qu’ils assurent à leurs adhérents.

1.Régime à prestations définies : Les prestations qui seront servies à l’âge de la retraite sont fixées dès le départ, notamment le montant de la pension de retraite ou les modalités de son calcul. Les cotisations sont alors déterminées en conséquence.

2.Régime à cotisations définies : Les montants des cotisations à verser sont fixés au départ. Les prestations à servir aux bénéficiaires découlent de ces cotisations.

3.Régime par capitalisation : Les prestations résultent des cotisations versées revalorisées.

4.Régime par répartition : La solidarité intervient de manière importante et consiste à redistribuer aux adhérents mis à la retraite les cotisations collectées auprès des actifs.

Les régimes complémentaires de retraite au Maroc comprennent plusieurs options :

1.CIMR : Société mutuelle de retraite régie par la loi n° 64-12 de l’ACAPS. L’affiliation est facultative pour les salariés du secteur privé, accessible aux employeurs avec au moins 3 salariés, ainsi qu’aux groupements et personnes physiques.

2.Régime complémentaire du RCAR : Pour les salariés du RCAR dont la rémunération dépasse le plafond du régime général. L’adhésion devient obligatoire pour tout le personnel dès que l’employeur y adhère.

3.Régime CMR-ATTAKMILI : Option facultative offerte exclusivement aux affiliés des régimes de base gérés par la CMR (civils et militaires), permettant de constituer une épargne retraite supplémentaire.

Cotisations et contributions

Les cotisations au régime de retraite sont partagées entre l’employeur et l’employé. Le taux de cotisation varie en fonction du régime et de la catégorie professionnelle. Voici un aperçu des taux courants :

1.CNSS : Le taux de cotisation pour la retraite est de 11,89 % du salaire brut, réparti entre l’employeur (8,6 %) et l’employé (3,29 %).

2.CMR : Le taux de cotisation est de 20 %, dont 10 % à la charge de l’employeur et 10 % à la charge de l’employé.

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Conditions d’éligibilité

Pour bénéficier d’une pension de retraite au Maroc, certaines conditions doivent être remplies, notamment :

1.Âge de la retraite : L’âge légal de départ à la retraite est fixé à 60 ans pour les salariés du secteur privé et à 63 ans pour les fonctionnaires. Pour les enseignants chercheurs, les fonctionnaires nommés ambassadeurs et les magistrats, l’âge limite de départ à la retraite est fixé à 65 ans. (Pour les enseignants chercheurs, cette limite d’âge est prorogée jusqu’à la fin de l’année scolaire.)

2.Période de cotisation : Un minimum de 3240 jours de cotisation (soit environ 13 ans et 6 mois) est requis pour prétendre à une pension complète dans le régime CNSS.

Calcul de la pension

Le montant de la pension de retraite est déterminé par plusieurs facteurs, notamment le salaire moyen des dernières années et la durée de cotisation. Voici comment cela se passe pour les principaux régimes :

1.CNSS : La pension est calculée à raison de 50 % du salaire moyen des huit dernières années, avec une majoration de 1 % par année de cotisation au-delà de 3240 jours.

2.CMR : La pension des fonctionnaires est calculée en fonction du dernier salaire de base multiplié par un coefficient correspondant aux années de service.

Prestations et modalités

Les prestations de retraite varient selon les régimes et les conditions définies par la réglementation de chaque régime. En général, les conditions d’ouverture de droits et de bénéfices des pensions de retraite diffèrent d’un régime à l’autre. Elles dépendent de la réglementation de chaque régime, mais en tout état de cause, il faut satisfaire au moins les conditions suivantes :

-Cotiser pendant une durée définie.

-Atteindre l’âge de la retraite fixé par la réglementation.

Possibilités de départ anticipé

Les différents régimes de retraite offrent la possibilité à leurs affiliés de partir à la retraite avant l’âge légal de départ à la retraite. Plusieurs conditions et procédures doivent être respectées.

Régime des pensions civiles (CMR-RPC) : Le droit à la pension de retraite anticipée est octroyé aux fonctionnaires et agents comptant au moins 24 ans de services effectifs pour les hommes, et 18 ans pour les femmes. La retraite anticipée est obtenue sur autorisation de l’autorité investie du pouvoir de nomination, ou en cas de refus, sur autorisation du Chef du Gouvernement. Aucune autorisation n’est exigée pour les affiliés réunissant 30 années de services effectifs.

Régime des pensions militaires (CMR-RPM) : Le droit à la pension de retraite sur demande est octroyé aux affiliés comptant au moins 21 ans de services effectifs pour les hommes et 15 ans pour les femmes.

Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR-RG) : Le droit à la retraite anticipée est octroyé aux affiliés du régime âgés entre 55 ans et 60 ans avec un minimum de 3 années de services valables. Ces conditions ne sont pas exigées pour les affiliés qui réunissent 21 années de services valables.

Régime de Sécurité sociale (CNSS) : Les assurés affiliés à la CNSS qui justifient d’une période d’assurance d’au moins 3240 jours de cotisations, continues ou discontinues, pendant les six mois précédant la demande de départ, peuvent, sur leur demande, être mis à la retraite à partir de l’âge de 55 ans après autorisation de l’employeur qui doit, dans ce cas, verser une prime à la Caisse nationale de sécurité sociale en une seule fois.

Défis et réformes du système de retraite au Maroc

Le système de retraite au Maroc fait face à plusieurs défis majeurs. La durabilité financière est l’un des principaux enjeux, exacerbée par le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie. Ces facteurs mettent une pression considérable sur les caisses de retraite pour maintenir leur solvabilité. En réponse à ces défis, le gouvernement marocain est engagé dans une série de réformes destinées à renforcer la viabilité du système de retraite. Parmi les mesures envisagées figurent l’augmentation des taux de cotisation, le relèvement de l’âge de la retraite, et l’intégration des différents régimes de retraite. Ces réformes visent non seulement à garantir la pérennité des fonds de pension, mais aussi à assurer une couverture équitable et suffisante pour tous les travailleurs.

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Le système de retraite au Maroc est complexe et en constante évolution pour s’adapter aux défis démographiques et économiques. À cet égard, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a affirmé, mardi à Rabat, qu’il est temps d’amorcer un débat sérieux et responsable sur la réforme des systèmes de retraite au Maroc, pour parvenir à un consensus avec les partenaires sociaux et économiques afin d’aboutir à des solutions à même de satisfaire toutes les parties, en tenant compte des intérêts de la classe ouvrière et en garantissant la pérennité des caisses de retraite.

Le chef du gouvernement a, dans ce sens, noté que la réforme à venir au sujet des régimes de retraite, dont les principes fondamentaux ont été examinés par l’exécutif, les syndicats et les professionnels, en prélude à la soumission de ce projet au Parlement, constitue une partie intégrante du processus de consolidation et de renforcement des bases de l’État social.

 
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