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Crise du Foncier Industriel à Casablanca. Un obstacle au développement économique

Casablanca, connue comme le cœur économique du Maroc, est confrontée à une crise grandissante en matière de foncier industriel, mettant en péril le développement économique de la ville. Les plans d’aménagement actuels ne parviennent pas à répondre adéquatement à la demande croissante en terrains industriels, ignorant les besoins réels des entreprises locales. De plus, les prix exorbitants pratiqués sur ces terrains ne tiennent pas compte des réalités économiques des acteurs locaux, entravant ainsi leur croissance et investissement. Cette situation alarmante soulève des questions cruciales sur l’avenir industriel de la ville.

Le développement économique de Casablanca, est fortement impacté par la crise persistante du foncier industriel. La ville, au dynamisme économique indéniable, se retrouve confrontée à un défi majeur qui entrave sa capacité à accueillir et soutenir les entreprises locales et internationales.
Le découpage du foncier industriel dans les plans d’aménagement de la ville semble déconnecté des besoins réels des acteurs économiques. Les zones dédiées à l’industrie ne sont pas conçues pour répondre efficacement à la demande croissante en terrains adaptés aux activités industrielles. Ce manque de vision stratégique compromet la compétitivité des entreprises opérant à Casablanca et limite leur potentiel de développement.

Moncef Lahlou, DG de Capital Foncier explique à cet effet, que «tout comme pour l’immobilier résidentiel, il n’y a pas assez de foncier industriel à la vente. Ensuite, le plan d’aménagement foncier industriel dresse les routes mais ne tient pas compte du découpage des titres fonciers au sol, ce qui fait des terrains dont la forme ne permet pas d’accueillir des usines, car elles sont traversées par des routes ».

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Toujours selon l’expert, « nous étudions des terrains qui ne servent à rien car ils sont coupés par des voies d’aménagement qui divisent le terrain par exemple en quatre ou même en six et donc ne vaut plus rien, car une usine s’implante d’un bloc et sur des formes rectangulaire ou carré. Donc pour ce problème, il faut que ceux qui dessinent le plan d’aménagement s’intéressent à la forme des propriétés, et fassent passer les routes de manière à ce qu’un découpage rectangulaire soit possible ».

Un autre facteur préoccupant, est le prix exorbitant des terrains industriels dans la région. Les tarifs pratiqués ne reflètent pas la réalité économique des entreprises locales, en particulier celles en phase de démarrage ou de croissance. Cette distorsion empêche de nombreuses entreprises de s’établir ou de s’agrandir à Casablanca, limitant ainsi l’essor du tissu économique local.

Moncef Lahlou précise que « le second souci, c’est que les propriétaires n’ont aucune idée de ce que veut dire le rendement et la rentabilité industrielle, donc ils fixent des prix qui ne tiennent pas compte de la réalité économique. Par exemple, un logisticien qui vend de la surface à la location ne peut pas payer plus que 1000 DH le mètre un foncier, car il doit construire l’usine, payer les camions, l’essence, les chauffeurs etc… et donc il ne sera jamais concurrentiel et ça, le propriétaire ne le comprend pas ».

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Face à cette crise du foncier industriel, des mesures urgentes doivent être prises pour rétablir l’équilibre et soutenir le développement économique de Casablanca. Il est impératif que les autorités locales revoient les plans d’aménagement pour intégrer efficacement les besoins en terrains industriels, en concertation avec les acteurs économiques de la région. Une planification stratégique et durable est essentielle pour garantir un développement harmonieux et inclusif de l’industrie à Casablanca.

Par ailleurs, des actions doivent être entreprises pour rendre le foncier industriel plus accessible aux entreprises, en ajustant les prix afin qu’ils soient en adéquation avec les réalités du marché local. Le DG de Capital Foncier rappelle que « cette pénurie entraîne des annulations de projet, et pour certaines multinationales, la délocalisation vers d’autres pays, nous perdons donc des points de PIB, alors que nous avons toutes les armes en main».

« Un industriel doit pouvoir mobiliser tout son argent pour investir dans ses machines, sa formation, son fonds de roulement, il ne peut pas mettre trop d’argent juste pour le foncier. Ce n’est pas cohérent d’acheter un terrain industriel à 20 millions de dirhams pour 1 hectare. Et pourtant, les industriels n’ont pas le choix », souligne-t-il.

En faisant un benchmark avec l’Europe, Lahlou fait savoir qu’en Europe, « il y a des terrains industriels pour les grandes entreprises qui sont gratuits, c’est-à-dire que les régions économiques répondent à des appels d’offres pour être les plus concurrentielles possible. Non seulement, ils proposent le foncier gratuitement, mais aussi des avantages sur la TVA ou sur les impôts sociaux. Ensuite, les lotissements industriels sont souvent gérés par la région qui ne facture que le coût des infrastructures, c’est-à-dire entre 45 et 60 € du mètre. Alors qu’à Casablanca, nous proposons du foncier entre 1000 et 2000 dirhams du mètre alors qu’il n’est même pas raccordé aux réseaux d’électricité et eau. Ce sont juste d’anciennes terres agricoles qui se sont transformées en terres industrielles, sans aucun investissement qui permet de valoriser le foncier, donc ce que l’on appelle les coûts de hors site, c’est-à-dire les branchements électriques et la connexion aux fluides et évacuations peut rapidement atteindre des coûts très élevés et deviennent non viables économiquement ».

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Il est donc essentiel selon l’expert de fixer une limite au prix par zone industrielle, revoir le traçage des voies d’aménagement en faisant une véritable enquête au sol et définir de nouvelles zones industrielles. Il rappelle toutefois, qu’il y a eu des initiatives telles que les nouveaux projets de Mayden qui ont lancé des fonciers sur le marché avec des prix très concurrentiels.
Ainsi, en mettant l’accent sur une planification urbaine plus inclusive et des politiques foncières adaptées, Casablanca pourra offrir un environnement propice à l’innovation, à la croissance des entreprises et à la création d’emplois, contribuant ainsi à dynamiser l’économie locale et nationale.

 
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