Géopolitique

Davos : décryptage du rapport sur les risques qui menacent le monde

Jamais l’économie mondiale n’a été aussi fragilisée par une succession de crises : Covid-19, guerre en Ukraine et crise climatique. Dès les années 2000, Jérôme Sgard évoquait « l’économie de la peur ». Le rapport mondial 2025 sur les risques, publié par Marsh McLennan et le Forum économique mondial, alerte sur des menaces croissantes, interpellant sur la gestion de crise au Maroc.

La nouvelle atmosphère mondiale ! Le Covid, la guerre en Ukraine et son lot d’externalités négatives sur l’économie, la crise climatique… le monde devient de plus en plus une matrice complexe. Dans son livre publié en 2002, l’économiste Jérôme Sgard, vers le début des années 2000, a été le premier à développer le terme de « l’économie de la peur ». Dans son livre intitulé L’économie de la panique, l’économiste avait à l’époque mis en lumière les différentes crises et leur lot de paniques qui pesaient sur l’économie mondiale. « Les crises financières au Mexique, en Asie, en Russie ou en Argentine ont été les plus violentes connues par l’économie mondiale depuis les années trente.

Mettant régulièrement en échec le FMI et les institutions de régulation nationales, elles ont imposé des coûts sociaux énormes, tandis que les marchés de capitaux internationaux étaient exposés à des vagues de contagion dangereuses. » lit-on dans le résumé du livre. Quelques décennies après, le monde reste toujours exposé à des crises qui menacent l’équilibre économique. Et le nouveau rapport annuel The Global Risks Report, publié par Marsh McLennan en collaboration avec le Forum économique mondial, dépeint un tableau assez alarmant. « L’avenir, marqué par une convergence inquiétante de risques interconnectés. » lit-on dans le rapport. Des conflits armés à la désinformation, en passant par les crises environnementales, le rapport souligne l’urgence d’une coopération internationale renforcée pour éviter une instabilité mondiale accrue.

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Dans les détails, le premier risque majeur est celui des conflits armés entre États qui se profilent comme le risque le plus immédiat. Près d’un quart des répondants à l’enquête du Forum économique mondial ont désigné ces tensions géopolitiques exacerbées comme la principale source d’inquiétude pour l’année à venir. En second, viennent les risques liés à la mésinformation et à la désinformation. « Ces phénomènes insidieux, en sapant la confiance dans les institutions et en exacerbant les divisions au sein des sociétés, constituent une menace grandissante. Leur impact pernicieux entrave les efforts collectifs nécessaires pour relever les défis mondiaux. »

Par ailleurs, depuis ces quelques décennies, les risques environnementaux sont les plus récurrents. « Les phénomènes météorologiques extrêmes, la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes, les changements critiques du système terrestre et les pénuries de ressources naturelles se placent en tête des préoccupations à 10 ans. L’augmentation constante de la fréquence et de l’intensité de ces risques souligne l’urgence de mettre en œuvre des solutions durables pour préserver notre planète. »

Les défis de 2025

La 20ème édition du Global Risks Report, basée sur les réponses de plus de 900 experts et décideurs interrogés en septembre et octobre 2024, révèle une vision pessimiste de l’avenir. Près des deux tiers des répondants anticipent un paysage mondial tumultueux d’ici 2035. Ces projections sombres reflètent une instabilité grandissante, alimentée par l’intensification des défis environnementaux, technologiques et sociétaux. Plus de la moitié des participants à l’étude prévoient également une instabilité à court terme, mettant en évidence la fracture croissante de la coopération internationale. Aujourd’hui, avec les crises de toutes sortes, l’idée d’un monde connecté et interdépendant s’essouffle de jour en jour.

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Derrière ce décor, pour de nombreux praticiens de la science économique, c’est la doctrine économique mondiale qui a été touchée en son cœur battant. Les experts de Davos, depuis la fin de la crise du Covid, ont mis le doigt, à travers leurs analyses, sur cette anomalie du grand système économique mondial. Les inégalités socio-économiques, la polarisation des sociétés, les activités économiques illicites et la concentration des ressources stratégiques figurent parmi les vulnérabilités majeures identifiées à court et à long terme. Plusieurs économies, y compris celle du Maroc, pourraient se retrouver largement exposées à des conséquences énormes.

Les 5 risques clés au Maroc

Le ralentissement économique, l’inflation, la pénurie d’eau, l’inégalité et le chômage sont les cinq principaux risques qui guettent le Maroc à court terme selon une enquête d’opinion des dirigeants, menée par le Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF). Dans ce contexte, il est essentiel que les dirigeants marocains comprennent les risques mondiaux et leurs implications pour l’économie nationale. Contacté par Challenge, Ismael Belkhayat, CEO de Chari, nous explique : « Aujourd’hui, les chefs d’entreprises doivent apprendre à se couvrir à travers la diversification métier. Le Covid nous a prouvé qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier et qu’il faut souvent essayer de se diversifier sur le plan industriel, en nous assurant que notre société survivra en cas de coup dur dans l’industrie en question. Il faut aussi se diversifier sur un plan géographique. On le voit : les boîtes qui sont au Liban, par exemple, souffrent beaucoup de la crise qui se passe localement. Il faut aussi se couvrir à travers des assurances. Dans le transport aérien, on a vu comment les compagnies ont pris des produits financiers pour prévenir les risques. »

 
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