De grandes perspectives en vue !
En l’espace de deux décennies seulement, le secteur du capital investissement a pu s’imposer dans le panorama économique et financier au Maroc. Des performances assez importantes ont été enregistrées et de bonnes perspectives se profilent à l’horizon. Détails.
Le Maroc a enregistré une avancée assez importante dans le secteur du capital investissement. En effet, à fin 2022, ce sont plus de 11,4 milliards de dirhams d’investissements qui ont été réalisés dans 260 entreprises. Un signal assez fort du développement du secteur. De plus, le dernier rapport d’impact du capital investissement au Maroc 2022 publié par l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), en collaboration avec le Cabinet d’audit et de Conseil Fidaroc Grant Thorntona a fait ressortir une croissance du chiffre d’affaires 2022 de l’ordre de 18% des entreprises investies par les fonds.
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Une croissance qui intervient alors que le taux de croissance du PIB national se situe à 1,3% en 2022. Pour sa part, le niveau d’Ebitda a doublé en valeur entre l’année d’entrée et de sortie du fonds. Le reflet de la valeur ajoutée généré suite à l’intervention du fonds dans la vie de l’entreprise. Rappelons que cette analyse d’impact du capital-investissement sur les entreprises marocaines investies est articulée sur des critères financiers et socio-économiques prédéfinis, brassant un échantillon représentatif de 23 sociétés de gestion.
Les TIC en tête des performances sectorielles
Par secteur, le rapport démontre que « les secteurs investis par les fonds ayant connu la plus forte croissance de leur chiffre d’affaires en 2022 sont les TIC (61 %), la Construction BTP (46 %) et le secteur industriel (27 %) ». Pour rappel, le secteur des TIC a enregistré une montée en force en 2022, puisqu’il n’affichait qu’une augmentation de 12 % une année auparavant.
Le secteur de la construction se place pour sa part en deuxième position des performances sectorielles avec une croissance de 46% en 2022, suivi par le secteur industriel qui a connu pour sa part une évolution de 27% sur cette période. Sur le plan fiscal, «les entreprises investies présentent une contribution fiscale plus importante entre l’année d’entrée et l’année de sortie du fonds (ou 2022 pour les entreprises encore investies)», précise-t-on auprès de l’AMIC.
Une contribution fiscale en hausse
En effet, sur près de 170 PME accompagnées entre 2000 et 2022, la contribution fiscale du secteur a augmenté de plus de 2,7 milliards de dirhams pour une durée moyenne de détention de 6 ans. De plus, en 2022, le montant total des Impôts et Taxes collectés auprès des entreprises investies a enregistré une hausse de plus de 300 millions de dirhams en comparaison avec les données de 2021.
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Le rapport de l’AMIC met aussi l’accent sur l’investissement environnemental, social et de gouvernance (ESG) effectué par les entreprises investies. «Les entreprises investies affichent une amélioration significative par rapport aux critères ESG», confirme l’AMIC dans son rapport.
Notons que parmi les sociétés de gestion, 72 % affirment avoir des membres indépendants dans les comités d’investissement des fonds qu’elles gèrent. Ces membres représentent en moyenne 44% de l’ensemble de ces comités.
Des perspectives prometteuses
Concernant les perspectives de développement du Capital investissement, Farid Benlafdil, Directeur Associé chez AfricInvest explique à cet effet «à fin 2022, près de 5,3 milliards de dirhams sont disponibles à l’investissement et plusieurs initiatives de fonds continuent de voir le jour dans les différents segments de marché et notamment ceux qui seront créés en 2024 grâce au fonds Mohammed VI pour l’investissement ». L’expert explique que « sur 2023 et 2024, l’investissement est estimé à plus de 4 milliards de dirhams sur la base de l’étude 2022 réalisée par l’AMIC et Grant Thornton ».Farid Benlafdil: «Il existe un terreau non négligeable d’entreprises que le capital investisseur est en mesure d’accompagner»
Tour d’horizon avec Farid Benlafdil sur le développement du secteur du capital investissement au Maroc et les mesures à mettre en place pour atteindre les objectifs fixés pour ce secteur.
Challenge : Quel bilan faites-vous du développement du capital investissement au Maroc ?
Farid Benlafdil : ALe Maroc est classé 6ème en Afrique derrière l’Afrique du Sud, Nigeria, Kenya, l’Egypte et Ghana par volume de transactions de capital investissement entre 2012 et 2022 (source : African Private Capital Association). Ce classement est quasiment identique à celui du PIB avec une 5ème place en 2021. Le bilan est positif étant donné que la levée de fonds a évolué de 14% en moyenne annuelle entre 2000 et 2022. Quant aux investissements, l’évolution moyenne annuelle est de 10% sur la même période. Par ailleurs, l’évolution du nombre de sociétés de gestion (SDG) est faible avec uniquement 6%, nous sommes passés de 6 SDG en 2000 à 23 en 2022.
Challenge : Quel impact pour le développement des entreprises ?
F.B. : Le capital investissement au Maroc a investi 11,4 milliards en 22 ans dans plus de 260 entreprises marocaines. L’étude d’impact 2022 réalisée par l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) et Grant Thornton affiche ces indicateurs sur la période 2000 et 2022 à savoir une croissance annuelle moyenne de 18% du chiffre d’affaires et des effectifs, un doublement de l’Ebitda entre l’année d’entrée et l’année de sortie et plus de 2,7 milliards de dirhams de contribution fiscale.
L’impact est reflété aussi au niveau de la gouvernance par la mise en place des comités de pilotage et de suivi, des reportings, des tableaux de bord et des politiques budgétaires et l’amélioration des conditions de travail et respect de l’environnement.
Challenge : Quels sont donc les atouts du Capital Investissement au Maroc ?
F.B. : Le Maroc dont le secteur privé est substantiellement porté par les PME/ETI offre de nombreuses opportunités d’investissement. La création de valeur se trouve à la fois dans le potentiel d’amélioration de leur stratégie/gouvernance d’une part, et d’autre part dans le levier apporté par un financement en equity dans un environnement caractérisé par une sous-capitalisation chronique/surendettement des entreprises. En outre, il existe un terreau non négligeable d’entreprises en phase de succession générationnelle que le capital investisseur est en mesure d’accompagner.
Quelles sont donc les mesures à mettre en place pour développer encore plus ce secteur ?
La première mesure est l’entrée en vigueur de l’amendement de la loi n° 41.05 régissant les Organismes de placement collectif en capital (OPCC) prévu d’ici la fin de l’année. Ce nouvel amendement permettra l’introduction des OPCC à règles de fonctionnement allégées (OPCC-RFA) avec de nouvelles dispositions relatives à l’amélioration du fonctionnement des OPCC, notamment en ce qui concerne la fixation des délais d’agrément et la clarification du processus de dissolution et de liquidation de ces organismes.
D’autres mesures ont été proposées par l’AMIC telles que les incitations pour favoriser l’investissement dans les fonds : adopter par exemple une incitation fiscale pour les investisseurs dans les fonds, correspondant à un crédit d’impôt.
Aussi, l’exonération de la TVA sur les frais de gestion (Management fees) : La capacité d’investissement est grevée par le poids de la TVA non récupérée d’environ 4 à 5% des fonds levés. Des incitations fiscales pour les sociétés investies par les fonds : possibilité par exemple d’octroyer un crédit d’impôt de 20% du montant de l’augmentation de capital ou un abattement sur l’IS comme le cas des sociétés cotées en bourse. Et enfin, la mise en place des bons de souscription d’actions (BSA) pour pouvoir intéresser les fondateurs et les dirigeants des entreprises investies, ainsi que la mise en place de la définition de la start-up avec un process simplifié pour sa liquidation. à fin 2022, ce sont plus de 11,4 milliards de dirhams d’investissements qui ont été réalisés dans 260 entreprises.