De Nadia Comaneci à Nawal El Moutawakel: les grands noms des Jeux olympiques
Des premiers Jeux olympiques d’Athènes en 1896 à ceux de Tokyo en 2021, voici une sélection de sportifs qui ont écrit la légende olympique par leurs records, leurs hauts faits et pour beaucoup, leur vie hors du commun.
La gymnaste soviétique Larissa Latynina avait ébloui les années 1950 et 1960. Mais c’est cette jeune Roumaine de 1,53 m pour 41 kilos qui va marquer à tout jamais la discipline et contribuer à la populariser.
En 1976, à 14 ans et 8 mois, elle électrise les Jeux de Montréal et, après un enchaînement impeccable aux barres asymétriques, obtient la note parfaite de 10 sur 10, une première olympique.
Les panneaux de résultats ne sont pas programmés pour enregistrer la perfection et affichent d’abord la note de… 1.00. Les spectateurs médusés comprennent le vrai score à l’annonce du commentateur. Ovation générale pour la jeune fille à la queue de cheval.
Lors de ces Jeux, elle obtiendra à nouveau un 10 à six autres reprises. Nadia Comaneci, qui a commencé la gym à la maternelle, devient un phénomène mondial. A Moscou, quatre ans plus tard, la petite fée de Montréal décrochera deux médailles d’or supplémentaires avant de prendre sa retraite sportive en 1981.
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Le dictateur Nicolae Ceausescu a d’abord fait d’elle une icône du régime mais les rapports avec l’Etat roumain se tendent vite et elle est étroitement surveillée. Elle parvient finalement à franchir le rideau de fer en novembre 1989, un mois avant la révolution, en passant à pied par la Hongrie avant de rejoindre les Etats-Unis. Mariée avec un gymnaste américain rencontré à Montréal, Bart Conner, double champion olympique à Los Angeles en 1984, elle obtient la nationalité américaine en 2001.
Elegance sur le tartan et sens aigu des affaires: Carl Lewis, neuf fois médaillé d’or aux JO, huit fois champion du monde, est une légende de l’athlétisme des années 1980 à 1990.
Cheveux en brosse, short court et corps longiligne: sa silhouette est immédiatement reconnaissable.
Affichant son souhait de « construire un business », il symbolise le basculement du monde du sport, et notamment de l’athlétisme, dans une ère marquée par le marketing et l’argent.
Dès le début des années 1980, son talent éclate mais il ne participe pas aux JO de Moscou en 1980, en raison du boycott américain en pleine Guerre froide. Quatre ans plus tard, aux JO de Los Angeles, il égale la performance mythique de Jesse Owens aux Jeux de Berlin en 1936 avec quatre médailles d’or (100 m, saut en longueur, 200 m et le 4×100 m).
Rebelote aux Jeux de Séoul en 1988: il remporte l’or sur le 100 m -après la disqualification du Canadien Ben Johnson pour dopage- et en longueur. Il y ajoute l’argent sur le 200 m.
Aux JO de Barcelone, il remporte de nouveau l’or sur le 4×100 m et au saut en longueur, devançant de trois petits centimètres Mike Powell.
Blessé au cours des saisons suivantes, il ne fait son grand retour qu’en 1996, pour un dernier tour de piste olympique. A 35 ans, et profitant des blessures de ses concurrents, il parachève son oeuvre en remportant sa neuvième et dernière médaille d’or, en saut en longueur -la quatrième d’affilée dans la même discipline, une performance rarissime.
En avalant un 100 m en 10 sec 49 lors des qualifications américaines pour les JO de Séoul (1988), Florence Griffith-Joyner devient la femme la plus rapide du monde. Son record tient toujours, 36 ans plus tard.
Septième d’une fratrie de onze, « Flo-Jo » grandit sans père dans le quartier défavorisé de Watts à Los Angeles. Douée très jeune pour l’athlétisme, elle est contrainte d’abandonner la compétition pendant un an pour subvenir aux besoins de sa famille. Puis elle rejoint l’université de l’UCLA et se qualifie pour les JO de Moscou en 1980 auxquels elle ne concourt pas en raison du boycott américain.
« Flo-Jo » confirme son statut de favorite en 1988 aux JO de Séoul où elle arrache l’or avec une avance de deux mètres sur ses concurrentes. Elle y améliore à deux reprises le record du monde du 200 m, le second reste encore à battre (21 sec 34).
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Cette même année, le Canadien Ben Johnson est disqualifié pour dopage aux anabolisants: « Flo-Jo » avec ses ongles de 15 cm multicolores passe tous les contrôles malgré une masse musculaire qui a spectaculairement augmenté en quelques mois.
En pleine gloire, elle prend subitement sa retraite l’année suivante.
Elle meurt brutalement dans son sommeil après une crise d’épilepsie le 21 septembre 1998. Elle avait 38 ans.
En dix haies et 54 sec 61, Nawal El Moutawakel entre dans l’Histoire le 8 juillet 1984, aux JO de Los Angeles, quand cette Marocaine de 22 ans devient la première championne olympique du 400 m haies. C’est la première fois que cette épreuve est ouverte aux femmes, 84 ans après les hommes.
Mais elle est aussi la première femme africaine, arabe et musulmane à monter sur un podium olympique. Elle n’était pourtant pas la favorite. « Chaque haie que je franchissais était un problème réglé pour les femmes », dira-t-elle plus tard.
Le roi Hassan II l’attend à sa sortie d’avion. Les femmes l’acclament follement lors de son parcours d’honneur à Casablanca. Elle devient un symbole de l’émancipation féminine.
Médaillée d’Afrique du 400 mètres haies en 1985, elle n’égalera jamais plus sa performance américaine. Et à 25 ans, en 1987, elle prend sa retraite sportive.
Secrétaire d’Etat en 1997, elle devient ministre des Sports (2007-2009), puis vice-présidente du Comité international olympique (2012-2016).
Challenge (avec AFP)